PARCC Centre d'art Labenne

Le PARCC propose une immersion dans les œuvres de Muriel Rodolosse, artiste engagée depuis les années 90 autour des questions d’écologie et de féminisme.

Muriel au pays du vivant 

L’exposition de Muriel Rodolosse est imaginée comme une aventure, une promenade dans une autre perception du vivant, de l’autre côté du miroir. Quand on entre dans la grande salle du PARCC, on est surpris par un horizon de forêt. On retrouve des impressions paysagères que l’on vient juste de traverser en arrivant. Les œuvres de l’artiste entrent en résonnance avec la forêt située à l’extérieur, comme si l’architecture du bâtiment s’effaçait, comme si on découvrait une autre forme de réalité. 

L’exposition est construite autour du grand tableau linéaire PAR LES YEUX DE LA LOUVE, LA TRAVERSEE DE LA GROTTE qui est en suspension et s’offre ainsi à un regard panoramique. C’est la première fois que cette grande œuvre prend ainsi forme et invite à s’en approcher, à s’y déplacer. 

Le récit s’engage dans la forêt exploitée de sapins de Douglas rectilignes, avec un sous-bois où les plantes sauvages et domestiques se confondent. Nous croisons la femme-louve dressée sur des spartiates à talon, entre posture de séduction et de combat, elle revêt un masque en bois et amène à poursuivre le chemin à travers la forêt primaire. 

C’est un foisonnement de plantes, fleurs, champignons, animaux, insectes qui ressentent de l’empathie pour la louve mourante et se retournent pour la soutenir. Le parcours continue dans une caverne, l’intérieur de la terre, un espace primitif, initiatique pour s’envoler vers Lupus la constellation de la louve. Cette grande peinture transcende les questions de vie et de mort. Le vivant apparaît dans toute sa beauté et sa fragilité au sein de l’univers. 

Au centre de la salle, la grotte est un espace intime propice à la réflexion et à l’introspection. Dans un décor de rochers et de cascades, des textes poétiques et critiques ainsi que des dessins sollicitent notre rapport à l’étrange, à l’autre, à l’inconnu, au mystère de la vie. C’est une installation de papier, de lumière, d’encre de Chine et de feuille d’or. Dans cet espace isolé du monde, à chacun d’y trouver des échos à son imaginaire. 

Une série de cinq tableaux est accrochée du plus grand au plus petit. C’est joueur et intriguant. Cela incite paradoxalement à rompre avec les hiérarchies entre animaux et présence de l’humain. Des papillons sur le plus grand tableau, un paysage avec une cabane, un grand cerf, une libellule. 

Tout le long de cette errance dans l’exposition, on reste fasciné par l’étrangeté des détails, par les dégradés évanescents, par la brillance des couleurs qui confèrent au déplacement. Un déplacement susceptible de transformer nos regards et nos attitudes