Lieu Commun, Le Nouveau Printemps

Nous sommes ravi·e·s de participer à la troisième édition du Nouveau Printemps, festival de création contemporaine à l’échelle d’un quartier, pensé cette année avec l’artiste Kiddy Smile.

Engagé dans une dynamique artistique ouverte, inclusive et collective, Lieu-Commun s’inscrit naturellement dans cette aventure qui fait dialoguer art et territoire, habitants et artistes, mémoire et futur. 

Pour cette édition, trois expositions au sein même de Lieu-Commun

De convergences en dissonances, de secrets enfouis en révélations : les familles nous renforcent ou nous trahissent. Famille nucléaire, famille culturelle, grandes ou petites, elles sont subies ou choisies, originelles ou recomposées, mais elles constituent nos relations et nos êtres. Pour le Nouveau Printemps par Kiddy Smile, nous articulons différentes invitations et rassemblons les travaux d’une dizaine d’artistes à Lieu Commun. 

Avec elles et eux, nous traversons les peines et les joies, parfois vertigineuses, que les relations familiales, les rôles attendus ou les sombres passifs procurent. Les trajectoires se regardent et se mêlent. D’échos en vis-à-vis, se disent les malentendus, les grandes douleurs ou les réconforts. 

Les pratiques s’entrechoquent et les récits émergent. Le dialogue commence et à la manière d’un chœur antique, les œuvres décrivent nos états, autant qu’elles les mettent en scène ou cherchent à les modifier. Chaque proposition est une voix, qui se dit et dit son besoin d’une société habitable par toutes et tous, pour « ensemble, faire un monde humain » (Léonora Miano, préface à la Croix de la rédemption, James Baldwin).

FAMILLE DE CHŒURS – Artistes diplômé·e·s de l’IsdaT

Avec Hugo Amenouche, Morgane Bertrande, Mia Ftz, Maurane Leder, Aria Maillot, Milena Meyer, Lucile Munarriz, Jean-Michel Poinet, Axel Raingeard, Margaux Sahut.

Le Nouveau Printemps, Lieu-Commun artist run space et l’isdaT collaborent pour montrer le travail d’une sélection d’artistes diplômé·es de l’école d’art de Toulouse en 2022, 2023 et 2024. 

Depuis sa naissance, Lieu-Commun est en lien fort avec l’isdaT : nous n’énumérerons pas ici les nombreux workshops, expositions des diplômé·es, artistes enseignant·es exposé·es. 

Cette fois, avec le Nouveau Printemps, la famille s’agrandit en écrivant ensemble un nouveau scénario dont les personnages principaux sont de récent·es diplômé·es de l’école d’art. La plupart d’entre elleux sont né·es à la toute fin des années 1990 voire au tout début des années 2000 ; aujourd’hui, ces vingtenaires embrassent le monde avec doutes et certitudes intimement liés. 

Mia Ftz, Lucile Munarriz et Aria Maillot nous confrontent à leurs témoignages intimes, chacune via ses singularités, aussi bien personnelles que plastiques en travaillant l’édition, la peinture ou la tapisserie. Milena Meyer et Jean-Michel Poinet, sont peintres et proposent dans leurs tableaux respectifs, des récits collectifs où se jouent des rapports de classe, sans que pour autant leurs positionnements esthétiques soient semblables. 

Ces questions de la place de l’individu dans la société sont abordées de façon plus décalée par Margaux Sahut via la performance et la poésie. Le politique est aussi présent dans les démarches d’Axel Raingeard et Hugo Amenouche, par des performances revendicatives chez le premier et par un travail d’édition conscient chez le second. Maurane Leder et Morgane Bertrande, 

toutes deux peintres dans des registres radicalement différents, explorent des enjeux élémentaires et universels. Leurs propositions pourraient sembler dissonantes, mais font sens commun, déclarations d’amour à leur médium et à l’humanité, notes d’espoir qui sont loin d’être optionnelles en ces temps complexes.

Famille de chœurs est une ode à la diversité, un rappel nécessaire de la qualité impure de l’art en réponse positive et généreuse à la pureté excluante que certain·es tentent d’imposer aujourd’hui… 

Un jury, présidé par Kiddy Smile et composé de Delphine Fournier (déléguée aux arts plastiques, ministère de la Culture – DGCA), Karine Mathieu (directrice artistique de Memento, Auch) et Mireia Sallares (artiste, enseignante) et Sam Stourdzé (directeur de la Villa Médicis), décerne deux prix aux artistes participant à l’exposition :  

Prix Nouveau Printemps Dotation : participation à l’édition suivante du Festival pour soutenir le développement du travail de l’artiste et sa visibilité.

Prix Lieu-Commun Dotation : accueil dans l’atelier de résidence de Lieu-Commun de juin 2025 à juin 2026, pour soutenir l’activité de l’artiste et son installation à Toulouse.

En collaboration avec Lieu-Commun et avec le soutien de l’Institut Supérieur des Arts et du Design de Toulouse. Co-commissariat Manuel Pomar et Clément Postec.

Jérémie Danon Enthéorie

Jérémie Danon réalise un film comme un conte contemporain et le présente avec le Nouveau Printemps sous forme d’installation, accompagné d’objets : des reliques de l’aventure. Sans méchants ni gentils, sans victoire ni défaite, Enthéorie est un film qui ne s’ancre dans aucune réalité spatio-temporelle, si ce n’est une réalité plus forte et sempiternelle : celle du déterminisme. 

C’est l’histoire d’un certain nombre de personnages qui tentent de remplir leurs rôles et de suivre les voies qui leur ont été indiquées. Le héros, accompagné de son adjuvant, un écuyer à tête de cheval, traverse d’hostiles contrées pour rejoindre la princesse qu’il pense devoir délivrer. 

Cette quête nous mène jusqu’au palais, où la princesse (interprétée par Kiddy Smile) attend impatiemment de pouvoir échapper à son propre sort. Par le registre du merveilleux, le film Enthéorie aborde la question du déterminisme, du libre arbitre et des rôles qui nous sont attribués, de par notre genre, notre classe sociale, notre orientation sexuelle ou encore notre couleur de peau. 

Jérémie Danon y démontre de nouveau ses talents de peintre et de cinéaste, langages avec lesquels l’artiste partage ses impressions sur le monde comme il va, avec le documentaire et la fiction, outils d’observation du réel et l’imagination, la narration classique et les technologies hyper actuelles, cherchant sans cesse à dépasser les divisions dominantes.

Une production le Nouveau Printemps.
En coproduction avec le Fresnoy, studio national des arts contemporains de Tourcoing et avec la collaboration du FRAC Haut de France.

FAIRE FAMILLE – Exposition collective

Avec Binta Diaw, Marie-Claire Messouma Manlanbien, Roméo Mivekannin.

Les œuvres présentées à Lieu Commun dans le cadre de l’exposition collective Faire Famille,  interrogent les effets des déplacements forcés — qu’ils soient physiques, symboliques ou imaginaires et montrent comment ces mouvements ont pu donner lieu à des réinventions culturelles.

Roméo Mivekannin, avec Femmes sénégalaises, revisite ces cartes postales issues de l’époque coloniales envoyées par des hommes vers la métropole faisant circuler une représentation raciste et sexiste des femmes noires. 

Ces femmes n’ont jamais donné leur accord pour que l’image de leurs corps soit ainsi diffusée dans le monde. L’artiste ne reproduit donc par leur visage, il appose son portrait, et crée un certain trouble dans la représentation de genre, aurions-nous échangé des cartes postales de corps d’hommes noirs dénudés ?

Chorus of Soil de Binta Diaw, rend hommage aux millions de victimes de la traite de l’esclavage et met en lumière les répercussions mondiales de cette tragédie, en semant ici des graines d’indigo, cultivées dans les plantations des Caraïbes, qui ont peu à peu remplacé la culture du pastel par ailleurs très présente en Occitanie.

Marie-Claire Messouma Malambien, trace des cartographies sensibles, où les corps déplacés deviennent porteurs d’héritages, de transmissions et de réinventions. Son geste artistique est un acte réparateur, une réponse aux déracinements subis, et une reconquête symbolique des espaces de représentation.

Commissariat Yandé Diouf.