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Marine Joatton & Raphaëlle Paupert-Borne – Une si improbable ressemblance

Du 12 juin au 10 juillet 2025 – Vernissage jeudi 12 juin 2025 à partir de 18h

Raphaëlle Paupert-Borne et Marine Joatton appartiennent toutes deux à la même génération : artistes femmes qui maintiennent l’énoncé d’une picturalité figurative tel un pari pascalien, celle d’une vitalité qui s’obstine à travailler le caractère propre de la peinture, indéboulonnable démarche picturale qui use des ressorts inépuisables de la spécificité de celle-ci pour continuer à saisir la complexité(s) des mondes. 

Une question récurrente se pose à toutes deux, filles d’une même génération, tel un refrain : « Que peut encore la peinture figurative pour débaucher du réel, que celui-ci soit imaginaire ou matériel ? ». Nos deux artistes, qui sortent des écoles d’art dans les années 1995-2005, ont bien conscience que le XXème siècle n’a pas cessé de s’affranchir des codes et des conventions hérités de la peinture classique. Allant même jusqu’à contester le tableau comme fenêtre ouverte sur le monde ou comme imitation du monde visible. 

Au XXème siècle, de même qu’au début du XXIème, cette analyse critique a amené plusieurs fois à la conviction que la peinture illusionniste était obsolète voire morte. 

C’est en connaissance de leur histoire que toutes deux n’ont pas arrêté de lancer et relancer la peinture non seulement comme vitalité (et en faisant un pied-de-nez à un « néo-conceptualisme » acadé- mique) mais en affirmant que celle-ci pouvait montrer (car montrer n’est pas dire en mots) et saisir la figuration du « complexe ». 

Si on cherche du commun entre les travaux de Raphaëlle Paupert-Borne et de Marine Joatton, on peut voir qu’elles travaillent sur « des » fondamentaux de ce qu’il resterait du classicisme du XVIIème, du néo-classicisme du XIXème siècle et même du classique-moderne du début du XXème. On pourrait même dire, qu’elle travaille plus exactement sur les rebuts de celui-ci, un « classicisme déconstruit » pourvoyeur de réel, réel dont il faudra capter du (le) sens, et (les) sensations. 

Chez elles, cette acuité au visible est articulée autour de deux vocables communs issus des acadé- mies classiques à savoir le paysage et le portrait. 

Et toutes deux, à leur manière, sont des traqueuses de « réel », que celui-ci trouve sa source dans l’imaginaire ou dans le in-vitro des motifs observés… 

Cette traque inclut un mouvement sensible et intellectuel de capture, capture d’un « quelque chose qui se figure dans le visible ». 

Mais si elles construisent leurs univers sur des bases communes, leur regard est élaboré de façon distincte, en effet le « réel » de Joatton est majoritairement issu d’une imagination qui travaille le pictural d’après « les souvenirs », les rêves, les sensations, bien que depuis quelque temps, elle puisse dessiner aussi sur le motif. Elle fabrique des fantasmagories ou se mêlent dans les soubresauts de la mémoire et des rêves du quotidien, de « banals et des portraits rêvés, habités et tellement vivants.» 

Paupert-Borne, elle, ne travaille presque que d’après motifs, sur des supports divers (dont le papier peint). Elle a un geste à la fois fin, grossier et rapide tout en étant au cœur du « réel » qu’elle vit à l’instant même. 

Aussi cinéaste, elle a enrichi son trait et sa facture d’un dialogue entre ces deux arts, « dessins panoramiques », « portraits en caméra directe », travail sur la profondeur de champ. Quelque chose de brut et de délicat édifie un hymne à l’étonnement des puissances de vie. 

Peintres de la vie-même, Raphaëlle Paupert-Borne avec ses croquis vifs et intenses et Marine Joatton avec ses explorations du vif des éléments de la réalité psychique, portent tel Sisyphe ni plus ni moins que les ambitions-forces d’un « malgré-tout », ce « malgré-tout » d’un sens hallucinant parce qu’infini. 

Elles lancent et relancent la force vitale du peindre et du dessiner, elles s’approchent peut-être ce que Jacques Lacan appelait « L’halluciné ». 

« Le réel est une réalité phénoménale, immanente à la représentation et impossible à symboliser » (…) 

« quelque chose que vous ressentez, que vous sentez à propos du réel est halluciné »1. Sisyphe hallucinées ! Traqueuses de la vie même ? 

Leurs travaux réinsufflent des phrasés picturaux qui ne sont pas épuisés par la redite. Ils sont sans tricherie « citationnelle », convention d’époque, empreints de sincérité visible face au réel. Peut-être, la vie même, ce ne serait que ça, halluciné. 

Philippe Roux, commisaire d’exposition.

[1] Jacques Lacan, Télévision, édition le Seuil, 1974. 

Galerie Françoise Besson 10, e de Crimée 69001 Lyon Tél : 09 51 66 75 06

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