Galerie Regard Sud

Depuis plusieurs années, je parcours les pays du Maghreb et du Moyen-Orient à la recherche d’espaces en pleine mutation pour des raisons culturelles, économiques et environnementales. Attachant une importance particulière à la place des femmes et leur espace intime au sein de ces cultures patriarcales, dites traditionnelles, l’humain est au centre de ma pratique, bien qu’il apparaisse sous forme d’indices ou de brèves apparitions.

Dans la continuité de ce travail artistique, j’ai souhaité découvrir le territoire Tunisien à la recherche de traces perceptibles et insaisissables de la complexité du pays.

Se développant ainsi au long-cours depuis 2022, le projet Empreintes se construit au grès des voyages, du Nord en Sud, de sa capitale Tunis au prémices du Sahara, en longeant son littoral jusque’à l’île de Djerba, où la mer semble se confondre avec le ciel.

De cette beauté silencieuse des paysages, je construis un récit autour de l’histoire du pays ; celle où la tradition se confronte à la modernité et où la nature doit désormais cohabiter avec un urbanisme en pleine expansion ou au contraire délaissé.

Loin des clichés et de photographies trop bruyantes, mes images se construisent sans préméditation, aux prises avec le réel et révèlent la simplicité d’un moment partagé ou le détail d’une architecture abandonnée.

Mon regard, croisé, puisqu’issu de ma double-culture franco-algérienne, se porte ainsi sur ce qui pourrait d’habitude constituer le hors-champ. Silencieuses par leur composition et jeux de lumière, mes photographies cherchent à dévoiler le bruit lointain d’une brise, le murmure d’une discussion entre femmes d’une même famille ou le cliquetis de l’eau d’un bassin encore rempli.

Empreintes se compose ainsi de fragments d’histoires dont l’intensité contemplative de chaque image laisse le récit se construire par lui-même.

Ce territoire, mis à nu de manière pudique et poétique, nous révèle dès lors sa singularité et sa beauté, mais aussi ses non-dits et interstices non dévoilés ; marqueurs de sa contemporanéité.

Farida Hamak

Biographie

Farida Hamak, née en Algérie, arrive en France avec ses parents en 1956 à l’âge de six ans et se forme à Paris, à La Sorbonne, en poursuivant des études littéraires.

Sa pratique photographique s’arme à l’occasion de voyages en Algérie qu’elle effectue à partir de 1977.

C’est à ce moment qu’elle commence à s’engager dans une activité de reporter et s’intéresse aux zones de conflits en Afrique et au Moyen-Orient. Elle intègre l’agence Viva en 1980 et s’attache à traiter la guerre civile Libanaise.

En 1982, elle travaille pour le magazine américain, Newsweek à Beyrouth et collabore avec le milieu cinématographique, en particulier avec Jocelyne Saab.

A Beyrouth elle travaille avec des photographes comme Catherine Leroy, Françoise Demulder, Christine Spengler ou encore Don Mac Cullin. Elle continuera à traiter des sujets d’actualité, comme l’entrée des américains à Bagdad, jusqu’en 2003.

En parallèle, dans les années 90, elle assume des activités de rédaction en chef pour un groupe de presse au Moyen-Orient (bureau Paris).

C’est à partir des années 2000 qu’elle commence à développer des projets photographiques personnels comme « Ma mère, histoire d’Une immigration » avec lequel elle formalisera un livre et un film. Puis ce sera en Jordanie, avec le projet « Au détour du Jourdain », qu’elle poursuivra une écriture visuelle au long cours, inscrite dans des territoires et des histoires de vie.

Chaque projet qui arrivera par la suite, à Chalon-sur-Saône comme dans le bassin minier de la Loire, où le travail de « Traces » réalisé à Boussaâda, en Algérie, sera pour elle une succession de voyages et de découvertes territoriales.

En 2024, elle a terminé son travail réalisé en Tunisie « Empreintes ».

Ses photographies sont présentes dans des collections publiques et privées.