Alexander Gronsky – en Russie et en Chine
Du 17 janvier au 23 mars 2025 – Vernissage Jeudi 16 janvier à 18h
Pendant les Travaux : Espace du Matou, 58 Allée Charles de Fitte, 31300 Toulouse.
Le Château d’Eau présente le travail du photographe estonien Alexander Gronsky dans une exposition qui rassemble plusieurs séries réalisées entre 2005 et 2019, en Russie et en Chine essentiellement.
L’artiste interroge la photographie de paysage à travers des images poétiques, parfois austères et en révèle la relation complexe entre l’Homme et le paysage dans les grands espaces enneigés russes et les mégalopoles chinoises.
« Si je dois être honnête, je dois dire que je n’ai jamais fait de projets dans le but de les expliquer à quelqu’un ». Né àTallinn, l’actuelle capitale estonienne, en 1980, le photographe russe Alexander Gronsky préfère le langage des images aux jeux des mots. « Les espaces que je photographie sont des paysages que l’on ne peut pas effacer. Ceux dont il faut garder la mémoire. La question n’est pas de savoir pourquoi je montre ces endroits, mais comment je les montre. » Entre reportage, documentaire et fiction, cet artiste discret et taiseux construit des idéogrammes. Ses images sont les ingrédients d’un rébus, un algorithme secret composé d’associations visuelles, rythmé par les vis-à-vis.
Alexander Gronsky s’est peu à peu affranchi de la photographie de paysage telle que nous la concevons traditionnellement. Sa pratique s’inscrit dans une forme d’expérimentation permanente, quitte à troubler la perception du spectateur, parfois au point de le perdre. Antithèse de la vocation initiale du médium, qui est la restitution du réel.
Cette évolution de sa démarche est concomitante d’un changement de pratique : dans ses travaux récents, le photographe s’éloigne du moyen format argentique au profit de procédés numériques. L’objectif : exploiter cette technologie à des fins artistiques en revisitant l’histoire du médium.
Au-delàde la révolution des usages, dans quelle mesure l’innovation digitale transforme-t-elle le raisonnement et l’acte et photographique ? Dans quelle mesure contribue-t-elle àtravestir pour de bon le réel d’une scène, d’un paysage et de son espace-temps ?
Flash, vitesse d’obturation, temps d’exposition… Gronsky s’amuse alors du geste photographique en insistant sur le mimétisme, la sérialité, l’endroit et l’envers, la symétrie et la dissymétrie des jeux de miroirs, les variations de cadrages et la multiplication des angles dans une esthétique qui se rapproche du snapshot.
Dans cette chronique visuelle faite d’errance et de non-dits, se dévoile une ville post-soviétique étrange, silencieuse et archétypale. Examinée du point de vue de son architecture, de l’aménagement de sa périphérie et des saisons, ce péri-urbain aux limites de la ville semble vouloir s’affranchir de toute frontière et ne cesser de s’étendre, telle une hydre.
Immeubles lucifériens saisis àl’identique ou presque àdes années d’écart, traversées de passages piétons faussement analogues, portraits de supermarchés revisités dans le rétroviseur… La redondance devient parfois un trompe-l’oeil. Et la réplique un procédé systématique.
Parfois, le trouble ne vient plus des similitudes architecturales mais des personnages qui vivent et se déplacent dans les univers photographiés. « J’essaie de soulever la question de la rébellion. Certains individus prennent la même direction, d’autres tentent d’y échapper. » Quitte à, pour que cela devienne perceptible, décomposer le mouvement tel Eadweard Muybridge, afin de représenter ce que l’oeil humain ne saurait voir. Et bousculer le raisonnement du spectateur.
Polka Galerie
BIOGRAPHIE
Né en 1980 à Tallinn, en Estonie, Alexander Gronsky vit actuellement à Moscou en Russie. Il a commencé à travailler comme photographe de presse en 1998 puis est progressivement passé de la photographie éditoriale à des projets documentaires personnels axés sur le paysage russe contemporain.
Abandonnés, silencieux, ils offrent à l’artiste la possibilité de mener une réflexion sur les effets de l’environnement sur les populations locales.
Dans Less Than One (2006-2009), le photographe se déplace dans les endroits les plus reculés de Russie où la densité de population est inférieure à une personne par kilomètre carré. Il poursuit sa réflexion avec The Edge (2008-2009), nouveau travail documentaire autour d’un Moscou enneigé, dont les grandes étendues aux conditions hostiles constituent le théâtre d’une histoire sans drame, celles de vies isolées et silencieuses.
Après avoir été récompensé par le prix Foam Paul Huf en 2010 pour The Edge, Alexander Gronsky décide de partir vers de nouvelles contrées, en Chine, à la lisière des mégalopoles de Shanghai, Chongquing ou Shenzen, où l’agitation génère un chaos. Mountains & Waters (2011) est une série de diptyques grand format dans lesquels le photographe épouse une conception chinoise du paysage, moins descriptive que mentale.
Pastoral (2008-2012), nouvel opus d’Alexander Gronsky sur les paysages russes, a été récompensé par le Prix Aperture Portfolio en 2009 et a remporté le 3e prix dans la catégorie «Vie quotidienne» du World Press Photo en 2012. Pour ce travail, le photographe revient dans la périphérie moscovite pour y explorer les friches urbaines et les terrains abandonnés.
Représenté par la Galerie Polka depuis 2010, Alexander Gronsky a publié dans de nombreuses revues dont Foam, Stern, Spiegel, Art+Auction…
Pendant les Travaux : Espace du Matou, 58 Allée Charles de Fitte, 31300 Toulouse.
Galerie Le Château d’Eau 1, Place Laganne 31300 Toulouse. Tél. 05 34 24 52 35
Du mardi au dimanche de 13h à 19h
- Photographie
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