Rétrospective Elke Daemmrich
Du 12 décembre 2025 au 8 février 2026 – Vernissage jeudi 11 décembre à 18h30
L’oeuvre artistique d’Elke Daemmrich se caractérise par plusieurs décennies de continuité et d’évolution. Elle oscille entre nature et politique. Elle est le fruit d’un processus lent, à l’opposé de notre monde qui tourne de plus en plus vite.
Pour elle, la gravure est une forme d’écriture, un automatisme dans lequel tous les traits qui forment la structure de fond sur la plaque sont dessinés à la main dans le vernis appliqué sur le métal, sans esquisse préalable, sans projection. Elle commence à un point précis de la plaque, puis tout se développe comme une toile d’araignée. C’est un processus, une aventure, comme la composition qui trouve son chemin…
Née à Dresde, en Allemagne, l’artiste travaille en Occitanie depuis 1994, après avoir obtenu une bourse de la Fondation Kulturfonds Berlin qui lui a permis de passer six mois à Lacoste, dans le Petit Lubéron. C’est à cette époque qu’elle commence à s’intéresser à la culture, aux paysages et à la lumière du Midi. Cela marquait une rupture totale avec les oeuvres concrètes qu’elle avait créées à Dresde au début des années 90.
Dans le cadre de son exposition „Los toros“, qui a eu lieu en 1999 au Musée Goya á Castres, Jean-Louis Augé, le directeur du musée, lui propose de travailler également pour une édition de gravures. C’est ainsi que naissent á partir de 1997 ses premiers burins sur cuivre „Taureaux d’apocalypse“, „Le paradis et l’enfer“ et „
Los Toros de Burdeos“. L’artiste s’est approchée de Goya et des taureaux de combat qu’elle a vus dans les arènes de Séville, Madrid et Bilbao… Elle dédie certaines gravures à Georges Bataille, notamment „ amoureux“ et „L’histoire de l’œil“.
Le début de son histoire explique son processus créatif actuel : elle continue à travailler au trait aux eaux-fortes, parfois combinés à d’autres techniques de gravure telles que l’aquatinte et la manière noire.
Puis il y a la Méditerranée avec sa flore et sa faune, la série des insectes, les paysages et naufrages en Méditerranée, de La Ciotat à Narbonne, le Costa Concordia mais aussi les eaux de Fukushima, en passant par la guerre en Syrie en 2017 avec 12 petites gravures récompensées en 2017 par la Commission nationale monégasque pour l’UNESCO à Monaco, jusqu’à ce qu’elle ait finalement une nouvelle montagne à gravir : le compositeur allemand Richard Wagner.
Invitée par Katja Pinzer-Hennig, directrice des Sites-Richard-Wagner à Pirna, près de Dresde, l’artiste suit les traces laissées par le compositeur lors de son séjour à la maison Lohengrin, où il a créé tous les croquis pour Lohengrin en 1846. Elke Daemmrich s’intéresse ainsi à sa vie, à ses femmes, à ses muses et à ses amis, en particulier á Friedrich Nietzsche, ainsi qu’aux sources d’inspiration du compositeur pour son oeuvre musicale. De 2018 à 2021, elle a réalisé une série de 40 oeuvres, dont des gravures sur bois…
En tant que boursière de l’Ohio Art Council, États-Unis, en 2019, elle a passé six semaines au Zygote Press, un atelier de gravure à Cleveland, Ohio. Son attention s’est portée sur les contrastes aux États-Unis entre les gratte-ciel et les sans-abri. Elle a ensuite découvert l’histoire des Afro-Américains, en particulier celle de Carl B. Stokes, le premier maire noir de Cleveland, qui a transformé la rivière Cuyahoga, complètement polluée et qui avait pris feu pour la dernière fois en 1969, en une oasis de verdure… C’est ainsi qu’est née sa „Cleveland Suite“.
En 2022,
L’agglomération Sète-Thau lui commande une exposition pour le Jardin Antique Méditerranéen à Balaruc-les-Bains, pour laquelle elle choisit le thème „Les Métamorphoses d’Ovide». C’est en découvrant les histoires et légendes insolites et parfois cruelles de Daphné, Cyparisse, Hyacinthe, Narcisse et bien d’autres encore qu’elle crée la série „Flora mythologica“.
Actuellement, elle réalise principalement des linogravures., qui ne sont toutefois pas exposées : une série intitulée „Guerre et paix“, dont une oeuvre est exposée dans l’exposition du même nom au Cabinet d’Art Graphique au Musée d’art moderne de Céret, ainsi qu’une série sur le personnage de Kundry inspirée du Parsifal de Richard Wagner.
„Les oeuvres d’Elke Daemmrich résistent à la consommation rapide, elles demandent à être regardées de plus près – alors seulement elles déploient toute leur magie. Elles montrent un monde complexe qui nous rend parfois difficile de trouver un chemin
humain – mais en peignant et dessinant ce monde, elle montre aussi qu’il y a parfois des doutes dans le monde, mais qu’il n’y a pas besoin de désespérer.
La réalité et le rêve se rencontrent dans un langage de formes variées. Elle tisse des éléments constructifs et figuratifs, elle fait écho au surréalisme et au réalisme magique. Elle maîtrise la précision puissante du graveur allemand classique, d’Albrecht Dürer à Karl Georg Hirsch.
Ainsi, Elke Daemmrich crée une oeuvre incroyablement riche qui tombe sur le spectateur comme une pluie d’étoiles filantes. Ce qui est encore emprisonné dans le monde réel comme leur propre malheur, créé par l’homme, est libéré dans cette oeuvre comme prélude à la libération des hommes et de la nature.“ (1)
(1) Matthias Zwarg, Chemnitz
Chapelle du Tiers-Ordre, Place de la Révolution Française 66000 Perpignan
Ouverture au public du mardi au dimanche, de 11 h à 17 h 30
- Arts Plastiques
- - Publié le
- Philippe Cadu


