Espace Paul Rebeyrolle

Depuis 30 ans, l’ESPACE PAUL REBEYROLLE abrite un fonds de plus de 80 œuvres parmi les plus significatives du travail de l’artiste de 1948 à 2005. 

Une installation de ces toiles, renouvelée chaque année, est présentée en permanence au public. Une collection qui s’est enrichie au fil du temps. 

En 30 ans, le centre d’art d’Eymoutiers a organisé des expositions originales, importantes, en accueillant des œuvres d’artistes remarquables : De Riopelle à Picasso, en passant par Miró, Chagall, Pignon-Ernest ou encore Clavé, Cognée, Erró, Marfaing, Gillet, Messagier… environ 250 000 visiteurs ont ainsi pu découvrir ou redécouvrir, installées au côté de Rebeyrolle, les œuvres d’artistes importants et souvent insuffisamment représentés, à plus forte raison sur le territoire Limousin. 

À l’occasion de ce 30ème anniversaire de la création de l’ESPACE PAUL REBEYROLLE et à la veille du centenaire de l’artiste, l’année 2025 sera entièrement consacrée à Paul Rebeyrolle (1926-2005). 

Cet été, l’exposition temporaire réunira près de 50 tableaux, prêtés avec enthousiasme par des collectionneurs et des galeries, afin de poser un regard particulier sur certaines séries importantes entre 1967 (Guérilleros) et 2003 (Clones). 

Un choix d’œuvres rares et puissantes, emblématiques de sa peinture naturaliste et engagée.

Ce qui se passe dans le monde me paraît plus dramatique, plus fort que le tableau qui pourrait sembler peut-être un peu vain (…) mais c’est là ma façon d’être peintre et c’est la seule (…). Je peins tous les jours et pourtant je me demande si je ne pense pas autant à la vie et aux conditions de vie des individus qu’à la peinture. Je crois que les deux obsessions, obsession de la peinture et obsession de l’histoire contemporaine, se chevauchent chez moi totalement. 

Paul Rebeyrolle, 1984

Un regard rétrospectif sur son œuvre, libéré des poncifs et des antiennes qui ont longtemps parasité sa réception critique, permet de constater la cohérence de l’impressionnant corpus peint et sculpté qu’il a produit au cours d’une carrière de plus de soixante ans et d’envisager un récit passionnant fait d’échos et de jeux de miroirs, de spires et de percées franches, de variations et d’explorations plastiques hors du commun. 

Ce récit reste à écrire. Les pages qui suivent ne font qu’ébaucher quelques pistes pour frayer la voie dans l’exploration de ce continent encore trop peu défriché qui porte le nom de Paul Rebeyrolle. 

Par quel bout prendre cette histoire ? Peut-être en rappelant, pour le principe, que ce peintre majeur dans l’histoire de l’art français d’après 1945, mort en 2005, est né en 1926 à Eymoutiers où, depuis 1995, l’Espace à son nom porte seul la mission – d’intérêt public*, quoiqu’on en pense – de préserver et de valoriser son œuvre, et constitue le seul lieu qui en expose en permanence une sélection représentative. 

Pour fêter ses 30 ans, l’Espace Paul-Rebeyrolle s’est retroussé les manches et a, une fois de plus, mis les petits plats dans les grands pour rendre à l’enfant du pays un hommage à sa juste (dé)mesure. […] 

Stéphane Vacquier 

extrait du catalogue d’exposition 2025

(*) Depuis janvier 2025, l’association est reconnue Organisme d’Intérêt Général

[…] Car l’enragé c’est aussi le peintre qui dénonce et qui accuse. Et qui entre en rage de peinture comme d’autres en religion. S’il se jette sur la toile avec fureur, c’est aussi pour entamer et mener à son terme une lutte amoureuse, un corps à corps instinctif et savant avec la peinture. 

Profondément imprégné de la réalité vivante de la terre et de l’eau, familier de la rivière à truites et du hallier aux sangliers, Rebeyrolle est avant tout un intoxiqué de peinture. 

Un grand souffle, une sensualité tactile dans le déploiement et le froissement des matières captées dans la fraîcheur éruptive, l’ampleur du rythme et la juste pesée de la couleur, finissent par magnifier malgré lui le sujet qu’il maltraite en le portant à une intensité picturale qui défie la délectation. 

Jacques Dupin 

extrait de Préface au catalogue d’exposition Rebeyrolle Musée d’art moderne de Céret, 1986