Galerie L'Oeil du Prince

Le titre de l’exposition renvoie à différents aspects du projet. Sur le plan
thématique, il s’agit d’illustrer les troubles de notre époque marquée par toutes sortes de dérèglements, au premier rang desquels le dérèglement climatique.

Le trouble s’instaure également dans la manière dont ces événements sont
représentés en images dans les nouveaux médias : filmés dans l’urgence, à la volée, leur captation sur smartphone est bien loin de traduire l’expérience vécue. Là où les témoins du drame voulaient capturer des fragments de réalité, faire de leurs clips des copies conformes de ce à quoi ils assistaient, l’internaute découvre un défilement d’images brouillées qui confinent parfois à l’abstraction.

C’est ce trouble que mes tableaux cherchent à faire naître chez le spectateur en jouant sur la proximité affective et la distance esthétique qu’il peut ressentir face à cette figuration picturale de l’image numérique. La représentation des tempêtes et des scènes de chaos suscite également un plaisir trouble, largement exploité dans tout un pan de la peinture paysagère des XVIIIe et XIXe siècles, et que Burke, le grand théoricien du sublime, définit comme une « terreur délicieuse » qui procède de la contemplation d’un danger dont nous sommes hors d’atteinte. Mon esthétique s’inscrit donc dans ce sillage tracé par des peintres comme Vernet, Loutherbourg ou Turner.

Enfin, le trouble caractérise ma touche picturale, qui exploite les aspérités du support pour produire des effets vibratoires brouillant les contours des objets représentés.

Marc Vuillermoz