Vernissage de l’exposition, précédé d’un dialogue autour de l’oeuvre de Denis Brihat, avec Solange Brihat, Jean Deilhes et Michel Dieuzaide.

Le vernissage sera suivi dans l’après-midi de la projection de films sur Denis Brihat (réalisés par Michel Tournier en 1969, et par Jean-Claude Gautrand en 1993).

Denis Brihat a d’abord pratiqué la photographie de reportage et d’illustration. Il faisait partie de l’agence RAPHO. En 1957, son travail réalisé en Inde (1955-1956) lui vaut le Prix Niepce. 

Mais en 1958, déterminé à se consacrer à la photographie qu’il souhaite faire depuis toujours (notamment après avoir découvert le travail d’Edward Weston) — révéler la beauté et la complexité de la nature et le transmettre au public. 

C’est alors qu’il s’installe à Bonnieux en Provence. À côté du travail de formation, d’enseignement, dans son atelier provençal ou lors de stages, le laboratoire est resté son domaine. Denis Brihat n‘a jamais cessé d’inventer ni d’exposer. 

Près de deux cents expositions ont permis de découvrir ses œuvres, dans le monde entier. L’édition a aussi diffusé largement ses photographies, depuis les portfolios édités par ses soins jusqu’aux monographies proposées par les éditions Le Temps qu’il fait et plus récemment par Le Bec en l’air, que nous présenterons dans l’exposition.

La publication qui accompagne toutes nos expositions paraîtra à l’occasion du vernissage. ©G. Monti

Herbes, coquelicots, kiwis et autres oignons. Les murs de la galerie.

[…] C’est ainsi, Denis Brihat photographie depuis des décennies, sans commentaires, des fleurs, des fruits, des légumes et d’autres choses plus ou moins nobles. Comme l’a écrit l’impeccable Charles-Henri Favrod, il le fait « en épousant si fort l’objet qu’il figure intrinsèquement dans sa réalité physique », avec la tranquillité de celui qui sait, et la juste distance de celui qui doute être « chose parmi les choses ».

Procédant par agrandissement des détails, il tranche littéralement dans un citron, un kiwi et offre ainsi à nos regards de myopes une perception enfin accessible aux « merveilles de la création ». Nous montrant la structure interne d’un oignon ou d’une truffe, ce n’est pas seulement à l’essence de l’oignon ou de la truffe qu’il ouvre nos sens, c’est un peu de clarté qu’il propose à la sombre perplexité de notre pensée sur la nature. Ce faisant, il agit en poète. Pourtant il sait bien, lui aussi, que le diable est dans les détails et qu’« un gigot peint par un affamé aurait toutes les chances d’être un chef-d’oeuvre ». […]

Georges Monti. Extrait du livre Éclats d’infini

Indes 1955. Les cimaises de la librairie étrangère.

[…] Les photographies de cette exposition datent de 1955. Denis Brihat passa un an en Indes. Elles lui valurent le Prix Niepce 1957, récompensant un jeune photographe. Il fut le troisième en date après ses amis R. Doisneau et Jean Dieuzaide. Voici la présentation de

Frédéric Lecloux, photographe et écrivain : « Inde : 1955-1956. Un voyage d’une année, à petite allure, sans argent ou presque, les wagons de troisième classe pour véhicule, les temples pour auberge et les pèlerins pour compagnons : la vie en somme… Concrétisé par une rencontre, celle de Louis Frédéric, indianiste brillant, alors sur le départ : pourquoi ne viendrais-tu pas avec moi ? Denis Brihat se consacrant au Nord, Louis Frédéric au Sud.

Travail de commande pour Brihat sur l’art et l’architecture Moghol, mais c’est dans les interstices de ce travail de commande que Denis Brihat prend ce qu’il appelle ses “photos d’amateur” … il en résulte une suite d’images et d’impressions recueillies sans scénario, sans idée préconçue, mais surtout avec un profond amour de l’autre. L’alliance de ce savoir-faire, de ce respect et de cette absence de préméditation donne à ces images une épaisseur et une légèreté qui défient le temps. » […]

Extrait du texte de Frédéric Lecloux du portfolio : Indes. 2020