Lumières et couleurs, un voyage immersif
Du 5 décembre 2025 au 28 mars 2026 – Vernissage jeudi 4 décembre à 18h30
À cette occasion, sera inaugurée l’œuvre monumentale « BLOOM », de l’artiste Stéphane Parain
Une exposition collective avec : Florian Görlitz, Sophia El Mokhtar, Yoann Ximenes, Junior Fritz Jacquet, Collectif Scale, Naomi Maury, Nicolas Grospierre, Colin Hollidge (Colinci) Claude Como et Thomas Antoine Pénanguer.
Dans un monde saturé d’images et d’informations, nous avons voulu revenir à quelque chose de fondamental : la lumière. Non pas celle que l’on regarde, mais celle par laquelle tout devient visible. Elle traverse, éclaire, façonne. Elle donne forme au monde autant qu’à notre regard.
Les œuvres rassemblées ici ne représentent pas la lumière, elles en dépendent, elles existent grâce à elle. Parfois frontale, parfois diffuse, elle s’insinue dans la matière, révèle le mouvement ou en brouille les contours. Comme en photographie, où chaque image raconte une scène, une histoire, mais est avant tout une conjugaison de temps et de lumière, ces créations témoignent d’une relation vivante entre le visible et l’invisible.
Notre souhait n’était pas de proposer un discours, mais une expérience. L’exposition invite à regarder autrement, à suspendre le rythme, à se rendre disponible à ce qui advient. La lumière, ici, ne guide pas vers une vérité, elle ouvre un espace d’attention.
L’art, tel que nous l’envisageons, ne détourne pas du réel. Il y ramène autrement : plus lentement, plus pleinement. Il rappelle que voir n’est jamais un acte neutre, mais une façon d’être au monde.
Adalaïs Choy-Descamps & Thibault Duchesne de Lamotte
Commissaires d’exposition
L’exposition présentée au Centre d’art contemporain de Carcassonne n’est pas une simple variation sur la couleur et la lumière. C’est une exploration de ce qui fait naître la vision, de ce moment où l’œil cesse de reconnaître pour commencer à percevoir. Ici, la lumière et la couleur ne décorent pas : elles construisent le réel, elles le révèlent.
Tantôt éclatantes, tantôt fugitives, elles traversent les œuvres comme des présences vivantes. Dans les œuvres réunies, elles ne se contentent pas d’illuminer : elles deviennent matière, mouvement, mémoire. La lumière palpite, respire. La couleur en est la manifestation sur la matière : elle naît de ce que la lumière touche, de ce qu’elle absorbe ou restitue, et de la manière dont notre regard la perçoit. Elle est à la fois phénomène du monde et expérience du corps, lien tangible entre le visible et le vivant.
Cette relation entre la perception et la pensée n’est pas nouvelle. Elle s’enracine dans une longue histoire : celle de la lumière comme vecteur de vérité. Chez Platon, le passage de l’ombre à la clarté symbolise l’accès à la connaissance ; dans les cathédrales gothiques, elle devient grâce divine, transfigurant la pierre en esprit. L’exposition réactive ces héritages en les détournant : ici, la lumière n’est plus métaphore de savoir, mais expérience de présence. Elle ne nous conduit pas vers une vérité extérieure, elle ouvre à une intensité intérieure, à une manière d’habiter le monde.
Dans l’histoire de l’art, la lumière a d’abord été un langage. Chez les peintres du clair-obscur, elle sculpte les corps et les âmes, révélant le drame intérieur des figures. Le Caravage en fait un instrument de tension et de révélation : le faisceau éclaire autant qu’il juge. Avec les impressionnistes, la lumière devient mouvement. Elle ne vient plus d’une source invisible, mais du monde lui-même. Monet, Renoir ou Sisley peignent l’instant fugitif, la vibration de l’air, la couleur changeante de l’eau et du ciel. La lumière ne décrit plus, elle advient.
Au XXe siècle, elle s’affranchit encore : Kandinsky, Rothko ou Turrell en font une matière spirituelle, un champ de perception pure. La lumière n’éclaire plus les formes, elle est la forme. Aujourd’hui, elle s’émancipe de la représentation pour devenir substance même de l’œuvre. Les artistes ici réunis en explorent les états : lumière fixe ou mouvante, naturelle ou artificielle, projetée, filtrée, réfléchie. Ils construisent des espaces que le visiteur ne regarde pas seulement : il les traverse, il s’y mêle. Sa présence, son ombre, son souffle modifient l’œuvre. L’expérience devient relation.
Cette immersion trouve son prolongement dans la science. La lumière n’est pas qu’un phénomène visuel : elle est onde, énergie, vibration. Sa diffraction, sa dispersion, ses reflets multiples rappellent que la perception n’est jamais fixe, qu’elle se rejoue à chaque instant. La couleur n’est plus une surface : elle naît du dialogue entre la lumière, la matière et le regard. Ce rapport physique devient ici poétique : chaque œuvre agit comme un prisme où le réel se décompose et se recompose sans fin.
Réunissant des artistes venus d’horizons différents, de la sculpture cinétique à la photographie, du textile à la vidéo, Lumières et couleurs, un voyage immersif, propose une traversée sensible. Le parcours n’impose pas un discours, il offre des situations d’écoute, des moments de suspension, des espaces à éprouver.
Chacun peut y projeter sa propre lumière, son propre souvenir, son propre regard.
En redonnant à la lumière et à la couleur leur puissance première, l’exposition invite à retrouver le geste essentiel de la contemplation. Elle rappelle que voir n’est pas un acte passif : c’est un engagement du corps et de l’esprit, un acte de connaissance et de transformation.
Lumières et couleurs, un voyage immersif est ainsi bien plus qu’un thème : c’est une expérience du regard et du monde, une invitation à se laisser traverser par l’éclat, à redécouvrir dans la lumière ce qui nous relie à l’espace, au temps et à nous-mêmes
Centre d’art Carcassonne, 5 rue Jean Bringer 11000 Carcassonne Tél : 04 68 77 73 96
Du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h
- Arts Plastiques, Sculpture
- - Publié le
- Philippe Cadu


