Galerie LÀ Simorre

Paysages hors du temps

Cette série d’images est le prolongement d’une recherche entamée il y a deux ans à l’aide de ce dispositif atypique qu’est, la caméra obscura numérique. Un dispositif hors du temps, un trait d’union entre l’outil des peintres utilisé à partir de la moitié du seizième siècle et l’appareil numérique.

Dans mon processus de prises de vue pas de négatif argentique, mais un écran dépoli manuellement au papier de verre, sur lequel se forme l’image, un dépoli différent pour chaque photographie : c’est ce dépoli qui va être photographié. L’appareil numérique n’intervient ici que pour fixer l’image une fois le choix du cadrage faits. 

Le retour de la main

Cette approche est une nouvelle manière de photographier la réalité, pour retrouver le geste de la main en intervenant directement sur l’écran, support de l’image encore virtuelle. À chaque prise de vues un dépoli unique, qui est préparé, griffé, sur place en fonction du choix du sujet.

L’insaisissable des paysages

Comment appréhender la part insaisissable contenue dans les paysages ? Cette part d’émotion propre à chaque spectateur et qui nous reste en mémoire plus ou moins précisément ? Les paysages sont faits aussi de lumière, de vent, d’odeur, de sons … D’une certaine mélancolie aussi parfois si l’on songe aux lieux de l’enfance, d’une rencontre décisive, d’une rupture. 

La caméra obscura telle que je l’ai conçue est faite pour rendre compte de ces imprécisions dans la représentation du monde, de la fragilité de nos souvenirs devant la complexité des lieux pour d’aller au-delà du paysage réel, pour séparer le réel d’un instantané objectif, à l’inverse de ce que j’obtiendrais si j’utilisais un appareil classique. Une façon de créer des paysages hors du temps à la fois photographiques (objectifs) et comme dessinés (subjectifs). Des images qui une fois exposées seront plus à même de provoquer une interrogation tout autant sur la représentation (le tirage) que sur le lieu photographié.

Olivier Pasquiers, octobre 2025