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La colombe de la paix Pablo Picasso

Louis Granet – Merveilles Zone

Du 24 novembre 2023 au 17 mars 2024 – Vernissage jeudi 23 novembre à 19h

Depuis 2005, l’artothèque de Pessac invite chaque année un·e artiste dans le cadre d’une création d’exposition soutenue par la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

l’artothèque a le plaisir d’accueillir Louis Granet en 2023.

« Pour « Merveilles zone », je remets mon dessin au centre. Le dessin qui me caractérise. Celui que j’ai appris à développer depuis ma jeunesse, qui m’a permis de comprendre le rythme d’une bande dessinée ou la composition d’une peinture. Ce sont mes souvenirs de voyage dans le sud-est et d’images captées : les oliviers, les filets de chantier dans la forêt, les méduses de ma femme, le plongeon dans une piscine, la fumée d’une cigarette, le ciel à 21h quand il commence à faire nuit … Cette exposition a quelque chose de l’ordre de l’intime. Je l’adore et je la construis comme une histoire. »

« Merveilles zone » par Joan Ayrton, artiste et chercheuse anglo-suisse résidant à Paris

« S’il fallait retranscrire au plus juste le concentré de nos conversations, échanges de textos, de « vocaux », nos moments dans l’atelier, nos pensées croisées, ce texte devrait être lu à voix haute, en marchant, peut-être, dans l’espace d’exposition le soir de ton vernissage. Merci Louis d’avoir fait de moi, depuis quelques semaines, le témoin d’une mue – tu m’as dit ce mot tout à l’heure lorsque je suis revenue dans l’atelier voir l’avancée du travail, les grandes peintures terminées. 

Une mue donc, un virage, une transformation après ce qui semble avoir été une décennie de peinture à 100 à l’heure* : vive, nerveuse, ultra colorée, très pop, très dense, très stimulante. D’impressionnantes compositions faites de mille détails capturés en photo ici et là, partout, autour de toi, puis traduits en dessin – médium premier, essentiel, et toujours fiable. Dix années donc, d’une peinture d’urbanité, de consumérismes, de vitesse, d’ivresse, nourrie d’un océan d’explorations et de références picturales. Puis, soudain (sans doute pas si soudainement d’ailleurs, mais c’est ainsi que l’histoire me parvient), tu décélères, tu t’interroges, tu décides de prendre du temps, de faire autrement. Tu veux peindre.

Mais, Louis, tu peins depuis dix ans non-stop !

Oui mais là je veux peindre. Je veux dire, regarde, là, par exemple, je n’ai jamais peint une fumée de cigarette, je me dis : comment je fais ?? Je peins !

Ah. Je vois. Ce qui change donc radicalement : tu as fait tomber l’échafaudage. Tu lâches ce qui persiste des premières années, celles de la bande dessinée – la ligne claire, le trait noir, le détour. La peinture n’est plus un acte de remplissage, elle prend désormais tout en charge, le dessin, la composition, le volume, la perspective, la matière … et, eh bien, c’est vertigineux.

« Merveilles zone » est un jardin, une pinède, un bord de mer, dans une région jamais visitée auparavant – le Sud Est – et adorée. C’est surtout une pause estivale, un temps de détente où tout s’étire dans la douceur de journées longues et chaudes, enveloppées des chants des grillons. Les arbres, les plantes, le ciel, les objets en bord de piscine, les musées visités, ce temps suspendu – tout ça est le théâtre intime et sensible dont sortiront des visions hallucinées aux couleurs flamboyantes, paysages luxuriants aux lignes folles, végétations vrillées, nouées, ultra organiques et sculpturales. Les troncs sont des corps, des coudes, des hanches, des os, des visages. Les nuages sont des pins, les pins sont des mains …

« Merveilles zone » est un rêve, comme celui d’Alice, un rêve doux, étrange, anxieux, monstrueux. Devant ces formes et ces couleurs, on parle, toi et moi, de gestes, de matière, d’une peinture sans entrave, libre de chercher ses mouvements, ses résolutions. Tu joues, tu inventes (un Vasarely, une fresque de Léger), tu cherches, tu avances. Et comme toujours, tu penses à tes peintres – pas Dali que certaines formes m’évoquent (chairs plissées et coulantes sur des rochers en bord de mer) – mais celles et ceux, notamment, de ta génération, Karel Dicker, Issy Wood, Marcus Jahmal, Louise Bonnet, Omari Douglan, et pas seulement : tu me montres les arbres de Marsden Hartley, tu adores Georgia O’Keeffe, et Matisse – son orange, son vert, son bleu – et Van Vogh, m’écris-tu, te rend dingue, tu le regardes tous les jours depuis dix ans.

Incroyable, ce désir aujourd’hui chez toi et tes pairs d’en découdre avec la peinture figurative, ce qui frappe est la joie – c’est ton mot – qui accompagne le travail. Et aussi l’obsession – mon mot, cette fois. Toute personne connaissant le milieu des écoles d’art reconnaîtra le regard courroucé d’un directeur technique face à une palette saturée de peinture et ce qu’il qualifie de gaspillage …

« coupez-lui la tête ! » dit la Reine de cœur … je me faisais un plaisir déjà à l’époque (et encore aujourd’hui) de dire qu’il faut laisser tranquille ces jeunes esprits aussi intensément au travail, ne pas les freiner, les limiter, juste laisser faire – et tant pis pour la matière séchée, perdue. Tu étais le premier arrivé et le dernier parti, debout devant ta toile, casque sur les oreilles, plongé dans ton monde, dans les lignes et les couleurs, non-stop. Comme durant ces dix dernières années.

Ça me touche beaucoup, cette façon de tout retourner, de tout repenser. De ralentir, de réfléchir, au moment où le grand tout global accélère comme une flèche (vers plus de chaleur, plus de dérèglements, plus de conflits). Faire d’un coin de campagne près de la mer un paradis absolu (peut-être perdu) – ne pas aller le chercher à l’autre bout du monde – cette absence de spectacle, de grandiloquence, et une impressionnante lucidité sur les enjeux de société, sur ta propre psyché, ton parcours, tes liens d’amitié, de travail, ton besoin d’apprendre, de comprendre, de réparer aussi peut-être – tout ça est réjouissant. «Merveilles zone» naît de ces questionnements, et ce sera un paysage. Un beau grand paysage hyper coloré. Beaucoup de bleu, une cascade de vert (Léger, encore lui !), le son des grillons, et douze peintures. Sept sur toiles, cinq sur papier. Les premières d’une décennie nouvelle, éveillée au cœur de l’été dans les parfums de thym et d’aloé véra. »

* En référence au titre de l’article de Véronique Bouruet-Aubertot paru dans Connaissances de arts en 2019
Né en 1991, Louis Granet vit et travaille à Paris. Après deux années passées à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, il est diplômé en 2012 du DNAP – EESI Angoulême et en 2014 du DNSEP – ESAD Strasbourg avec les félicitations du jury.

Ses travaux ont fait l’objet de multiples expositions en France et à l’étranger : à la Galerie GP & Nathalie Vallois, Paris, en 2016 avec « Heroes », ainsi qu’au Frac Aquitaine, au NXA, Chicago, en 2019 avec « Exposition Chicago », au NWA, New-York, en 2020 avec « Free, Super Fast !!!!!», à la Zidoun-Bossuyt Gallery, à Miami, en 2020, à la galerie Cuturi, Singapour, en 2022…

Les arts au mur artothèque, 2bis, av. Eugène et Marc Dulout 33600 Pessac

Tél :05 56 46 38 41  Venir à l’artothèque

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