Une réouverture haute en couleurs avec Raymond Depardon – Extrême Hôtel
Du 3 décembre 2025 au 12 avril 2026 – Vernissage mardi 2 décembre à 18h30
Pour sa réouverture le 2 décembre, le Pavillon Populaire accueille l’exposition « Extrême Hôtel » dédiée au travail couleur du photographe Raymond Depardon. Ce projet s’inscrit dans la continuité de la récente donation du photographe au Musée Fabre.
EXTREME HOTEL est le nom d’un hôtel d’Addis-Abeba, un lieu simple où Raymond Depardon aime séjourner lors de ses voyages en Éthiopie. Un point de chute sobre, un endroit calme d’où regarder le monde.
L’exposition suit cette idée : prendre le temps d’observer ce qui nous entoure.
Elle réunit près de 150 photographies couleur, des années 1960 à nos jours, et s’organise en plusieurs séries, parmi elles La Terre des Paysans, La Datar, USA, Carthagène, Tokyo. Ces images révèlent une double histoire : celle du photojournaliste, à la grande période des agences de presse et des « Unes » percutantes des magazines ; et celle d’un homme, fils d’agriculteur, dont le regard s’est déplacé peu à peu vers une observation du monde plus libre et plus intime.
Pour cette « carte blanche » Raymond Depardon a ainsi souhaité ouvrir ses archives couleur au Pavillon Populaire. Il nous présente ses parutions publiées dans la presse lors de sa carrière de photo-reporter : de la Reine Elizabeth à la guerre du Liban, des Jeux Olympiques à l’affaire Françoise Claustre.
Au fil de l’exposition, on découvre également d’autres séries plus solitaires où Raymond Depardon photographie spontanément des lieux sans évènements, des scènes de vie ordinaires, attentif avant tout aux couleurs et à la lumière. Cette exploration se poursuit encore aujourd’hui avec USA, une série inédite réalisée à la chambre photographique au Texas, au Nouveau Mexique et au Dakota du Sud.
Chaque série est un voyage, une façon d’être au monde. Raymond Depardon nous livre une exploration en couleur des pays qu’il a traversés et des sentiments qui l’ont accompagné lors de ses nombreux séjours aux quatre coins de la planète. En nous emmenant dans ses bagages, il nous enseigne une photographie simple et humaniste qui touche profondément le voyageur en chacun d’entre nous.
Marie Perennès et Simon Depardon, commissaires de l’exposition
Nouvelle direction artistique en 2026
L’année 2026 marquera un tournant avec l’arrivée d’une nouvelle direction artistique, actuellement en cours de recrutement. Ce projet s’inscrira dans la continuité du travail de Gilles Mora, aujourd’hui à la retraite. Cela en poursuivant une ambitieuse programmation avec des expositions inédites, un rayonnement international renforcé et une attention particulière à la médiation culturelle et à l’éducation à l’image.
Avec cette période de rénovation et de renouveau, la Ville et la Métropole de Montpellier affirment leur engagement à offrir un espace d’exposition toujours plus moderne, accessible et innovant, au service de la photographie et du grand public.
Biographie Raymond Depardon
Extraits
Raymond Depardon, né le 6 juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône, est un photographe, réalisateur, journaliste et scénariste français. Réalisateur de film documentaire, il exerce aussi comme reporter et a créé l’agence photographique Gamma en 1966. Il est membre de Magnum Photos depuis 1979.
Raymond Depardon découvre la photographie à 12 ans grâce à un appareil 6×6 offert pour son frère, mais celui-ci s’en désintéresse et Raymond commence à utiliser cet appareil[1] ; il prend ses premiers clichés dans la ferme familiale du Garet. Un certain Lucien Dune lui transmet son savoir. Après son certificat d’études, il devient apprenti dans une boutique de photographie de Villefranche-sur-Saône[3] avant de suivre par correspondance des cours de photographie et d’installer un petit laboratoire de photographie dans la ferme de ses parents.
En octobre 1958, il devient l’assistant du photographe Louis Foucherand à Paris[6]. Mais, en 1959, celui-ci s’associe avec Louis Dalmas pour fonder l’agence Dalmas et il ne peut garder Raymond comme employé ; Depardon devient alors pigiste de cette agence et finit, à force de persévérance, par être reconnu comme photographe : en août 1960, alors qu’il n’a que dix-huit ans, Dalmas lui propose de partir au Sahara avec un forfait de 800 francs pour suivre une expédition cherchant à étudier la résistance du corps humain à la chaleur.
En arrivant, l’expédition est confrontée à un fait divers : quelques jeunes appelés du contingent qui, le jour du 15 août, étaient partis chasser la gazelle, se sont perdus[10]. Les membres de l’expédition partent à leur recherche, escortés de militaires et de médecins de l’hôpital américain. Ils les trouvent et parviennent à en sauver trois sur sept. Raymond photographie « l’événement ».
À leur retour à Tabelbala, d’après Raymond Depardon, le capitaine de la légion le fait appeler dans son bureau et lui demande de lui donner ses films. Il aurait refusé, prétextant les avoir déjà transmis à une autre personne : quelques mois plus tôt, on lui avait appris à l’agence Dalmas qu’il ne devait jamais donner ses films à la police[11]. À son retour, son reportage fait la une de France-Soir et de Paris Match. Raymond Depardon devient alors reporter salarié au sein de l’agence Dalmas.
Œuvre photographique
Un des traits les plus caractéristiques de l’œuvre photographique de Raymond Depardon est la revendication de la subjectivité du photographe et de sa volonté de photographier des «non-sujets», des « temps morts », ce en quoi il se détache de l’école du reportage humaniste à l’européenne de Cartier-Bresson et se rapproche de l’école américaine et des photographes tels que Walker Evans et Paul Strand[24].
Un exemple assez caractéristique est cet ensemble de photographies prises à travers la France, intitulée La France de Depardon, et donnant lieu à une exposition (à la BnF) et à un ouvrage[24]. Le titre choisi rappelle aussi la subjectivité des clichés, qu’il revendique. Un autre ouvrage significatif, le recueil Notes publié en 1979, est composé d’une centaine de photographies accompagnées de textes écrits à la première personne, entre l’exigence journalistique (le monde extérieur) et l’autobiographie (le monde intérieur)[36].
Au cours de l’été 1981, pendant un mois, depuis New York, il envoie chaque jour au quotidien Libération une photo prise à New York, sans lien avec une actualité, accompagnée d’un texte très bref, toujours à la première personne.
Le seul impératif est temporel : il est lié à l’heure de bouclage du journal. Raymond Depardon erre dans la ville et se laisse aller aux sollicitations visuelles de l’univers qui l’entoure : fil des rues, rencontres de hasard, personnages côtoyés dans l’exercice de son métier… « temps morts » toujours. Les photos et les notes de ce mois de juillet 1981 sont publiées à la fin de l’année sous le titre de Correspondance new-yorkaise avec un texte d’Alain Bergala précisément intitulé
Les absences du photographe[37],[38]. Certaines des images contenues dans ce recueil sont parmi les plus connues de Raymond Depardon. Celui-ci poursuit dans cette voie en 1983 avec Le Désert américain qui lui permet de continuer à se chercher intérieurement tout en poursuivant les fantômes de ses prédécesseurs et le souvenir d’Olivier Froux, l’ami prématurément disparu.
Il semble qu’une telle démarche trouve son accomplissement avec Errance qui donne lieu, en 2000, à une exposition et à un nouveau livre. Les photos, toutes verticales, sont réalisées à l’aide d’un appareil moyen format muni d’un objectif fixe. Il va introduire dans ses compositions, en rupture avec la classique règle des 2/3 1/3,une ligne horizontale centrale qui sépare l’image en deux.
Pour ce qui est du propos, l’attention au paysage, le plus souvent urbain, est privilégiée, tandis que le texte occupe de plus en plus d’espace. Jamais explicative, souvent sans lien explicite avec les images qu’elle accompagne, la prose de Depardon traite pourtant aussi de l’errance, de la solitude et de la difficulté à se trouver soi-même. Cette prose joue avec le noir et blanc des photos et, très vite, un va-et-vient s’établit entre deux lectures qui influent l’une sur l’autre.
Pavillon Populaire, Esplanade Charles de Gaulle 34000 Montpellier Tél : 04 67 66 13 46
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 13h, et de 14h à 18h
- Photographie
- - Publié le
- Philippe Cadu













