Joelle Gay – Brise de Terre
Du 4 avril au 10 mai 2025 – Vernissage vendredi 4 avril à 18h
Régulièrement exposée ces dernières années – SOL ! MO.CO. Panacée en 2021, Courant continu, Moulin des Evêques à Agde en 2018- Joëlle Gay présentera un ensemble de sculptures récentes, en céramique et en plâtre.
Le titre et le visuel font référence au paysage naturel, composante essentielle de son travail. Le boomerang introduit la dimension spatiale de ses dernières recherches, comme mesure du territoire et comme repère originel. « Boom-ma-rang », littéralement « Reviens bâton ! » est un instrument dont les fonctions s’adaptent à l’environnement, chasse, guerre, cérémonie.
« Si mon expérience du paysage s’enracine toujours dans un lieu particulier, ce particulier aimante toujours d’autres lieux, d’autres mobiliers du monde. Ainsi Brise de Terre comme Sœur Océanique font partie d’un ensemble de pièces, iles de l’archipel Les Hissés, où la mer lie plus qu’elle ne sépare.
J’ai un vœu enfantin persistant, celui de m’inscrire dans l’évidence d’un monde où les cultures, les êtres, les imaginaires, du proche et du lointain, entreraient en relation hors territoire fermé, tels des îles d’un archipel.
Cette pensée archipélique investit par le poète et écrivain Édouard Glissant se manifeste dans le travail par des appositions, cohabitations, correspondances de formes et d’intentions non prévisibles. Je convie et reconduis tout autant des gestes, pratiques, mobiliers issus des peuples premiers que diverses cultures de proximité géographique, une manière de rendre visible, audible mon lien et mon profond attachement à une identité-rhizome*.
J’observe les pots, les jarres, les cruches, les vases, j’apprécie leur creux, leur diversité, leur pertinence et leur justesse. Justesse dans la prise en main, justesse du bec verseur d’où l’eau s’écoule. J’ai une tendresse, un intérêt puissant pour ces objets. J’aime leur modestie, leur retrait, ils me parlent de sculpture, d’eau douce, de ma main et de celles des autres.
Je fais confiance à mes cueillettes, aux matériaux glanés, à ceux qui me regardent. En dormance dans l’atelier, ils peuvent rester ainsi un jour, des mois à voisiner des pièces en train de se faire. Puis, de manière inattendue, selon une logique de coévolution des ensembles en présence, certains s’activent. Il y a plusieurs mois, j’ai fixé un boomerang au mur comme on accroche un cintre au clou – laissé là – et ce, tout en poursuivant la réalisation des vases et des outres d’eau.
Un jour d’évidence, j’ai commencé à modeler un boomerang en grès, puis dix, puis vingt… Établissant un niveau du regard, une ponctuation, ils rehaussent le ciel et déterminent un dessus, un dessous. Mes boomerangs ne volent pas. Ils ne sont ni conçus pour voler, ni disposés pour feindre un aérodynamisme illusoire, mais s’inscrivent dans l’espace du mur tel un motif, une crête, un horizon, la mer. »
Joëlle Gay, 2025
Joëlle Gay, artiste, sculpteur, vit et travaille à Montpellier en tant que professeur de volume/installation à l’École des Beaux-Arts de Montpellier. MO.CO. Depuis 1989. Son intérêt pour la dimension anthropologique et artisanale de la praxis se manifeste tant dans sa pratique d’artiste que dans son enseignement.
De 1984 à 2000, cet intérêt se traduit par son implication dans deux collectifs, l’un artistique A.C.A.L. et l’autre scientifique Clair de terre (Association d’ethnologues et d’artistes).
Ses expositions à partir de l’exposition Stanza en 2016 à la galerie Aperto, marquent une étape décisive dans son travail et ses préoccupations, liées à la fois à sa vision de l’espace scénique ainsi qu’à l’élaboration continue d’un vocabulaire lié à l’objet sculptural.
Ses inspirations viennent aussi de l’intérêt de ses recherches pour les questions liées au corps en scène, le corps performatif la rapprochant du champ de la danse, du cinéma et du théâtre expérimental. Cela se met en œuvre par trois actions concrètes :
La fondation du collectif d’artistes DHS (DeHorSéries) de 2003 à 2014 avec Claude Sarthou, Rachid Sayet, Patrick Saytour, Annie Tolleter, Cédric Torne.
Des interventions dans le cadre d’EXERCE, formation pour danseurs professionnels au Centre Chorégraphique National Languedoc Roussillon, où elle intervient en tant qu’artiste sous la proposition des chorégraphes Mathilde Monnier et Emmanuelle Huynh.
Enfin au sein de son enseignement, de 2008 à 2018, par la création du programme de recherche Du périmètre scénique en art : re/penser la skéné dont elle est responsable et membre fondateur.
Depuis 2019, ses intérêts pour le vivant s’actualisent par la création d’un nouveau groupe de recherche avec sept autres enseignants artistes et philosophe, Le Champ du vivant qui propose un espace de réflexions et d’actions autour de la question de la biodiversité et du vivant.
Galerie AL/MA, 5 rue du Plan du Palais 34000 Montpellier Tél : 0951302701 – 0663271563
Du mercredi au samedi de 14h30 à 18h30
- Sculpture
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