Ses premières visions abstraites éclatantes de couleurs, bien dans l’esprit lyrique de l’école de Paris des années 1950 et 1960, témoignent également d’une ambition véritable de renouveler les méthodes de tissage, particulièrement variées dans son approche, mais toujours guidée par un souci de perfection.

Plus tard, c’est évidemment à travers le dessin que Bernard Jan trouvera son médium de prédilection, mettant ce qu’il qualifiait de « réalisme fantastique ». Un courant de contre-culture des années 1960, qui se veut être une recherche à vocation scientifique ayant pour objet l’étude de domaines considérés comme fantasques (phénomènes paranormaux, alchimie, civilisations disparues, etc).

Ainsi, dans les univers de Bernard Jan nous retrouvons des références oniriques : babéliennes, gothiques, labyrinthiques et minéraux foisonnant de détails, où s’imbriquent, passages, arcades, tunnels, tours, ruines. Cela évoque les labyrinthes de Piranèse mais également les caprices architecturaux (capriccio) de Robert Hubert. Il nous fait nous interroger sur le devenir de nos civilisations et leur disparition, de la sorte que nous sommes amenés à nous demander ce qui sera perdu à jamais avec cette chute.

Ses extraordinaires feuilles composées à la plume et très subtilement rehaussées aux encres de couleurs, plusieurs dizaines d’heures de travail par dessin, constituent une œuvre unique, qui mérite amplement d’être redécouverte.

Son travail personnel initié dès l’après-guerre, a fait l’objet de nombreuses expositions individuelles en galeries à Nice, à Paris et en Europe, en particulier en Allemagne et en Suisse. Bernard Jan a aimé confronter son approche artistique en participant à plusieurs salons de références, remportant de nombreux prix, notamment le prix Jules Verne à Nantes en 1988.

Bernard Jan est né en 1926 à Bouges dans une famille d’ascendance bretonne. Il effectue d’abord ses études à l’École Nationale des Beaux Arts de Nantes avant de rejoindre l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique à Paris. Il officie d’abord à Nancy avant de se fixer à Nice. Il décède en 2013 à Aix-en-Provence.

Bernard Jan se passionne d’abord pour la création textile, suivant les pas de Jean Lurçat dans le renouveau de la tapisserie. La grande originalité de son oeuvre se situe dans le point d’équilibre remarquable entre une technique brillantissime et un imaginaire des plus féconds.