Les habitants continuent de l’appeler le village des Crottes, leur village.

Ce mot village, porté comme un manifeste, une revendication, une résistance, nous interroge. En apparence, le village des Crottes ressemble à un village.

L’ombre des arbres sur la place, la pente des ruelles, la couleur du ciment vieilli des façades, les escaliers en pierre de quelques marches devant l’entrée des maisons, la nature sauvage entre les murs, les portes ouvertes, le linge dans la rue, l’épicerie, le boucher, l’église. Le sentiment d’une architecture qui fait corps, avec des bâtiments qui se serrent les uns contre les autres, qui se supportent mutuellement, pour créer un ensemble qui de loin, paraît d’un seul tenant. 

Le village est aujourd’hui au cœur d’un espace en chantier, en transition. Tout bouge : destruction, reconstruction, poussière, travaux, bruits ; l’espace est repensé, ré-aménagé, instable, malmené.

Quand les habitants défendent leur village, ils ne défendent pas seulement une architecture et un espace géographique précis, mais une idée plus vaste : une manière de vivre ensemble, d’habiter, une proximité. 

Puisqu’il s’agit bien de vivre ensemble, dans la cité, dans laquelle « les espaces réussis, sont les espaces favorables au bonheur » pour reprendre les mots d’ Henri Lefevre.

Comment faire village ? Comment contribuer à la vie du territoire dans lequel nous, groupe de créateurs d’horizons divers, nous trouvons projetés dans le cadre du projet Jeanne Barret ? Quel rôle jouer dans un espace en transition ? Comment rendre possible la rencontre, à laquelle notre ambition est d’offrir du temps?

Faire Village est pensé comme un moment de rassemblement : expositions dans et hors les murs, plateau radio, fête de village, vide grenier, repas partagé, work in progress, discussions et échanges. 

L’ambition est de co-construire un espace autorisant, de délibérations et de rencontres. D’en créer les conditions de possibilités, en invitant des artistes, des penseurs, des habitants citoyens, des aménageurs, des promoteurs ; celles et ceux qui participent à cette œuvre commune qu’est la ville.

Avec Julien Oppenheim, Juliette Guérin, Chloé Despax, Damien Ravnich, Nicolas Memain, Paloma Rouillier, Amélie Perrot et Mélanie Métier, Pierre Itzkovitch, Charlotte Morabin, le comité des gens excellents, Olivier Vadrot, Raphaël Besson, Sandra Cadorin, Stéphane Félius, Bernard Vassallo. 

Et le groupe SOS – UHU la Minoterie, l’école maternelle Extérieur, le collège Rosa Parks, l’association Indicible, Amelior, les femmes du cours d’alphabétisation de l’école, l’après M, Switch (on Paper), Radio Grenouille.

Avec le soutien de la Mairie de Secteur des 15ème & 16ème arrondissement de Marseille, Euroméditerranée, le Ministère de la Culture, La Plateforme, les commerçants du village des Crottes, Icade, Les Fabriques et ICI Marseille. Dans le cadre des Journées Nationales d’Architecture et du festival Photo Marseille 2023.