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Philippe Hortala – Le voyage en hortalie occitane pâtissière

Du 9 avril au 25 mai 2024 – Vernissage mardi 9 avril de 17h à 20h

Hortala a du talent, c’est manifeste. Très vite il laisse voir des aptitudes techniques surprenantes. Il a une intelligence du regard et de la main qui force le respect. Et puis, quitte à forcer le trait, il s’est construit cette allure de Gene Vincent à la bouille bien faite, dans son cuir peinturluré, Rangers aux pieds, les cheveux en bataille, la tête au vent sur sa grosse cylindrée. Hortala transporte son aura de braillard punk de coins en coin de la ville. Rock’n’roll attitude, toujours… 

A son nom, les anecdotes fusent…. J’en oublierai beaucoup. Pas celle-là : “ Un jour, il planque dans les banquettes trouées du bistrot, du poisson cru, qu’il laisse là, sans rien dire. Les clients se plaignent de l’odeur infecte qui envahit l’établissement. Le patron s’inquiète. Mais d’où peut bien venir l’odeur. Dans son cuir et sa petite vingtaine, tout ça le fait bien marrer… ” Ben est vite séduit par le personnage qu’il rencontre à l’occasion d’une exposition à la Galerie Axe Actuel. 

En 1988, dans une sorte de dictionnaire drolatique intitulé “La Vérité de A à Z”, Ben écrit, entre les mots Horizon et Humour : “Hortala, petit King Kong de Toulouse”. Lui Hortala, s’invente, grand prince, le terme de “Pintador”, mélange de peintre et de toréador. Hortala est dans l’arène des fauves. Il se bat avec violence avec la peinture. 

Il y laissera des plumes, c’est sûr. Son art est celui d’une époque donc, qui n’a que faire des chapelles et des approches conceptuelles. On l’associe bien vite (trop vite ?) –l’accent peut-être – à la Figuration libre, aux Combas, Di Rosa, Boisrond et consort, qu’on sort bien vite du chapeau pour promouvoir la vitalité du moment et qu’on oublie un peu, quand les jours ne sont plus à la fête. Libre, Hortala l’est, trop individuel pour rentrer dans un mouvement. Hortala est peintre, manifestement peintre. 

Il pioche à tout va dans les formes qui le séduisent, il réinvente les anciens et déjoue les modernes, les malaxe entre eux, pour créer un bouillon vivifiant où grondent les avions et rugissent les tigres. Des parentés, il faudra davantage les trouver du côté de la botte italienne, de la trans-avant-garde de Bonito Oliva, avec son cortège d’élégants cultivés, ses Sandro Chia, Francesco Clémente, Enzo Cucchi, Mimmo Paladino… 

Fougueux, Hortala conçoit ses tableaux comme des arènes où se confondent sur des sujets faussement banals, l’ordre et le chaos, le squelette géométrique des choses et l‘énergie païenne qui les animent. « A l’instar de quelques artificiers cherchant à faire sauter quelques bombes, je m’essaye plutôt à faire exploser l’artifice au milieu d’une nature dénaturée, entre lesquels je me trouve être pris en sandwich. 

Il y a loin d’une quête d’authenticité, plutôt une certaine puanteur devant ces ‘tableaux’ que je m’efforce de faire klaxonner – un raffinement de la bâtardise extrême menant à un “lamentabilisme” certain. » (Philippe Hortala. No fun for no futur, Axe actuel, 1984).

Du raffinement et de la bâtardise… Hortala le peintre horticole en étalera plein sa peinture, jusqu’à son décès accidentel, queue de la comète, un soir d’octobre 98, laissant une oeuvre ample et dynamique, vive et lettrée, rigoureusement personnelle, une oeuvre d’époque qu’il nous faut encore largement réévaluer pour ce qu’elle est : l’expression minutieuse d’un caractère hors norme…

Yvan Poulain, 2010, (exposition Les jardins de Philippe Hortala, musée Calbet, Grisolles, musées d’occitanie), commissaire et directeur de centre d’art, artothèque de Caen.

Galerie Henri Chartier, 3 Rue Auguste Comte, Lyon 2ème Tél : 06 70 74 80 92

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