Ivana Bašić, Metempsychosis & Pierre Unal-Brunet, Prodrome
Du 15 février au 18 mai 2025 – Vernissage vendredi 14 février à 19h
Éprouver l’inconnu – MOCO hôtel des collections
Ivana Bašić, Metempsychosis
Après une saison consacrée à la peinture figurative contemporaine en France, puis aux liens entre l’art et la littérature, MO.CO. Montpellier Contemporain propose cette année trois expositions sur ses deux centres d’art qui explorent les relations entre l’art et la science. Ce thème résonne avec l’histoire de la Ville de Montpellier ayant joué un rôle majeur dans l’enseignement, la diffusion des connaissances et la recherche scientifique.
Metempsychosis d’Ivana Bašić prend la forme d’un rite de passage, un voyage spatial qui interroge les frontières matérielles et métaphysiques de l’humanité. À travers plus de vingt œuvres, l’exposition rassemble sculptures, dessins, vidéo et un retable robotique de sept mètres de long. Le parcours invite le public à un voyage surréel au sein duquel la dissolution des corps et du monde matériel n’est pas perçue comme une perte, mais comme l’instance d’une potentialité radicale.
Les œuvres d’Ivana Bašić, née en 1986 en Yougoslavie, sont fortement imprégnées par cette expérience de guerre, de violence et de brutalité qui, à l’issue de l’effondrement du pays natal, ont marqué son enfance. Certaines obsessions ontologiques deviennent alors urgentes : la fragilité de la condition humaine ; la crise de soi-même et de l’Autre ; la possibilité de réimaginer la vie et la mort ; la quête d’immortalité. Les corps hybrides de Bašić proposent la métamorphose comme substitut à la fuite, que ce soit à l’échelle individuelle ou collective : la transformation serait-elle la solution, lorsqu’il ne reste nulle part où se cacher ?
De taille quasi humaine, chacune des sculptures de Bašić est composée de matériaux divers – cire, verre, bronze, acier inox et albâtre – qui construisent ensemble le langage symbolique et matériel de l’artiste. Ses formes évoquent les fluides utérins et les corps insectes. Ces figures sont simultanément violentes et tendres, suggérant les forces primordiales tant souterraines qu’invisibles.
Le titre de l’exposition fait référence à la pièce centrale de l’exposition, Passion of Pneumatics (2024), qui s’étend sur sept mètres de long, elle-même inspirée des images de la Renaissance italienne et du Cœur Immaculé de la Vierge Marie. Ici, les rayons solaires du Cœur Immaculé sont remplacés par des marteaux pneumatiques qui martèlent progressivement une pierre, essayant de réduire le cœur de la sculpture en poussière. Utilisant la force de l’air comprimé, les mouvements répétitifs des marteaux sont synchronisés avec la cadence de la respiration de l’artiste, évoquant l’idée gnostique du Pneuma, « souffle » et « esprit » en grec. Dans les enseignements gnostiques, les Pneumatiques représentaient l’ordre le plus élevé d’êtres – ceux alimentés par l’esprit, par le « souffle de vie » – qui transcendent le domaine purement matérialiste.
Ivana Bašić a récemment fait l’objet d’expositions au Schinkel Pavilion, Berlin (2024), Lafayette Anticipations (2023), National Gallery, Prague (2021), Museum of Art+Design, Miami (2020), Het HEM, Amsterdam (2020), ou encore Contemporary Art Museum Estonia, Tallinn (2019). Les œuvres d’Ivana Bašić font partie de la collection permanente du Whitney Museum, New York. L’artiste vit et à travaille à New York.
L’exposition Metempsychosis fait suite à une première présentation qui s’est tenue à l’été 2024 au Schinkel Pavilion à Berlin, et qui sera complétée par des œuvres produites pour cette nouvelle reconfiguration à Montpellier.
Commissariat général de la saison Art & Science : Pauline Faure, Anya Harrison, Alexis Loisel-Montambaux, Deniz Yoruc.
Sous la direction artistique de Numa Hambursin.
En partenariat avec l’Université de Montpellier et le CNRS (dont l’ENSCM, la Licence ProPAC Parfums Arômes Cosmétiques, la Faculté des sciences et l’IES Institut d’électroniques et des systèmes)
Pierre Unal-Brunet, Prodrome
Pierre Unal-Brunet est né en 1993 en France et vit à Paris et Sète. Il glane des matériaux inertes, débris et autres surplus du monde issus de zones de récolte aqueuses. Il les assemble pour former des êtres-objets au sein d’installations mêlant peintures, sculptures et dessins à l’encre.
Avec une approche de l’évolution à la frontière de la cryptozoologie, ses recherches puisent dans des articles scientifiques issus de l’ichtyologie (l’étude des poissons) et de la biologie marine, comme dans des affabulations sur ces territoires de récolte. En résulte un environnement science-fictionnel habité de corps composites.
Un prodrome est un signe avant-coureur, le symptôme annonciateur d’un changement d’état, d’un bouleversement. Pour l’œil attentif, il est une anomalie qui jaillit du quotidien et nous informe sur un désordre à venir.
Avec une trentaine d’œuvres créées ces cinq dernières années, Prodrome est la plus grande exposition monographique de Pierre Unal-Brunet à ce jour. Pour le MO.CO. Panacée, l’artiste augmente son corpus d’œuvres, dans le but d’en modifier la perception et de jouer avec les modalités de présentation, faisant ainsi apparaître de nouvelles espèces dans un écosystème plus ancien.
Dans cette narration construite et diffuse rode l’asphyxie des écosystèmes aquatiques (l’eutrophisation). Dans une déambulation en spirale qui traverse cinq chapitres, chaque salle est marquée par une colorimétrie particulière, tel un signal sur l’état de santé de chacun des biotopes visités. Avec ce récit introspectif rythmé par le poème Prodrome écrit par l’artiste, on passe d’un apaisement cristallin à une exubérance acide, suivant une idée d’hypersaturation graduelle.
Au-delà de notre rapport affectif aux phénomènes écologiques, l’exposition nous invite à déplacer notre regard autocentré. Ainsi, Prodrome dessine des possibilités de coévolution, grâce à l’ambivalence de l’empathie – souvent sélective – de l’antidote à la nocivité, ou de la régénération après le déclin.
Pierre Unal-Brunet a récemment fait l’objet d’expositions au CCC OD de Tours (2024), à l’IAC Villeurbanne dans le cadre de la Jeune création internationale de la 16ème Biennale de Lyon (2022), avec la galerie Nicoletti à Art-o-rama, Marseille (2022), à la plage de Maldormir avec le soutien de Mécènes du Sud (2022), ou encore dans la première édition de SOL! La biennale du territoire, au MO.CO. Panacée (2021).
L’exposition Prodrome fait suite à l’exposition Intrication de Pierre Unal-Brunet et d’Anna Solal qui s’est tenue à l’été 2024 au CCC OD de Tours.
Commissariat général de la saison Art & Science : Pauline Faure, Anya Harrison, Alexis Loisel-Montambaux, Deniz Yoruc.
Sous la direction artistique de Numa Hambursin.