L’abstraction, la complexité des relations entre la couleur et la matière, la matière et la lumière, la lumière et la couleur, la couleur et la ligne, l’espace et le temps sont des questionnements récurrents que j’explore depuis près de trente ans.

Ce dialogue entre la toile et moi s’articule autour de la création de plans géométriques ou d’espaces ovoïdes dans lesquels des principes opposés se confrontent et s’équilibrent : l’ombre et la lumière, la légèreté et la gravité, la terre et l’éther, le volatil et l’éternel.

Mon travail trouve sa source dans l’intérêt que, depuis l’enfance, je porte à la dégradation de la structure et de la matière, à ce qui peut se réduire en poussière, le sable, la cendre, les matières minérales…

Lors de mes études aux Beaux-Arts de Toulouse la découverte des pigments, leur pouvoir chromatique, leur lumière, leur aspect pulvérulent, m’a emmené à réfléchir à un procédé qui permettrait de conserver leurs qualités, de fixer leur volatilité afin de rendre l’oeuvre pérenne.

Cette technique consiste à appliquer sur la toile au sol une peinture à l’huile en épaisseur sur laquelle viennent se poser de fines couches successives de pigments qui par le recouvrement ou l’émergence créent une sédimentation.

Ces strates souterraines, invisibles sont nécessaires à la création d’une densité sur laquelle se posent les derniers pigments poudrés porteurs de lumière à la surface.

La lumière et la matière sont des composantes essentielles du tableau.

Matière mate qui absorbe ou réfléchit la lumière.

Lumière qui se pose sur la couleur, et celle que la couleur génère comme si elle venait du fond du tableau.

Ainsi peuvent apparaître des espaces indéfinis, sorte de limbes ou d’outre-mondes qui jouent avec les variations lumineuses des pigments.

Dans ce mouvement de recouvrement et d’enlèvement de la matière je tente de faire émerger nos propres transformations, strates humaines, qui constituent l’individu.