Agnès Varda – Je suis curieuse. Point
Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026
En 2025, la mer Méditerranée arrive à Rodez avec son horizon, bleu et calme, ses plages, son petit peuple de pêcheurs, ses jouets en plastique, ses cabanons, ses manifestations, – en somme sa vie mouvante et le portrait qu’Agnès Varda en a fait pendant toutes ces années et le tendre souvenir qu’elle laisse en chacun de nous.
Agnès Varda (1928-2019) est une figure majeure du cinéma et de la photographie, s’illustrant sur le tard dans le domaine des arts plastiques. Le musée Soulages a décidé de lui rendre un hommage en été 2025 : Agnès Varda. Je suis curieuse. Point. (28 juin 2025 – 4 janvier 2026).
Agnès Varda, photographe et cinéaste, eut une riche carrière s’épanouissant dans les années 60 et 70. Elle appartient à l’histoire du cinéma mondial. Après la pratique de la photographie mise au service du TNP (Théâtre National Populaire) et de la troupe de Jean Vilar pour le festival d’Avignon, c’est donc le cinéma qui occupa le plus clair de son temps : proche d’Alain Resnais, de Chris Marker, de William Klein et bien sûr de Jacques Demy, qui deviendra son compagnon, Agnès Varda partage son appétence sociologique et imaginative au sein de ce petit groupe dit de la « Rive Gauche ». Ensemble, ils se distinguent du groupe de la « Rive Droite » portée par les jeunes cinéastes et critiques des Cahiers du Cinéma dont Godard, Rivette, Rohmer et Truffaut.
Les oeuvres d’Agnès Varda traitent de sujets politiques, de sujets de société, comme les revendications féministes (« Les femmes ont raison de gueuler » affirme-t-elle en 2017). Dans son abondante filmographie, relevons son premier long-métrage – La Pointe Courte tourné à Sète (1955), Cléo de 5 à 7 (1961), L’une chante l’autre pas (1977), le troublant Sans toit ni loi (1985) – Lion d’Or à la Mostra de Venise la même année -… des films de fiction auxquels succèdent de nombreux longs métrages documentaires, parmi lesquels Mur murs (1981), les Plages d’Agnès (2008), Visages, Villages coréalisé avec l’artiste JR en 2017… L’univers des images d’Agnès Varda apparaît varié et abondant, propre à être décliné avec originalité.
Depuis 2003, Agnès Varda a développé une activité d’artiste plasticienne avec des installations, des projections, de multiples écrans, et par un ingénieux recyclage : des étonnantes « cabanes de cinéma ». Tout a commencé à la Biennale de Venise en 2003, puis dans de nombreuses autres institutions comme la Fondation Cartier (2006), la Xe Biennale d’art contemporain de Lyon (2009), Le « Voyage à Nantes » (2012), et le Domaine de Chaumont en 2019 pour sa dernière exposition personnelle.
Le projet d’exposition du musée Soulages joue sur le lien amical entre Pierre et Colette Soulages et Agnès Varda à Sète, lien qu’elle immortalisa d’une part dans Les plages d’Agnès puis dans Agnès de ci de là : le musée Soulages possède en effet un certain nombre de photographies du peintre réalisées par la cinéaste et son équipe de tournage. Un entretien de Soulages au sujet de ses peintures Outrenoir est diffusé dans les salles permanentes du musée.
D’une certaine manière, nous voulions poursuivre l’échange, l’ouvrir en grand à Rodez avec la présentation de l’oeuvre de Varda.
L’exposition de Rodez est une ode à la curiosité : associer librement le fonds photographique d’Agnès Varda autour du tournage de La Pointe Courte (compositions sur le monde du port, des pêcheurs, de la Méditerranée) aux constructions de cabanes, et nombreuses évocations de la mer et des plages dans son oeuvre d’artiste visuelle : Bord de mer (2009), La petite mer immense (2003), Ping-Pong, Tong et camping (2006),
Le dépôt de la Cabane de Plage (2011), La Cabane du Bonheur (2018), et autres photographies couleur inédites de Noirmoutier et de ses cabanes de pêcheurs. L’environnement du film le Bonheur sorti en 1965 sera évoqué poétiquement : par des fleurs, des tournesols, des bouquets, dans des vases de Valentine Schlegel et quelques photographies de tournage. Cette association de photographies en noir et blanc, en couleur, d’objets et d’installations filmiques, composent un itinéraire inédit, une scénographie déroulée en histoire.
La photographie singulièrement muette des premiers temps, se prolongera avec de l’écriture visuelle ou non, des objets… Au delà du cinéma, elle représente une part de Varda, un trait majeur de son modus operandi.
L’exposition incarnera ses recherches et ses passions d’artiste. Nous associerons à l’ensemble de l’exposition un environnement familier c’est-à-dire des oeuvres du peintre et ami Pierre Soulages, du sculpteur Alexander Calder, des oeuvres de Valentine Schlegel, de Miquel Barceló, des maquettes, des objets. Un clin d’oeil sera fait au photographe primitif de la mer et du ciel à Sète, Gustave le Gray (1820- 1884) – Le brick du clair de lune, prêt du musée d’Orsay.
Cette exposition tous publics durera six mois au musée Soulages, avec des appels au cinéma, des actions spécifiques dirigés vers les scolaires et les étudiants. Cette exposition est coproduite avec Rosalie Varda et toute l’équipe de Ciné-Tamaris installée rue Daguerre, là où Agnès Varda posa ses valises et ses appareils en 1951. L’exposition constituée de plus de cent cinquante items se déroule comme l’histoire d’une vie qui de la mer ramène Agnès Varda à la mer.
La Méditerranée, l’Atlantique, le flux et le reflux, le détail ou l’immensité, forment la clef de voûte de l’esprit de Varda.
Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Soulages.
L’exposition est coproduite avec Ciné Tamaris
Musée Soulages, Jardin du Foirail – Avenue Victor Hugo 12000 Rodez
Septembre à juin: du Mardi au vendredi : 10h-13h et 14h-18h. samedi et dimanche: 10h-18h
- Photographie, Vidéo
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