Dans son ouvrage L’invention du paysage,  Anne Cauquelin explique que la satisfaction que nous éprouvons à regarder un paysage n’est pas d’ordre sentimental mais plutôt rhétorique.

Le paysage vu serait comme un énoncé parfaitement juste et les modalités même de cette énonciation seraient sources de plaisir lorsqu’elles correspondent à l’image que nous nous faisions du paysage rêvé.

Cette conception peut elle éclairer les œuvres de Michele Ferri puisque ses paysages, dits philosophiques, semblent s’organiser à partir de signes et de formes sans écho direct avec le réel ?
Un Monde des Idées selon Platon en quelque sorte, parfaitement conforme à notre conception usuelle de la philosophie. Mais alors, un monde hors du sensible…

Pourtant là est en revanche tout le défi de Michele Ferri qui, par des formes incertaines, des matières riches ou les fragments d’une typographie illisible – et sans véritablement concéder à la figuration – guide nos pas dans le monde même des idées.

Contrariant quelque peu Platon, il nous offre ainsi une périlleuse et savoureuse traduction plastique de cet univers conceptuel jusqu’alors invisible. 

G Boudot