Guy Madevery – Sans titre
Du 1ᵉʳ février au 13 avril 2025
Si j’ai porté mon regard sur la peinture abstraite, c’est que ma longue période figurative manquait d’une dimension que je n’arrivais pas à lui insuffler. La figuration représentative obstruait ou faisait obstacle à ce que je voulais peindre, tel un effet miroir.
Mais le reflet n’est pas l’image, et c’est à l’image que je voulais accéder: subsister à la figuration, une autre forme de conscience née de la matière et de l’esprit. Cette dimension libérée des pesanteurs figuratives (l’échange de rapidité et de fluidité) contribua à l’élaboration d’un autre travail. La mise en oeuvre des nouveaux outils, la combinaison des différents matériaux et leur finalité ajoutèrent à ‘assemblage de ces données un nouvel espace de réflexion.
Cette évolution a bousculé le centre d’intérêt pour aboutir à un autre forme d’art, plus intuitive, plus créatrice. S’est modifiée en même temps que mes toiles ma propre nature.
Celle-ci, s’étant nourrie de son évolution, a trouvé de nouvelles formes d’expression.
Cette maturité ou plutôt maturation m’a conduit à ne plus nommer mes toiles, ce qui impliquait un sens, une direction que je voulais soustraire à l’analyse. Seul le regard suffit.
Guy Madevery vit et travaille sur cette terre d’élection des peintres, entre Perpignan et Collioure, en passant par Céret. Guy Madevery naît en 1949 à Montluçon. Il choisit les Pyrénées-Orientales en 1980, où il installe son atelier.
Après avoir pratiqué l’art figuratif pendant plusieurs années, il se dirige très naturellement vers l’art abstrait « en matière d’art écrivait Ben Nicholson (1894-1982), un carré ou un cercle ne sont rien en eux-mêmes et ils n’existent uniquement que dans l’utilisation instructive et inspirée que l’artiste en fait en exprimant une idée poétique ».
L’originalité du travail de Guy Madevery réside dans cette interdépendance du sensible et du mental. La concision de son langage et son jansénisme linéaire entre le sentiment de pureté qu’il propage ménage la part de l’intuition se dirigeant vers une certaine méditation de recherche poétique. Il pourrait-être l’héritier du Bauhaus, élaborant un art personnel d’une stricte exigence qui s’inscrit dans la continuité réinventée du néo-plasticisme avec les moyens les plus réduits.
Des carrés, des croix, des sphères, des rectangles énoncés dans une certaine dialectique, témoignant de sa vision spécifique de la peinture : une peinture vidée de toute scorie, tournée vers une gestation construite, basée sur un ordre qui ne doit rien au hasard, mais découle d’une longue maturation intérieure.
Les simples éléments de son style gouvernent une expression qui agit en profondeur. Autonome et interdépendant, il confirme la précision d’un esprit logicien en cultivant la synthèse hors de toute convention. L’intensité des rapports inclus dans l’imbrication des signes, traduit une imagination active, une certaine manière de sentir la peinture comme émergence de la pensée.
Madevery fuit le marché de l’art, les diktats esthétiques et trouve le sens de son univers dans d’autres valeurs, comme l’irrationnel et l’imaginaire. Pas d’art sans ivresse, pense-t-il, et son ivresse fuse en s’accordant aux formes multivoques de sa peinture, peinture à temps cyclique alternant avec la réflexion et l’écriture selon l’inclination de ses recherches plastiques.
Christian Karoutzos
Hôtel Pams 18 rue Émile Zola 66000 Perpignan
Du mardi au dimanche de 11h à 17h30
- Arts Plastiques
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