Deux artistes photographes présentent leurs approches du rêve, du lit et des expériences de vie qui y sont associées.

Avec “Avant le rêve”, AndreA nous fait plonger avec elle dans ce point de bascule vers le rêve, mêlant doutes et abandon. Elle dévoile par ce travail d’introspection sensible ce vécu dissimulé. La matérialité de cette approche, la photo argentique, nourrit la sensualité qui émane d’elle.

“Nos fragments d’intimité” fait écho à ce dévoilement. Sabine Hubert a posé son regard, épiant nos moments de vie dans le cadre de nos lits, théâtres de l’intime. Sur ces scènes, hors du temps et des regards, s’expriment nos gestes simples, éphémères,  nos pensées profondes ou perdues, notre capitulation à l’éveil et notre vulnérabilité. Des photographies comme des fragments d’intimité.

Cette exposition se déroule le 14 et 15 septembre au cœur de la Chapelle de la Gleysette, espace préservé du bruit et de l’urgence de nos quotidiens et qui nous offre la possibilité de pénétrer dans notre propre introspection.

Avant le rêve

Mon histoire est parsemée de doutes et d’insomnies, et pourtant… Il s’agit d’un cheminement tortueux pour atteindre le but ultime : l’abandon total. Je bloque tout autour, je m’isole, et dans le bois ou dans mes draps, je tourne et retourne, m’étend et m’étale.Langueur irrépressible, je recherche cette étape de lâcher prise, je respire, soupire. Puis,bascule et glisse, vers ce moment précieux où je vais me ressourcer,m’évader, divaguer…
Mes photographies en argentique avec de vieux films dont le résultat est incertain, aléatoire, peuvent donner un aspect parfois trouble. Cette démarche colle à mon récit intime, mes autoportraits retranscrivent la volonté de s’apaiser, se délester pour laisser place à la douceur.
Artiste plasticienne et hypersensible, je suis attirée depuis mon plus jeune âge par la magie des mots et des images. La rencontre avec l’autoportrait est comme un chemin introspectif au plus profond de mon âme. La poésie est partout, l’image, les mots, la vie.

AndreA, Nos fragments d’intimité

Le lit est le territoire de notre vérité et de notre vulnérabilité. À l’abri des regards extérieurs et dans ce lieu où le temps s’arrête, l’âme navigue dans des dimensions aux frontières floues.

Théâtre nocturne des songes et des cauchemars ou vaste étendue où l’esprit s’égare, le lit impose un retour à soi. Les rêves éveillés, les pensées ou les profondes angoisses s’invitent dans cette solitude. 

Le lit est aussi un espace où le corps s’abandonne au néant ou se tend au plaisir. Les draps se mêlent aux peaux dans un dialogue sensuel, mais quand le temps, autrefois suspendu, reprend ses droits, ils se font linceuls. 

Ainsi, une fois l’anima éteint, l’expérience du temps passé ne devient qu’une répétition du repos éternel.

Repos, rêve, amour, mort

Par cette série, j’ai voulu explorer ces moments profondément personnels et privés de nos vies. En m’invitant dans ces lits, j’ai capturé ces images de gestes discrets et éphémères, de regards perdus, d’âmes absentes et de corps tendus. Tous nous renvoient à notre propre expérience invisible vécue chaque nuit. Nos fragments d’intimité.

Sabine Hubert