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À la croisée du récit photographique, du carnet intime et de la chronique sociale, l’artiste propose un regard poétique et désaxé sur notre époque.

Entre réel et fiction, ses textes accompagnent des photographies tirées selon le procédé artisanal de la gomme bichromatée, conférant à chaque image un caractère unique, imparfait et intemporel. L’ensemble évoque un road-movie intérieur, où le texte légende (ou pas) l’image et l’image illustre (ou pas) le texte : un espace libre, à interpréter.

« Chroniques d’un mythographe » est en quelque sorte un recueil de nouvelles photographiques, un ersatz de roman- photo, un déversoir dans lequel se mêlent textes et images. Pour chacune des photographies, Didier Robcis a écrit un texte mais ce texte légende-til vraiment la photo ? À l’inverse la photo illustre-t-elle le texte ? Certains textes sont autobiographiques, d’autres totalement fictionnels et la réalité dépassant parfois la fiction, il est parfois compliqué d’y démêler le vrai du faux. L’ouvrage interroge ainsi de façon poétique et avec humour l’époque, celle des « fake news » et de l’IA.

Les photographies présentées dans ce livre participent de la même déambulation. Elles traitent d’errance, de faits de société, de rapports humains, de territoires… Leur association constitue une sorte de road-movie photographique. C’est un retour au plaisir très simple de photographier, une photographie quasiment contemplative, mais avec l’idée de mobilité toujours en sous-jacence. Le choix du noir et blanc confère à cet ouvrage un sentiment d’intemporalité, thème cher à l’auteur.

Didier Robcis réalise ses tirages avec le procédé de la gomme bichromatée, procédé vieux de deux siècles. L’instabilité physique de ce procédé face aux éléments externes (couchage, degré d’hygrométrie ou autres) fait que chaque tirage est une œuvre unique, il est presque impossible d’en avoir deux similaires.

De petites variations dans l’exécution du geste, un ingrédient du couchage qui change et de nombreuses imperfections peuvent apparaître. L’auteur apprécie aussi ce procédé pour cela et souvent, il préfère le tirage « loupé » à celui qui est mieux exécuté.

Ce procédé de tirage a un rapport au temps particulier, environ deux heures pour un tirage en noir et blanc, plus d’une journée pour un tirage en couleur. Cette volonté d’un retour « au cousu main » et d’une acceptation enthousiaste d’une temporalité qui s’étire, cela également interroge le rapport à notre époque.

« Chroniques d’un mythographe »

Textes et photographies de Didier Robcis Editeur : La petite semaine
Maquette : Violaine&Jeremy assisté de Liana Korios 112 pages dont 13 à rabat (double format) Couverture cartonnée 210 mm x 240 mm
54 photographies en noir et blanc d’après les tirages réalisés
par l’auteur avec le procédé de la gomme bichromatée.