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La colombe de la paix Pablo Picasso

Ebru Ceylan – Inner world

Du 5 octobre au 8 décembre 2024 – Vernissage jeudi 11 octobre à 18h

Exposition en résonance avec la 17ᵉ Biennale d’art contemporain de Lyon

 

Pour moi, voyager et photographier en Anatolie est une question d’existence. Un voyage intérieur dans lequel je recherche des parties de moi-même. Un sentiment de carence. Le désir de construire un « monde intérieur » à partir de lumières, de pierres, de formes et d’images.

Ebru Ceylan

Dans ses photographies, mais aussi dans ses scenarios, Ebru Ceylan célèbre la vie, le mouve­ment, la lumière, les sentiments et la mélanco­lie, nous entraînant dans son « monde intérieur », vers un ailleurs, quelque part en Asie mineure.

Fruit d’errances poétiques à travers des rencontres avec les habitants de ces régions qu’on dirait immuables ; Ebru Ceylan arrête le temps, le temps d’une image où ses modèles nous convient vers d’autres es­paces de l’imaginaire, d’autres époques immémoriales et presque oubliées. 

Un « homeland » sans artifices autres que la lumière qui traverse la fenêtre de l’ob­jectif, irisant ses cadrages frontaux, bercé par ses illuminations où l’enfance secrète des origines croise la vie traditionnelle des campagnes isolées. Et tou­jours ces fenêtres qui dans nombre d’images séparent la chaleur intime du froid extérieur, dans le dos de ces personnages absorbés dans leur pensée, méditant sur la dureté du climat de ces paysages omniprésents.

Là, au-delà des murs et des rideaux dans les rayons tombants du crépuscule, sous cette emprise glacée de neige triste, le vent furieux s’immisce dans la pièce, et dans les consciences, balayant le présent pour nous projeter furtivement dans la permanence des choses, du vécu et de la mémoire. Les saisons y sont évo­quées, mais passent comme l’instant du regard d’une image à l’autre, qui dans chaque scène interpelle une réalité intemporelle, sans pathos, comme habitée d’une sérénité empreinte d’un voile de mélancolie, où l’on prend le contre-pied de la formule de Simone Signo­ret : dans cette Anatolie éternelle « La nostalgie sera toujours ce qu’elle était »*, une part du coeur des hommes qui rappelle qu’ils sont mortels et bien vivants.

Ebru Ceylan prélève aussi des moments de la vie domestique, extradés des heures quotidiennes, quand les enfants sortis des classes posent dans cet univers désolé avec leur fardeau, avant de rejoindre la dou­ceur du foyer et de leur imaginaire. Et parfois dans les miroirs de la solitude, un enfant se noie dans la verdure d’une soirée d’automne, dans ce soleil si doré qu’il nous emporte vers ses rêves de territoires insoup­çonnés, qui laissent un parfum de frisson de beauté.

« Qu’est-ce que la vie ? » disait un indien à la fin du siècle dernier : « C’est le souffle chaud d’un bison dans l’air glacé d’hiver » …

Ebru Ceylan nous ramène à cette vérité aussi simple qu’indicible, de l’« Inner World » cet hôte qui pourrait as­soupir la conscience, si elle ne la réveillait pas complète­ment, malgré le silence ambiant et figé de la photographie.

Gilles Verneret

* en référence à : Simone Signoret, 1976,

« La Nostalgie n’est plus ce qu’elle était », Paris, Seuil 

Visite commentée le samedi 12 octobre à 16h

Le bleu du ciel, 12, rue des fantasques 69001 Lyon :  T   +33 (0)4 72 07 84 31

ouvert du mercredi au samedi de 14h00 à 18h00 et sur rendez-vous pour les groupes

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