Tarn

Les neuf artistes de cette exposition ont été rassemblés pour leur proximité avec la nature. Cette proximité se manifeste de différentes façons et intervient à différents moments de la création plastique. 

Le photographe Abel Bourgeois, son Minox dans la poche, s’immerge dans la nature et débusque un cygne dans les herbes hautes d’un marais. L’observateur discret immortalise l’instant en noir et blanc sur le micro-film de son appareil d’espionnage. 

La sculptrice Marianne Cresson glane des branches de noisetier, ce bois tout à la fois souple et résistant pour lui infliger une tension, voire une torsion à l’aide de cordes de lin et de coton. Elle transforme une branche en un réceptacle évoquant tantôt une raquette, tantôt un attrape-rêves, tantôt une épuisette. 

Lorsqu’elle foule des terres encore méconnues pour elle, la peintre Éléonore Deshayes s’emploie à les mémoriser par fragments à l’aide de prises de notes photographiques. Vient alors le temps de la recomposition picturale, une traduction ludique de ce qui a été vu, ressenti et du souvenir qu’il en reste. Un tout nouveau paysage voit le jour. 

La plasticienne et graveuse Marie-Noëlle Deverre explore avec raffinement et délicatesse le mythe de Daphné et Apollon, mettant en lumière cette nature capable de se muer pour 

échapper aux griffes d’un prédateur. La fiction s’anime sous ses doigts. 

Jana Lottenburger, elle aussi plasticienne et graveuse, explore des terres chargées d’histoires et en exhume une beauté fourmillante et dense dans un travail réalisé à la façon d’une fouille archéologique : inventorier les éléments, les révéler avec le danger sousjacent de détruire des informations relevées. 

Les toiles de Thomas Loyatho ont cette capacité à nous faire vivre une expérience quasi immersive, tant il parvient à créer une matière fluide et mouvante. Sous son pinceau, les feuilles d’un bananier semblent se fondre à son environnement, dissolvant ainsi les limites du fond et de la forme. Un élément peint de façon hyperréaliste nous ramène à la réalité. 

La céramiste Éliane Monnin est une observatrice assidue de la nature et scrutatrice de ses rêves, puisque c’est bien souvent en eux qu’elle perçoit les futures formes de ses sculptures qui explorent le registre de la variation combinatoire. 

Hélène Morbu, elle aussi céramiste et également observatrice attentive de la nature s’intéresse notamment aux plantes et à leurs particularités. Elle donne vie à l’élément terre par des incisions qui semblent tantôt s’épanouir, tantôt se refermer, tel un souffle contenu dans une matière résiliente. Vases et soliflores naissent. 

Pour explorer le vivant, le sculpteur Alain Quercia tracasse la matière (la terre, le bronze) et lui donne forme. Il tente de rendre visible ce lien qui lie les êtres, la faune, la flore, dans une tentative de considération du tout et en s’appuyant sur des mythes bien ancrés. 

Observer, récolter, mémoriser, extrapoler, explorer la fiction, le mythe, considérer nos souvenirs, nos sensations, trouver une façon de restituer la compréhension d’une chose, sa forme… Il y a moult façon d’aborder le vivant et de le transmettre. Voici neuf recherches plastiques, toutes menées avec curiosité pour un monde sans limite et dans un enthousiasme communicatif. 

Abel Bourgeois, photographe Marianne Cresson, sculptrice Éléonore Deshayes, peintre Marie-Noëlle Deverre, graveuse Jana Lottenburger, graveuse Thomas Loyatho, peintre Éliane Monnin, céramiste Hélène Morbu, céramiste Alain Quercia, sculpteur

L’exposition Paysages vivants repose sur un principe d’exposition original : l’accueil des œuvres chez des particuliers. Cette initiative transforme des espaces domestiques en lieux d’expositions temporaires, permettant aux visiteurs d’appréhender les œuvres dans un cadre intime et quotidien. 

Loin des salles traditionnelles des musées ou galeries, cette approche favorise une expérience immersive, où l’art dialogue avec le cadre de vie. Ce format renouvelle la relation entre l’œuvre et le spectateur, qui découvre les créations dans un contexte différent, plus proche et plus personnel. Paysages vivants prend place au sein d’une maison de particuliers qui s’ouvre sur un jardin arboré en surplomb de la forêt. Les propriétaires, Pierre et Aurélie, sont enchantés de voir leur demeure métamorphosée le temps d’une fin de semaine. 

Autour du travail de 9 artistes plasticiens venant de différents départements français (Pyrénées-Atlantiques, Loire-Atlantique, Nord, Isère et L’Orne), l’exposition invite à une réflexion sur le paysage en tant qu’entité en perpétuelle mutation, traversée par des dynamiques naturelles et humaines. Les œuvres présentées explorent ainsi des paysages réels ou non, modifiés par le temps, les éléments et l’intervention et l’imagination humaine. 

Loin de la représentation figée de la nature, Paysages vivants interroge la vitalité d’un panorama et son interaction avec l’homme. L’exposition met en lumière différents médiums — peinture, photographie, sculpture, céramique, gravure — offrant un regard pluriel sur cette thématique riche qu’est le paysage et qui traverse l’histoire de l’art. 

La direction artistique de l’exposition est assurée par la galeriste passionnée, Virginie Baro. Elle orchestre cette rencontre entre les œuvres, les lieux et le public. Son rôle ne se limite pas à la sélection des artistes : elle pense le parcours, la mise en espace et la cohérence de l’ensemble de l’exposition dans une scénographie harmonieuse pour les visiteurs. Le travail de la commissaire consiste à établir un dialogue entre les œuvres et également les espaces privés qui les accueillent. 

Virginie Baro, entourée des 9 artistes et aux côtés des propriétaires — Pierre et Aurélie, propose une expérience artistique inédite. La galeriste sera présente tout au long de l’ouverture de l’exposition afin d’accueillir les visiteurs, leur présenter les œuvres ainsi que les artistes et pour les accompagner dans une éventuelle acquisition.