La Cabane

 Il y a la Terre et il y a le Monde, il y a le chaos et il y a la mesure.

Entre Terre et Monde, entre chaos et mesure, il y a le poème.

Peindre pour moi c’est trouver ce poème. Et ce poème se donne par la lumière.

Je peins le vulnérable, le fragile ; une pomme, un sein, un être humain sans artifice, une jouissance, quelques roses dans un simple verre.

Je leur donne une majesté, du moins j’essaye, et c’est ce que j’aime, c’est ce qui me touche, c’est ce que je veux partager, aider à regarder, car c’est dans cette vulnérabilité, dans cette fragilité même, que réside la beauté.

Le métier et la technique me permettent d’être le plus juste possible dans ce voyage vers la poésie et la beauté muette du Monde.

Pierre-Marie Corbel

Cependant, si au lieu de regarder, on essaye de voir ce qui se passe, ce n’est plus si simple. D’abord, le peintre est-il vraiment une ombre immatérielle comme toute ombre ? Pas vraiment, et même pas du tout.

Feuillage parfois, brindilles ailleurs, plumes de petit oiseau français ou de paon hindou, grouillement d’asticots ou fragment d’écriture oubliée, moucheture de papier peint grand-mère ou coulure à la Pollock, marbrure d’ébrou moyen oriental ou kraft chiffonné, il est translucide, ici transparent, ici transpercé par l’un de ses personnages, ici puissamment inscrit sur cet immense fond qui forme l’arrière-plan de tous les tableaux.

 Quant aux personnages et aux objets qui parfois les entourent, ce n’est pas simple non plus du tout si on décide de voir pour de bon. Car dans ce rien, ce no man’s land, il y a non seulement des êtres humains. Mais aussi des choses, terriblement choses.

Pierre Christin