Musée du Niel

Les 22 magiciens : Jean Dubuffet / Pierre Alechinsky / Aloïse Corbaz / Jean-Michel Atlan / Enrico Baj / Baya / Pierre Bettencourt / Anselme Boix-Vives / Louis Carmeil / Gaston Chaissac / Constant / Corneille / Dado / Philippe Dereux / Yolande Fièvre / Simon Hantaï / Asger Jorn / Bengt Lindström / Michel Macréau / Maryan / Henri Michaux / Ramon

L’apport et l’impact artistiques de Jean Dubuffet à la fin de la Seconde Guerre mondiale sont considérables. Il “invente” l’Art Brut et donne à cette forme d’expression singulière, jusque-là ignorée ou négligée, pour la première fois, une large exposition, tout en développant, lui-même, une façon de peindre d’une totale originalité.

Au moment où l’abstraction établit son magistère sur la peinture en France, au moment où la figuration résiste et fait valoir ses atouts traditionnels, Dubuffet montre qu’il existe un art qui défie les canons officiels, qui ignore les filières habituelles de la culture établie, il invente une nouvelle source d’inspiration, une nouvelle façon de peindre en dehors des grands courants principaux de l’art et une doctrine révolutionnaire qui bouscule les certitudes. Il innove, déstabilise, et ouvre des perspectives. Il ouvre la voie à la magie et aux magicie

Au même moment, entre 1949 et 1951, le mouvement CoBrA, venu d’Europe du Nord, définit aussi un espace bien particulier, s’extrait de l’abstraction, primitivise son expression, en la rapprochant parfois du dessin d’enfant, et crée un univers unique, distinct des principaux courants.

Quelques années plus tard, au tournant des années 50, Michel Tapié, ami de Jean Dubuffet, galeriste, critique et figure centrale du marché de l’art, théorise le concept d’“art autre” et souligne la nécessité de se placer dans une autre dimension artistique, comme dans un monde parallèle, en faisant appel à des sources d’inspiration diverses, subjectives et informelles.

De ces trois initiatives, indépendantes, sans coordination apparente, sans constitution de groupe ou de mouvement, émergent des artistes non conventionnels, véritables individualités, et des expressions singulières et diverses qui marqueront la seconde moitié du XXe par leur magie, originale, unique même, souvent inattendue, paradoxale, parfois dérangeante, dans une effervescence créative constante qui dessine les évolutions futures de l’art contemporain.

Il s’agit ici d’une sélection subjective, qui n’a pas vocation à l’exhaustivité et qui reflète les enthousiasmes de la collection du Musée du Niel.

“Les créateurs dignes de ce nom savent bien qu’il ne leur est pas possible de traduire leur inéluctable message hors de l’exceptionnel, du paroxysme, du magique, de la totale extase.”

Michel Ragon, Vingt-cinq ans d’art vivant, Casterman, 1969

“L’histoire de l’art, il est vrai, se partage toujours en deux courants qui sont la marque de deux tempéraments opposés et irréconciliables. D’un côté ce que j’appellerais les architectes et de l’autre les magiciens.”

Le Musée du Niel tisse des liens avec d’autres collections publiques et privées

Jean-Noël Drouin, une passion pour la peinture du XXe

Très jeune, Jean-Noël Drouin s’intéresse à la peinture qui se déploie en Europe et en France la guerre tout juste terminée, puis dans les années 50-60-70. Après un parcours d’entrepreneur accompli, il décide de commencer une collection qui réunit aujourd’hui les œuvres de Olivier Debré, Jean Dewasne, Hans Hartung, André Marfaing, Jean Messagier, Jean Miotte, Jean-Pierre Pincemin, Gérard Schneider, Jean-Paul Riopelle, Raoul Ubac, Maria Helena Vieira da Silva, Joseph Sima, Claude Viallat, parmi près de quatre-vingts artistes représentés dans un grand nombre de collections muséales.

En quelques années, la collection s’enrichit régulièrement de nouvelles acquisitions (Alechinsky, Calder, Dubuffet, Shirley Jaffe, Poliakoff en 2024) et réunit aujourd’hui près de deux cents œuvres . Il s’agit pour le Musée du Niel de protéger et de mettre en lumière des œuvres qui ont marqué par leur audace et leurs multiples champs d’expression l’histoire de l’art du XXe en France.

Chaque exposition annuelle puise les principales ressources dans la collection et le fonds documentaire du musée. Des emprunts aux institutions muséales et aux collectionneurs permettent ponctuellement de compléter chaque exposition : Cette année, pour l’exposition Dubuffet et les magiciens –

Expressions singulières 1950-2000, nous sommes honorés des prêts de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght avec une gouache sur papier de Baya, Musicienne – noir, 1964 ; de la Fondation Guillaume Corneille avec une huile sur toile de Corneille, Le Cerf-volant, 1950 ; de la Fondation Dubuffet, avec Site à l’oiseau de 1974 et Carnet de route de 1980 (complétées par le prêt privé d’un portrait de Jean Paulhan de 1945, et de Regard limpide de 1959 et Mire G77 (Kowloon) de 1983 de la collection du Musée du Niel).

C’est autour de Jean Dubuffet qui « invente » l’Art Brut à la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout en développant, lui-même, une façon de peindre d’une totale originalité, que l’exposition 2025 proposera un cheminement entre les expressions singulières qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle.

De deux autres initiatives, le mouvement CoBrA et le concept d’« art autre » théorisé par Michel Tapié, ami de Dubuffet, galeriste et figure centrale du marché de l’art, émergent des artistes non conventionnels (Atlan, Chaissac, Michaux, Aloïse, …) aux œuvres foisonnantes qui ont dessiné les évolutions futures de l’art contemporain.

« Ayant passé toute ma vie dans le monde de l’entreprise, les peintures me racontent des histoires, ont transformé ma vision du monde.  Pour notre troisième saison, nous avons choisi des expressions singulières emblématiques et extrêmement variées comme autant d’univers passionnants, surprenants, puissants. Nous remercions vivement pour leurs prêts la Fondation Dubuffet, la Fondation Marguerite et Aimé Maeght, la Fondation Guillaume Corneille, la galerie Louis Carré, Franck Leibovici, Adrien Blavier, Anissa Bouayed, François Callu Merite, Claire Paulhan et Ivan Rivier. »

Jean-Noël Drouin, fondateur du Musée du Niel

 

Antoine Villeneuve, commissaire d’exposition,
Éric Morin, scénographe et Françoise Oppermann, directrice artistique