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Robert Combas – Tatouages académiques

Du 30 mai au 7 juillet 2024 – Vernissage jeudi 30 mai de 17h à 20h

« Les premiers « tatouages académiques » de Robert Combas remontent au début des années 90. À l’époque, les vrais tatouages corporels étaient encore marginaux (on les trouvait par exemple chez les marins, les prisonniers, les bikers…) et l’artiste n’aurait sûrement pas imaginé qu’ils prendraient une place croissante dans notre société. Ou peut-être l’a-t-il pressenti justement ?

Ce titre générique de « tatouages académiques » que Robert Combas donne à ses œuvres sur papier ayant pour supports d’anciens dessins d’études académiques – le tatouage de l’artiste se superposant à la tradition d’enseignement du dessin – évoque une histoire de transfiguration, celle de la tradition avalée par l’artiste pour la recracher sous une forme totalement réinventée.

 Il s’agit aussi d’une histoire d’identification de ce que l’artiste dessine. Robert Combas tatoue ses dessins d’origine anonyme pour leur donner une identité tout à fait singulière, leur imprimer une marque individuelle. Comme un ethnologue de sa propre pensée, Robert Combas recense une par une toutes les peintures corporelles qu’il voit surgir dans son esprit.

Deux séries distinctes apparaissent dans cet accrochage à la galerie Chartier : une série, plus classique chez l’artiste, de portraits en bustes côtoie une série plus inhabituelle de portraits en pied représentant essentiellement des corps féminins dénudés.

Dans la première série, Robert Combas tatoue des dessins de bustes antiques souvent reconnaissables. Les modèles du dessinateur originel ne sont pas des modèles vivants mais des sculptures, par définition inanimées. C’est vraiment la tradition qui est interrogée, le rapport de l’artiste aux grandes civilisations grecque et romaine de l’Antiquité. Le titre de la première exposition collective et fondatrice à laquelle Combas a participé en 1981, « Après le classicisme », était en ce sens prémonitoire. Comment l’art classique a continuellement été relancé sous d’autres formes d’art : renaissance, baroque, néo-classique… 

Robert Combas s’inscrit dans cette lignée d’artistes qui questionnent ce qui a existé dans l’art avant eux et qui brouillent les chronologies linéaires. Les concepts d’élégance, d’harmonie et de proportion de l’art classique sont ici passés à la moulinette Combas et, à contre-courant, son oeuvre n’a jamais cessé d’interroger les concepts inverses de vulgarité, de discordance, de déformation, de temps circulaire.

Dans la seconde série de tatouages académiques présentés à la galerie, surgissent des images qui nous éveillent à d’autres complexités du monde. Car nous y voyons des femmes soumises à la concupiscence des yeux des hommes ou de regards obscurs, mais ce sont aussi des images de femmes qui revendiquent leur liberté de se dénuder ou de s’habiller de sous-vêtements glamours. 

Ces femmes portent des harnais de liberté et non d’emprise, des corsets qui leur permettent d’assumer leur érotisme et de se moquer des regards portés sur elles. Toutes ces femmes sont leur propre maître, et c’est en cela que leur irrévérence nous bouleverse.

Cette seconde série est aussi l’occasion pour Robert Combas de réinventer le rapport de l’artiste à son modèle. Il lui arrive de nommer ces dessins des « faux vrais modèles ». Car il s’agit à chaque fois d’un modèle que l’artiste n’a pas connu véritablement, mais dont il s’approprie néanmoins l’image. C’est donc un faux

Robert Combas est né à Lyon et a grandi à Sète dans un milieu populaire, cosmopolite et marqué par la pensée communiste. Il étudie les Beaux-Arts à Montpellier de 1974 à 1979. Ce premier changement d’environnement culturel imprègne sa démarche artistique d’un savant mélange de « culture populaire » et de « culture légitime».

Surpris par l’énergie de la peinture de Combas, qu’il associe à la Trans-avant-garde Italienne (Enzo Cucchi, Francesco Clemente…) et aux nouveaux fauves Allemands et Autrichiens (Georg Baselitz, Martin Kippenberger…), Bernard Ceysson, alors directeur des musées de Saint-Etienne, propose au peintre une première exposition collective en 1980, « Après le classicisme », au Musée d’Art et d’Industrie de la ville. 

À la même époque, Combas rencontre les marchands Bruno Bischofberger et Daniel Templon et décide de s’installer à Paris. Les expositions se succèdent au cours des années 80 (chez Bernard Lamarche-Vadel à Paris; chez Ben Vautier à Nice; au MAMVP à Paris ; à l’ARCA de Marseille ; au CAPC de Bordeaux…). Rapidement son travail acquiert une large visibilité en France et en Europe, des galeristes montrent son travail à Düsseldorf (Eva Keppel), Amsterdam (Swart), Venise (Il Capricorno) puis aux Etats-Unis (Léo Castelli, New York), et jusqu’à Séoul (Blue).

Galerie Henri Chartier, 3 Rue Auguste Comte, Lyon 2ème Tél : 06 70 74 80 92

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