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Gilles Miquelis – En coulisse

Du 22 février au 5 avril 2025 – Vernissage vendredi 21 février à 18h

La Galerie Eva Vautier a le plaisir de présenter la seconde exposition personnelle de Gilles Miquelis. Après sa première exposition à la galerie : Vivre à en crever en 2017, où il explorait le basculement de l’ordinaire vers l’extraordinaire à travers des récits picturaux empreints de contemplation, Gilles Miquelis revient avec une nouvelle série d’œuvres sur les méandres de l’intime avec une approche cinématographique.

Diplômé en 2001 de l’Ecole des Beaux Arts de Montpellier, Gilles Miquelis peint à l’huile, en grand, sur des toiles qui parfois se déploient en diptyque, ou sur des petits formats, sur du calque ou des rhodoïds. Après un travail de composition, son geste est rapide dans la réalisation, il construit ses tableaux comme des instantanés. 

L’artiste, derrière une facture d’une grande précision, dresse un portrait décalé et caustique du temps présent. Ses œuvres font partie de plusieurs collections publiques, notamment celle du MAMAC (Nice). En 2023, il a participé à Immortelle, exposition consacrée à la jeune peinture figurative française au MO.CO (Montpellier).

Dans cette nouvelle exposition, Gilles Miquelis brouille les frontières entre le scabreux et le poétique. Ces scènes de vie quotidienne, empreintes de tensions amoureuses, se métamorphosent en tableaux où l’humour côtoie un malaise palpable. L’univers de Gilles Miquelis puise dans un éventail d’influences éclectiques : De Picasso à Bukowski, en passant par Bertrand Blier ou encore Harold et Maude.

Les références visuelles empruntées à des magazines comme Cinémonde dialoguent avec des compositions picturales saisissantes. Chaque œuvre agit comme un miroir tendu au spectateur, le plaçant dans une posture ambivalente de voyeur et témoin.

Depuis les fragments d’histoires amoureuses dans l’intimité d’une chambre conjugale, jusqu’à des scènes burlesques en pleine rue – comme un amant maladroit suspendu à une fenêtre se faisant mordre par un chien (celui du mari ?) – chaque tableau distille une part d’humanité, tantôt touchante, tantôt grinçante.

À la croisée de l’humour et de la violence latente, Gilles Miquelis nous livre une fresque de la condition humaine contemporaine, où la « girl next door » devient héroïne de cinéma, où les échanges de regards révèlent des vérités cachées, et où chaque toile est une scène de film de la vie quotidienne.

Texte de Numa Hambursin, 2025

L’amour de la peinture rend aveugle, lui-aussi, et empêche parfois de saisir l’évidence du sujet. Cela vaut pour des toiles si belles que l’image – celle que tout le monde voit – disparaît pour ne laisser à l’esprit que son empreinte matérielle – la texture, la charpente, les couleurs agencées. Qu’importe le message s’il reste le langage. C’est un vilain défaut qui menace l’initié épris d’un médium, parce que celui-ci emporte tout le reste. 

Voici le portrait d’un enfant qui fume et me couvre de sa mélancolie. Je me souviens de ces toiles crasseuses dans ces châteaux de la Mitteleuropa que je ne reverrai jamais. Ont-elles été vendues ou nettoyées ? Je me souviens de ces aristocrates peints par Goya et conservés dans ce vieux musée de Saragosse. Ma mémoire les abandonne puisque vingt années nous séparent. 

Ne m’étais-je pas promis de les montrer à mes fils ? M’accompagneront-ils encore, désormais qu’ils sont grands, dans les déserts espagnols ? J’étais si jeune homme, et libre avec ça… Une peinture de Gilles Miquelis, et voilà mes pensées dans le désordre de leur apparition. Ce qui compte, pourtant, c’est ce bout de phrase : « un enfant qui fume ».

Si je la consultais, l’intelligence artificielle me parlerait d’une « méditation visuelle sur l’ambiguïté fondamentale de l’existence humaine, un espace où l’innocence et la transgression cohabitent dans une tension troublante ». 

Pour la série des Clopeurs, où des enfants d’un autre siècle grillent des cigarettes avec une désinvolture adulte, elle ajouterait même que « les âges de la vie s’y entremêlent dans un paradoxe pour créer une temporalité inversée ». 

L’intelligence artificielle n’aurait pas tort. L’ironie de Gilles Miquelis repose sur le contraste entre une esthétique héritée de la peinture ancienne – notamment romantique – qu’il mène jusqu’à une extrême élégance et l’incongruité de la scène, malaisante ou décalée. Ce stratagème est particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de représenter la gêne entre deux amants ou époux, dans un cadre domestique semblable aux décors des Trente Glorieuses. 

Comme Edward Hopper, Gilles Miquelis sait représenter le silence. Mais le sien dérive moins de la solitude, chère au maître américain, que de la crise entre les êtres, de l’embarras et même de la honte. L’humour par dissociation de la forme et du fond permet ainsi de souligner, avec cette délicatesse qui lui est propre, les travers du présent comme les défauts intemporels de l’âme humaine. Que reste-t-il du mythe de l’enfance quand la candeur s’achève dans lesvolutes de tabac ?

Et pourtant, je me moque bien des histoires de moutards désobéissants et de maris cornards. Je n’ai que faire de la critique de mœurs comme du cinéma français qui s’en repaît de décennies en décennies. La société est viciée et la famille hypocrite ? En voilà une nouvelle ! 

Il faut bien que la peinture ait un sujet pour support quand on est fatigué de l’abstraction : celui-ci en vaut bien un autre. Je me contenterais volontiers d’un cimetière sous la lune, à la Friedrich, ou d’un regard triste, mais notre époque en a décidé autrement. Je remercie Gilles de l’avoir compris, quand nous avons fait un livre d’artiste ensemble, et d’avoir dessiné une série de paysages de ruines à peine réhaussés par la présence du père et de son fils. Il n’y a rien de plus simple que ces deux silhouettes qui appartiennent l’une à l’autre, rien de plus émouvant et rien de plus vrai. 

Si l’inconfort que Miquelis parvient à créer possède quelque intérêt, à mes yeux en tout cas, c’est au sublime de sa peinture qu’il le doit. À ses couleurs qui veinent la matière et étourdissent vos artères. À la douceur des regards de ses personnages qui vous arrachent des larmes. À cette immense mélancolie – je répète le mot – qu’il insuffle à son monde et qui pénètre votre peau jusqu’à vous liquéfier.

C’est le temps dont il est question – toujours – dans les œuvres de Gilles Miquelis et c’est le temps – aussi – qui ne me permet pas d’écrire correctement ce qu’elles m’inspirent. Gilles est mon ami, en effet, et l’amitié suppose un péril : dire oui quand il faudrait dire non. 

À l’inverse du journaliste, j’ai eu le privilège, comme critique, de pouvoir choisir mes sujets. La sélection étant opérée en amont, les compliments l’emportent naturellement sur les éreintements. Ma carrière de polémiste attendra. Je m’en veux d’avoir cédé car j’aurais aimé placer mon texte à hauteur de ses peintures. 

Mais Gilles est la personne la plus douce qui soit, la plus élégante, et ne demande jamais rien. Quand il s’inflige une telle requête, comment serait-il possible de le décevoir ? L’histoire qui nous relie est encore à écrire : c’est la seule revanche que je réclame.

Galerie Eva Vautier, 2 rue vernier 06000 Nice.  Tél: 09.80.84.96.73

Du mardi au samedi de 14 h à 19 h et sur rendez-vous

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