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Laurent Le Deunff – La grisaille persiste encore, avec toutefois une possibilité d’éclaircies

Du 13 mars au 8 mai 2025 – Vernissage mercredi 12 mars à 19h

C’est dans une ambiance d’aube, avant qu’advienne le soleil, que Laurent Le Deunff nous plonge avec sa nouvelle exposition au Parvis intitulée : La grisaille persiste encore, avec toutefois une possibilité d’éclaircies.

Ce titre en forme de bulletin météo surprend, mais il correspond bien à l’imaginaire espiègle de l’artiste ! Sculpteur et dessinateur, aussi habile avec le bois, le bronze, le ciment que le fusain, le crayon et le papier mâché, Laurent Le Deunff navigue sans hiérarchie ni dogme, entre noblesse et prosaïsme des matériaux comme des formes.

Ce qui pourrait apparaître comme une sorte de manichéisme révèle en réalité un art de la dialectique parfaitement adapté à un esprit qui se méfie des systèmes !

Soit, une capacité virtuose à embrasser le monde dans sa diversité. A en repérer et révéler tous les signes, les humeurs et les mouvements pour en jouer à coups d’illusions et de trompe-l’oeil. Un peu comme si l’artiste voulait troubler notre discernement.

Et il y réussit ! Laurent Le Deunff aime en effet à cultiver les faux-semblants !

En grand aventurier de la matière, Laurent Le Deunff fait confiance à son medium et le laisse guider la

forme. Jouant habilement du décalage « sujet » vs « matériaux », il procède par sérendipité et insinue le doute pour donner à chacune de ses sculptures une identité, une vie propre, une « vie autonome aux formes » selon ce que l’historien de l’art et philosophe Henri Focillon théorisait dans son célèbre ouvrage « Vie des Formes » paru en 1934 (éd. Ernest Leroux)

C’est ainsi, qu’en un claquement de doigts, pratiquant aussi bien le tuto internet que les méthodes classiques, l’artiste fait migrer le ciment en bois (selon la technique de la rocaille), l’os en albâtre, la chair en corde et la pierre en carton-pâte…

Mais la fantaisie ne s’arrête pas là !

Piochant dans un répertoire de formes liées à la nature, à l’animalité et parfois à son quotidien (lui qui cultive près de Bordeaux un jardin préhistorique et chronique la vie de son chat à travers des dessins hyperréalistes), l’artiste emprunte également à différents registres.

La sculpture, lorsqu’elle est, par exemple, élevée sur socle et plutôt réaliste, renvoie aisément à une statuaire que l’on sait normalement érigée à la gloire d’un personnage illustre. Mais, chez Laurent

Le Deunff, cette statuaire est mise au service d’un bestiaire insolite constitué de chats, de hiboux, de castors, d’escargots ou de limaces. Héros ordinaires qui peuplent nos paysages et jardins.

Parfois, ce sont plutôt les concours de sculptures sur bois à la tronçonneuse que l’artiste va révérer !

Comme avec ses séries d’ours, taillés au corps à corps directement dans le billot de bois. Ou ses artefacts figuratifs qui procèdent souvent d’une sorte de métissage utilitaire, un peu comme si l’artiste déroulait ses formes selon le principe du cadavre exquis : un blaireau devient ainsi fontaine, un hibou… un barbecue.

Dans cette Arche de Noé toute personnelle, allant du micro au macro, figurent également d’étranges animaux mutants dont certains intègrent des fragments de sculptures d’autres artistes modernes ou contemporains. (1)

Car, on le sait, Laurent Le Deunff, passionné d’art et capable de référer ou d’identifier à peu près n’importe quelle oeuvre conçue ou non dans sa contemporanéité, est un boulimique d’images !

Et il s’en sert !

Plus resserré, le dessin emprunte néanmoins ce même chemin. Qu’il soit projeté sur papier ou au mur, il peut être aussi précieux que « cartoonesque », trivial que savant. Il forme, comme la sculpture, un ensemble de styles et techniques divers et donne naissance à un imaginaire naturel, zoologique, botanique et même parfois météorologique.

L’on pense alors à ses dessins et muraux de nuages, dont on ne sait s’il s’agit d’explosions ou véritablement de cumulonimbus. Comme à ses Chasseurs flous, ses autoportraits dans la nature, ou ses intérieurs de grottes qui se font, eux, aussi minutieux qu’insaisissables.

Toutefois, le travail de Laurent Le Deunff est bien moins « bateleur » qu’il n’y paraît. Dans cet univers candide mais ultra référencé, le contexte du lieu d’exposition prend toute son importance.

En quasi archéologue, Laurent Le Deunff s’insinue dans l’histoire de chaque lieu, y décryptant chaque projet, chaque exposition passée, non pas pour s’en inspirer ou faire ce que qui n’a pas été, mais bien en agissant au plus près de sa réalité.

Ce n’est donc jamais une simple et nouvelle exposition qui est « posée » là, à cet un endroit. Mais bien une réflexion sur l’histoire du lieu, une manière de dialoguer, d’entrer en connivence avec son ADN pour, pourquoi pas, le transformer.

Ainsi, au Parvis, dans le white cube intégral que constitue l’espace d’exposition, Laurent Le Deunff va s’amuser à faire entrer pour la première fois le dehors dans le dedans avec l’apparition saugrenue d’un sous-bois envahi par la brume d’un matin d’hiver.

Plongées dans la pénombre, diverses sculptures animalières se dévoilent au fur et à mesure de l’apparition puis de la disparition de l’épais brouillard : Un hibou support de plantes « insomniaques », une marmotte fontaine à eau et quatre autres sculptures animalières, donnant chacune naissance à un arc-en-ciel, semblent abandonnées sur un tapis de feuilles d’arbres, d’écorces et de branches éparses.

Au fond de l’espace, un terrier à taille humaine cache, peut-être, un animal inféodé au monde souterrain. Charge au visiteur de se promener dans ce chaos végétal pour y découvrir ce qui s’y dissimule… Laurent Le Deunff aime en effet distiller le mystère.

Si son exposition puise ici dans l’enchantement du couvert d’une forêt traversée d’ombres et de lumières, elle n’est pas seulement l’expression d’une nostalgie romantique mais plutôt la revendication de sa préoccupation écologique.

Sa force est alors de nous faire passer la pilule en douceur ! A moins que l’on ne s’en étrangle en riant ?

(1) Sarkis, Jean Arp, Phillip King. Voire le communiqué de presse de l’exposiAon de Laurent Le Deunff, Whatever This May Be, 22 juin-17 août 2024. Galerie Semiose, Paris, par Alice Motard.

Magali Gentet

Directrice du Parvis centre d’art contemporain CACIN Commissaire de l’exposition

Le Parvis centre d’art, Parvis CAC – centre Méridien route de Pau, 65420 Ibos Tél : 05.62.90.60.82

Ouverts du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14 à 18H.

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