Michael Kenna – Constellation
Du 18 octobre 2025 au 25 janvier 2026 – Vernissage vendredi 17 octobre à 18h30
L’exposition « Constellation » est une rétrospective exceptionnelle de l’œuvre de Michael Kenna, figure majeure de la photographie contemporaine en noir et blanc. Depuis plus de cinquante ans, ce photographe britannique, voyageur infatigable, explore le monde avec une sensibilité rare, captant l’empreinte du temps, la mémoire des lieux et la poésie silencieuse des paysages.
L’exposition rassemble 124 tirages argentiques, tirés d’un corpus d’environ 4000 tirages, représentatifs des grandes séries qui jalonnent son parcours : les paysages de nature, urbains et industriels du nord de l’Angleterre ou de Detroit aux États-Unis, la France, les jardins Le Nôtre, les bords de mer nimbés de brume, Nice, Venise et l’Italie, les autres pays européens, les USA, les arbres incontournables du Japon, la Chine, la Thaïlande, et la Corée.
Vingt et un pays sont représentés dans l’exposition, choisis dans une géographie kennienne de quarante-trois en tout. Les tirages sont toujours réalisés en noir et blanc, ils traduisent une esthétique poétique et contemplative, empreinte d’une grande rigueur formelle. Michael Kenna photographie souvent à l’aube, dans la nuit ou par temps couvert, à l’aide de poses longues qui transforment la réalité en vision onirique.
Loin du diktat des instantanés, son travail relève de l’évocation, de la suggestion. Il privilégie les atmosphères, les rythmes, les lignes. Son regard essaie de capter ce qui demeure, la présence dans le vide de l’absence : un arbre solitaire, un chemin, une trace. Il interroge ainsi notre rapport à la mémoire collective, au mystère. Sans jamais céder au spectaculaire, ses images invitent à la lenteur, à l’introspection.
Il a choisi le format le plus difficile, le petit format.
Cette rétrospective met en lumière la cohérence et la profondeur d’une oeuvre où chaque photographie semble suspendue entre le visible et l’invisible. Elle propose une traversée intime de la terre, guidée par un artiste qui, avec humilité et exigence, nous rappelle la beauté du monde par la force du regard et l’appel du silence.
Constituée à l’invitation du musée de la Photographie Charles Nègre à Nice, cette exposition est rendue possible grâce à la donation exceptionnelle que Michael Kenna a consentie à l’état français en 2022. Le fonds est conservé aux bons soins de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP).
Sabine Troncin-Denis Commissaire de l’exposition
Biographie
Né en 1953 à Widnes, petite ville industrielle du nord-ouest de l’Angleterre, Michael Kenna grandit dans une famille catholique ouvrière, au sein d’un environnement modeste. Son enfance est marquée par une éducation religieuse rigoureuse : il passe sept années dans un petit séminaire, envisageant un temps la prêtrise. Mais au fil de ses études, une sensibilité artistique émerge, et il s’éloigne progressivement de la voie ecclésiastique pour se consacrer à une autre forme de contemplation : la photographie.
Il entame alors une formation artistique à Londres, à la Banbury School of Art, avant de rejoindre le London College of Printing, où il approfondit sa connaissance de l’image et du tirage photographique. Diplômé en 1976, il s’installe l’année suivante aux États-Unis, terre d’accueil de nombreux artistes européens.
À San Francisco, il fait une rencontre décisive avec la photographe Ruth Bernhard, figure majeure de la photographie moderniste. Pendant plus de dix ans, il collabore avec elle comme tireur dans la chambre noire.
Cette expérience sera fondatrice : elle façonne son exigence technique, son rapport intime à l’image et à la matérialité du medium, devenu l’une des signatures de son oeuvre. La précision, la patience et la recherche de perfection qui caractérisent ses tirages argentiques en noir et blanc trouvent là leur origine.
Le voyage joue un rôle central dans son processus créatif. Michael Kenna parcourt le monde depuis plus de cinquante ans, à la recherche de paysages propices à la contemplation et à la transformation du réel par la lumière.
Des arbres isolés en Angleterre ou des monuments comme le Mont Saint-Michel en Normandie, aux temples shintoïstes du Japon, des plages de Corée aux paysages industriels graphiques américains, il construit une œuvre où la nature et la trace humaine coexistent dans une forme d’équilibre poétique.
Il photographie aussi des lieux de mémoire, long et méticuleux travail réalisé sur 12 ans, comme les camps de concentration nazis, qu’il aborde avec une grande sobriété, loin de toute mise en scène, mais empreints d’une force de suggestion poignante.
Musée de la photographie Charles Nègre 1 Place Pierre Gautier – 06300 Nice
Tél. : +33 (0)4 97 13 42 20
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