Marie Losier – Kino Volcano

Marie Losier travaille au plus près de sa propre enfance, c’est-à-dire au plus proche de sa terreur et au plus proche de sa joie, tout en même temps. Elle en fait des films hirsutes et bondissants, (à la Bolex 16 mm dont la manivelle qu’il faut remonter toutes les 30 secondes fait bégayer le temps et hoqueter le réel) courts ou moins courts, ou presque longs. Elle en fait des céramiques convulsives, des dessins somnambuliques, des installations foraines pour personnes de très très très petite taille. L’art de Marie Losier est une baraque lumineuse et tintinnabulante abritant des communautés bricolées par elle où âmes perdues, monstres blessés, anges déchus et cœurs brisés deviennent des créatures mythiques, des demi-dieux bizarres, de singulières étoiles de cinéma. Simultanément, les expositions Kino Volcano de Marie Losier et Les Hauts de Turnepenche du duo Arlt se contaminent l’une l’autre et communiquent par divers passages secrets.

L’exposition Kino Volcano investira ainsi l’intégralité des espaces de l’usine du May :

Le 1er étage présentera un ensemble de pièces sur papier (dessins, monotypes, aquarelles), de courts-métrages projetés et de sculptures de Marie Losier intégrant des vidéos (décors, boîtes, rideaux) dans une ambiance cinématographique.

Le rez-de-chaussée sera pensé comme une continuité scénographique, plastique et mentale, en faisant appel à la contribution artistique du duo musical Arlt, dont les liens, références et inspirations rejoignent l’univers fantasmagorique de Marie Losier.

Arlt – Les Hauts de Turnepenche

Arlt sont deux. De quelques mélodies entêtantes et de quelques couplets découpés dans un français plus ou moins bien luné, Eloïse Decazes et Sing Sing font de curieuses chansons aussi hospitalières que déroutantes. Ils les chantent et les défont sur des instruments de fortune, il faut voir ça. Leur dernier album, appelé Turnetable, est un petit théâtre sonore, poétique et déambulatoire. 

Il a été écrit et enregistré à Thiers. Comme son titre l’indique, ce disque fait tourner les tables et pencher la voix des morts. Les Hauts de Turnepenche est la première exposition de Arlt, c’est un petit train fantôme sans rails ni wagon où installations sonores, art potachique et poésie brute sèment le trouble et mettent en joie. Elle est créée en regard de Kino Volcano, l’exposition de Marie Losier qui se tient en même temps, un étage au-dessus.

Dans leur espace d’exposition, le duo Arlt fait tout pencher et tourner, au sein d’un univers mêlant des créations plastiques, littéraires, poétiques et sonores. Autour d’une scène bancale, figée dans un moment suspendu, plusieurs objets fantomatiques se déploient : des clips vidéos sans couleur ni son, une platine vinyle diffusant des montages sonores aux airs d’incantations spirites, des portraits des deux musiciens dessinés par Marie Losier ou encore des fantômes d’oeuvres anciennement exposées au Creux de l’Enfer, copies modestes et potaches des pièces originales…