Galerie Valérie Eymeric

Peintre au commencement de sa carrière, Alain Boulerot a délaissé ce médium pendant longtemps au profit de la photographie. Mais lorsque le monde s’est brutalement arrêté à l’arrivée de la Covid, forcé de se débrouiller avec ce dont il disposait, l’artiste s’est réinventé. Un stock de très beau papier qu’il n’avait jamais osé utiliser l’attendait, le lançant dans une trajectoire incertaine mais sublime.

Mouillant le papier, l’imprégnant d’encre de Chine à l’aide d’un stylet de verre, Alain Boulerot s’est mis à tracer une ligne claire. L’encre s’est alors diffusée de manière incontrôlable bien au-delà de son tracé initial pour prendre des formes fascinantes et des méandres aléatoires, en fonction du papier, du grammage et du degré d’hygrométrie, avant de se fixer définitivement au séchage, quelques minutes plus tard. 

L’artiste s’est amusé, jouant de ce lapse de temps d’exécution extrêmement court où l’on est graphiquement contraint d’aller à l’essentiel pour confronter la rigueur d’une ligne claire au hasard d’un support qui va réagir, se voiler, gondoler en dépit de son grammage.

Ce fut le début de cette série dont la thématique est l’humain, allant de la ligne d’un dos ou d’un torse à des figures plus complexes, des sentiments amoureux (le manque, le désir, l’absence, le bonheur) ou des scènes érotiques.