Dans nos campagnes autrefois, il existait tout un artisanat domestique autour du textile. La production locale de laine, de chanvre ou de lin était préparée, filée et tissée dans les fermes ou les maisons. Le travail du fil était avant tout domestique. Depuis des siècles, les travaux d’aiguille ont participé à l’éducation des filles, que ce soit à la maison ou à l’école. Une jeune fille devait savoir coudre, mais également tricoter, filer, repriser, broder et réaliser son trousseau pour le mariage. Les femmes transmettaient ainsi un savoir-faire de génération en génération.   

Ces activités domestiques nécessaires au ménage étaient aussi des métiers à part entière, le plus souvent féminin : brodeuses, fileuses, couturières, dentellières, bonnetières, lingères… Ces « petites mains » qui n’étaient pas rares dans les villages, sont mises à l’honneur dans l’exposition éponyme au musée Calbet.

Aux côtés des collections textiles régionales des XIXe et XXe siècles, des œuvres d’artistes invités ou choisies parmi la collection des Abattoirs apportent, par un jeu de rapprochement formel ou thématique, un regard renouvelé sur ces objets patrimoniaux et interrogent ces pratiques et savoir-faire ancestraux, témoins d’une époque précédant la société de consommation. 

Parmi les artistes invitées, Yvonne CALSOU, qui vit et travaille à Toulouse, a créé une œuvre inédite pour le musée, intitulée « Festons et guipures de lumière ». Afin de mettre en lumière le savoir-faire des anciennes dentellières, elle a réalisé sur six fenêtres du musée Calbet des dessins éphémères donnant l’illusion optique de vieux rideaux en dentelle. Les motifs sont inspirés des dentelles aux fuseaux et des guipures venant du fonds du musée Calbet.

« J’aimerais réactiver, par mon processus de dessin, celui de la fabrication des dentelles : ce jeu savant d’entremêlement des fils qui organise trous et vides afin de faire apparaître l’ornement. En effet, si sur chaque vitre les motifs des dessins apparaîtront aussi par un jeu d’opacité et de transparence, celui-ci sera inversé.  Par le retrait de matière sur les carreaux blanchis au préalable au blanc d’Espagne, ce sera le vide qui figurera les fils des dentelles, véritable négatif des guipures et dentelles.

Sur la façade, ces dessins de dentelles s’inscriront quasiment silencieusement dans l’espace donnant l’impression de vieux rideaux mis aux fenêtres comme si le musée était redevenu la maison d’autrefois. A l’intérieur du bâtiment, le passage du soleil à travers les motifs dessinés sur les fenêtres créera des projections lumineuses inversant le processus habituel d’ombre et de lumière. Ces dessins de lumière évolueront sur le sol et les murs en fonction des heures de la journée et des saisons. “ Y. Calsou.

L’artiste a aussi été invitée à mener en juillet des ateliers avec les enfants de la crèche « Ma P’tite Planète » et les résidents de la maison de retraite Sainte-Sophie à Grisolles.

Artistes invitées :   Géraldine Fohr, Laura Gourmel,  Isao et Yvonne Calsou pour une œuvre in situ produite par le musée Calbet.

Artistes des collections des Abattoirs :  Arièle Bonzon, Jean Dieuzaide, Safaa Erruas, Louise Hopkins, Lawrence Lemaoana, Aurelia Muñoz.

Exposition en partenariat avec Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse et le PAHLM. Dans le cadre d’« Artistes et paysans », programme d’art contemporain des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie en région Occitanie.