Construite en partenariat avec le Mobilier national, l’exposition explore la notion d’Imaginaires dans l’art de la tapisserie. Récit d’aventures imaginaires transposées, illustration de contes et de fables, exploration de sentiments, de visions de l’esprit, représentations d’ailleurs imaginés ou rêvés, l’exposition montre les différentes formes que peut prendre l’imaginaire selon les artistes, les époques.

L’exposition invite à parcourir des Imaginaires prenant des formes aussi bien figuratives qu’abstraites, permettant au visiteur de se déconnecter un temps du monde réel, pour déambuler dans un Ailleurs enchanté qui mêlera tapisseries anciennes et modernes.

Le parcours de l’exposition

L’exposition a choisi trois entrées pour explorer l’imaginaire :

– les contes, fables et mythologies,

– ce que l’on imagine… ou pas : représentations,

– les ailleurs.

Chacun de ces territoires a été visité par des artistes classiques et des artistes contemporains. L’exposition présente au total 19 tapisseries et 1 tapis, du 16ème siècle à nos jours.

Si le Musée de Lodève ne possède pas de tapisserie dans ses collections, son lien avec l’art du tissage est néanmoins très étroit de par sa proximité avec la

Manufacture nationale de tapis de la Savonnerie. C’est en effet à Lodève qu’est installé, depuis 1964, l’unique annexe de cette grande institution multiséculaire.

L’imaginaire

Toute image représentation nouvelle initiée par un créateur est une transformation du réel (passé ou présent) imputable à une imagination que Gaston Bachelard définissait ainsi :

« On veut toujours que l’imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières de changer les images. » […]

Une question lancinante mais toujours encore indécise porte sur la nature de l’imagination créatrice : est-elle le fruit d’un travail et d’une inspiration ou génie ? Les artistes eux-mêmes décrivent de manière très disparate les états psychologiques qui président à la démarche créatrice. […]

L’imagination créatrice en art est généralement inséparable d’un sentiment de contrainte intérieure […] ; car par-delà leurs intentions expressives singulières, les grandes oeuvres ravivent des thématiques mythiques, dont on peut suivre les tribulations à travers l’histoire de l’art (les mythes grecs d’Orphée, de Narcisse, par exemple, sont réactivés, périodiquement, délibérément ou inconsciemment, en peinture, en littérature, au théâtre, dans la musique d’Occident), et qui rattachent en fin de compte l’acte de création à une sorte de répétition sans fin d’un sens primordial, dont chaque artiste n’est alors que l’interprète occasionnel. […]

L’imaginaire n’est pas un supplément de réalité, mais une texture langagière et sensorielle qui élargit notre expérience, spatialement et temporellement, en nourrissant notre conscience et même notre inconscient, notre subjectivité, notre esprit ou notre âme de contenus nouveaux. En se présentant sous forme d’images langagières ou matérielles (visuelle, sonore), l’imaginaire donne du plaisir esthétique mais surtout donne à penser et à rêver, au sens où la rêverie recompose l’ordre banal des choses, ses formes et ses couleurs, en élargissant le rayon du monde dans lequel nous sommes insérés. Une fois rencontrée en un lieu et un temps limité, comme une tapisserie dans un musée ou une exposition, l’oeuvreimage nous pénètre, nous imprègne, dépose en nous des émotions et affects […].

Jean-Jacques Wunenburger, Professeur émérite de philosophie, Université Jean Moulin Lyon3