Les Boutographies 2023
Du 5 au 31 mai 2023 – Ouverture au pavillon populaire à 11 h
L’édition 2023 s‘annonce comme un grand millésime, servi par de jeunes talents dont les propositions ont été retenues parmi plusieurs centaines de candidatures venues de toute l’Europe.
Avec Aurélien Goubau et Ekaterina Balaban, nous sommes pris de vertige devant les vides béants recouverts par les narratifs soviétiques puis poutiniens, depuis les soleils artificiels promis à Mourmansk jusqu’aux effondrements gigantesques produits par les mines de sel dans l’Oural.
Les îles Féroé d’Andrea Gjestvang sont un laboratoire de remise en cause du statut des hommes, dont l’activité de pêche a longtemps déterminé tous les aspects de la vie, et qui sont aujourd’hui confrontés à l’exode de nombreuses jeunes femmes vers d’autres aspirations. Enfance, adolescence et entrée dans l’âge adulte sont sous l’attention renouvelée des Boutographies, avec Tamara Eckhardt, Pauline Vanden Neste, Flavio Montrone et Fatoumata Diabaté. Enfin, Daniel Szalai, jeune auteur hongrois très prometteur lui aussi, développe un langage photographique novateur, cohérent avec son propos : exposer les méthodes d’élevage « optimisées » par les algorithmes et les outils numériques de surveillance.
Quinze autres auteurs sont présentés en projection continue au Pavillon Populaire. Chacune de ces séries projetées mérite, à elle seule, le déplacement jusqu’au site principal du festival.
Au premier étage du Pavillon, vous découvrirez l’exposition Delta, dans le cadre de la Carte blanche offerte à Camilla de Maffei, auteure découverte et multiprimée par les Boutographies dès 2013, et qui poursuit depuis une œuvre exigeante. Son projet, construit pendant quatre années dans les dédales de l’embouchure du Danube, aux frontières de la Roumanie et de l’Ukraine, s’affirme comme une œuvre photographique et littéraire repère. Avec celle d’Andrea Gjestvang, elle a fait l’objet d’ateliers d’écriture en partenariat avec les associations Papier de Soi, Scribes (Faculté des Sciences) et avec l’Université Paul Valéry. Des textes très divers, fruits de ces ateliers, sont présentés non loin des deux expositions qui les ont inspirés.
Nouveau partenariat encore, signalons la mise en place d’une première résidence soutenue par APF France handicap Occitanie. Ce projet, mené par la photographe Elsa Beaumont, a inclus plusieurs phases de rencontres avec le public et se concrétise par une exposition accrochée à l’étage du Pavillon Populaire.
Enfin, saluons la création d’un nouvel espace de programmation associé aux Boutographies, la sélection Parallèle, qui propose des expositions remarquables dans de très beaux lieux de la Ville : le Jardin des Plantes (Julietta Averbuj), Pierresvives (Alice Pallot), la Maison de Heidelberg (Jenny Bewer) et la galerie H sur le campus Paul Valéry (Marine Lanier). Un Hors les murs et de nombreux évènements associés complètent cette programmation foisonnante, significative de la création photographique contemporaine.
Christian MACCOTTA
Directeur artistique des Boutographies
Hors les murs
« Éloge du vide » de Misa ATO à l’espace Saint Ravy
L’« Éloge du vide » est une exposition construite autour de quatre séries photographiques en noir et blanc de l’artiste montpelliérain Misa ATO. Les séries ont en commun de questionner, d’explorer la place et les jeux, des vides et de lignes dans l’architecture, comme un jeu formel et plastique, mais aussi comme des lieux de mémoires, des vestiges du passé.
La première série, « Anatomie du vide », vient explorer les lignes droites du bâti. Entre vide et plein, ombre et lumière, noir et blanc, un équilibre harmonieux se dessine. Pour une autre série, « Impermanence de l’espace » Misa ATO s’inspire du wabi-sabi japonnais, qui place l’impermanence, l’aléatoire comme principe esthétique. Par son regard, l’artiste vient souligner la poésie des constructions urbaines jugées ordinaires, sur lesquelles on s’attarde habituellement peu. La série « In Fractions » figure, elle, l’architecture sous la forme de fragments et interrogent ce qui reste des anciens occupants comme une manière d’évoquer l’oubli, la mémoire, l’éphémère, le durable, l’abandon ou encore le devenir. La quatrième série, « Issue 21 », est composée d’images dans lesquelles, l’artiste joue de mises en lumière de lieux abandonnés, comme des vestiges de ce qui était autrefois révélés.
Une installation de 43 mikados géants vient lier ces séries photographiques. Elle représente l’ambiguïté du travail de l’artiste qui manipule le construit et qui le déconstruit.
« Désireux d’interroger notre perception de l’espace, je revendique mon intervention sur le medium en donnant du volume. Il n’est pas question de simuler le sujet mais de mettre en perspective le plan de construction, de composition de la scène ou du lieu photographié. »
Misa ATO
Pavillon Populaire, Esplanade Charles de Gaulle — 34000 Montpellier T +33 (0)4 67 66 13 46
Du mardi au dimanche (sauf 25 décembre, 1er janvier et 1er mai)
Hiver : 10h – 13h et de 14h – 18h / Eté : 11h – 13h et 14h – 19h