Enfant, avec un ami, nous faisions un feu sur une voie ferrée.

Je remarquais un sac plastique agricole découpé, avec un dessin sommairement réalisé par un enfant. Très rudimentaire, il avait sans doute été tracé avec un bâton trempé dans le goudron provenant de la route tout juste bitumée.

Je me suis rapidement intéressé à ce motif primaire et à la texture de son empreinte sur la matière plastique.

Plus tard, je recouvrais un carton publicitaire de peinture industrielle pour y tracer des lignes avec un tournevis, je révélais un nouvel effet de matière. En formant ces lignes rapides et énervées j’avais la sensation d’avoir créé une œuvre.

Je souhaite revenir à cette manière brute et informelle.

Mes oeuvres viennent souvent d’intentions agressives.

La matière noire, qui coule et recouvre mes gestes, crée son propre corps et répare ce besoin d’écorcher la toile.

Elle révèle dans sa collision imprévue des images plus puissantes que celles que je mutile.

Le Rouge est la couleur de la honte, de la douleur, j’aime sa violence et son intensité émotive.

Le Bleu m’apaise et me rassure, il vient adoucir l’impulsion destructrice de mon travail.

Je peins pour ne pas tomber, pour me trouver, me quitter…