Gē bèi, Quelques pas inattendus dans la Chine des années 60 – Gérard Larroze, Sentiers
Du 12 décembre 2025 au 17 janvier 2026 – Vernissage samedi 13 décembre à 11 h
Gē bèi, Quelques pas inattendus dans la Chine des années 60
Galerie 1. Espace des rencontres. Présentation par Jean-Michel Vinay
Au cœur de la collection d’art et d’artisanat chinois de François Dautresme on trouve les gē bèi, assemblages de tissus usagés, réalisés par des femmes dans les campagnes chinoises des années 50 à 70.
Au fil de ses voyages en Chine de 1963 à 1995, François Dautresme, surnommé le « Guimet des Arts populaires », avait constitué une collection d’art et d’artisanat populaire chinois incomparable. La première exposition de ces objets de la vie quotidienne, à la fondation Miro de Barcelone en 1995, s’intitulait « Art de vivre, art de survivre », faisant écho à ce qu’écrivait sa cousine et complice Françoise Dautresme (Le voyage en Chine, 1976) : « Il ne viendrait pas à l’idée d’un Chinois de fabriquer quelque chose de laid. Pour lui un objet beau étant un objet bien fabriqué, et l’objet bien fabriqué étant un objet utile, seul l’utile est beau et le beau est forcément utile. ».
Au cœur de cette collection, on trouve les Gebei, compositions réalisées à partir de morceaux de tissus usagés assemblés à la colle de riz, par des femmes dans les campagnes chinoises des années 50 à 70. Destinées, entre autres, à la confection de doublures de semelles, dans un pays rongé par les restrictions, ces œuvres éphémères sont parvenues jusqu’à nous grâce à l’insatiable bienveillante curiosité et à « l’œil absolu » de François Dautresme.
D’une richesse remarquable de formes, matières et couleurs, ces tableaux collectés dans les villages au fil de ses voyages, vont, dès les premières apparitions publiques, bouleverser plus d’un amateur d’art moderne. Le rapprochement avec, entre autres, les œuvres de nombreux peintres de l’École de Paris (1945/1965) est aussi troublant qu’inévitable.
La vocation utilitaire (doublures de sandales) était parfois détournée par leurs créatrices qui composaient de singulières œuvres éphémères.
Grâce à F. Dautresme, séduit par leur richesse de formes, de matières et de couleurs, certaines sont parvenues jusqu’à nous. Ces tableaux/ collages d’une audace créative remarquable vont, dès les premières apparitions publiques, bouleverser plus d’un amateur d’art moderne.
Le rapprochement avec les créations de nombreux peintres de l’École de Paris (1945/1965) est aussi troublant qu’inévitable. On cite spontanément Nicolas de Staël, Serge Poliakoff, Olivier Debré, et plus près de nous Michel Carrade.
La collection a pu s’étoffer et la première exposition à Lautrec, Galerie du Rajol a eu lieu cet automne.
Avec Christian Thorel, notre hôte et complice avisé, nous avons le plaisir de proposer cette découverte d’une facette de la création moderne encore invisible dans les manuels d’histoire de l’art.
Jean-Michel Vinay
Gérard Larroze, Sentiers
Galerie 2. L’Atelier. Rue Mirepoix – Vernissage dimanche 14 décembre à 15h
Lorsque Jacques Danton, libraire à Ombres blanches, m’avait proposé en 1994 d’accueillir des travaux de son ami Gérard Larroze, ce dernier avait depuis plus de vingt ans déployé une activité artistique, sculpturale, dans des directions différentes, en usant de matériaux usuels tels que le bronze, les tissages de laine, ou plus souvent inattendus, récupérés, trouvés, comme des papiers (des annuaires par exemple) compressés, des plastiques, des branches de bois, des adhésifs.
Au bout d’une disparition prématurée en 1999, qui a interrompu une œuvre inventive, modeste, silencieuse, une de celles qu’on aime à découvrir furtivement dans un centre d’art, une galerie privée ou dans l’espace public, et qui vient aiguiser l’œil, émoustiller le cœur, caresser la peau.
La famille de Gérard, son épouse Cristina, sa fille Milaine, et ses amis, Jacques Danton, Claire Connan, ont voulu lui redonner la possibilité de montrer enfin ce travail, de le sortir de son atelier toulousain, déserté depuis 25 ans. Cette exposition, acceptée spontanément, est également une manière de diffuser ailleurs l’œuvre de cet artiste.
En la mettant en scène, il s’agira de susciter des rencontres, des désirs, puisque chacune des œuvres exposées pourra être acquise.
Christian Thorel
Gérard Larroze naît en 1945 dans le Béarn. Il étudie l’architecture intérieure aux Arts et Métiers à Paris, puis la sculpture aux Beaux-arts de Lille, avant d’entreprendre des voyages, en Afrique, en Asie. Ces expériences vont déterminer son travail artistique, particulièrement dans le choix des matériaux et des supports, textiles, papiers, bois, objets récupérés. Une première exposition à Pau en 1968 sera suivie de nombreuses autres en France, souvent dans des centres d’art ou des musées.
À Ombres Blanches en 1994, nous proposons Arbrures, une exposition des travaux de Gérard Larroze. Elle est suivie de 3 installations à Montolieu, puis en 1998, de son vivant, d’une dernière exposition à la Bibliothèque de la rue du Périgord, L’arbre décliné. Depuis sa mort en 1999, rien n’avait été vu de son travail. Notre exposition va permettre d’en retrouver le chemin.
Depuis tout ce temps, je me suis parfois demandé si la rencontre avec les travaux de Gérard
Larroze aujourd’hui répondait à la question : Qu’est-ce qu’une œuvre « empêchée » ?Sa disparition voici bientôt trente ans laisse inaccomplie une pensée en acte au vu des pièces rassemblées dans cette présentation. Le travail d’archéologie qui extraie des boîtes et du papier bulle tous ces « vestiges », mesure la distance qui nous sépare de cette interruption. Brusquement réapparus, leur vue déclenche un pincement douloureux qui nous fait prendre conscience de « la perte de matière » que représente la rupture de ce lien à la vie.
Que serait devenue entre ses doigts l’infinitésimale partie des « reliefs » de nos agapes et des papiers qu’il récoltait ? Quelles attentions nouvelles auraient nourri son travail à l’égard de ses compagnons feuillus ? Mais aussi, se dire que le courant continu d’une attention en éveil constant pouvait le conduire vers d’autres images, d’autres formes, d’autres matériaux.
Faisons le pari de cet avenir ! Jacques Danton
Librairie Ombres Blanches, Galerie & Salle de Conférences, 3 Rue Mirepoix, 31000 Toulouse
Du mardi au jeudi de 14 h à 19 h – vendredi, samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h
La galerie sera ouverte le dimanche 14 décembre de 11 h à 18 h
- Arts Plastiques, Sculpture
- - Publié le
- Philippe Cadu


