Galerie 66

Il y a chez cet artiste un goût pour les matériaux pauvres, bruts, qu’il explore dans une grande épure, comme s’il cherchait à en révéler leur vérité première, leur essence. Matériaux ou médium, il va décliner, démultiplier les possibles, enrichir les propositions par son approche pluridisciplinaire. Reprises et variations d’un thème, sédimentations de matériaux divers, un parcours sans fin se trame d’oeuvre en oeuvre et dans le temps… 

Ses expositions sont des labyrinthes poétiques. 

Après une première exposition en janvier 2024 avec le graveur et plasticien Emmanuel GATTI (avec qui, il poursuit le projet commun ‘GRAPHÈ, des leçons de ténèbres’) Inna MAAÍMURA revient à la galerie 66 avec une exposition solo. 

Le plasticien expérimente les formes, les matériaux, les situations et les collaborations et ne se fixe aucun médium, ne se limite pas à une technique ou un matériau de prédilection, il apprécie au contraire la variation, la multiplicité des recherches, des voies, il s’aventure, il teste et revient sans cesse à ses propres expériences cherchant le renouvellement du potentiel poétique que peut par exemple porter une matière, un lieu… 

Il s’agit sans doute de percevoir la rêverie contenue ou suggérée par telle ou telle matière, forme ou situation ; le concret appelle une pensée ou une projection poétique et n’est en cela jamais dénuée de notre propre investissement psychique porté sur les choses. Ce retour à cette surface profonde du réel marque certainement le désir plastique présenté ici avec ces « replis ». 

Des gravures simples, élémentaires, à la marge de la gravure, des dessins ou des peintures ou des petits volumes se placent en regard les uns les autres, en tension : du passage du métal rouillé à son impression gravée sur le papier, des formes, en elles-mêmes matrice et motifs des impressions aux dessins ou à l’utilisation directe des matériaux ; on ressent la remise en circulation, voire mise et abyme des différentes propositions. 

Le va-et-vient entre les oeuvres déploie un espace de jeu, on y glisse sur une surface où se déploie le pli d’une rêverie intérieure, matière dont est fait le plissement de notre mémoire poétique, à la fois trace et archive véritables de notre effacement.