Musée Matisse

Le Musée Matisse Nice et le Baltimore Museum of Art coorganisent une exposition consacrée au Chemin de Croix réalisé par Henri Matisse pour la chapelle du Rosaire à Vence.

Cette exposition, qui se déroulera en deux étapes – à Nice et à Baltimore –, a pour ambition d’explorer la genèse de cette œuvre murale singulière et d’améliorer notre compréhension de celle-ci. 

Si la littérature existante sur la chapelle du Rosaire est relativement conséquente, peu d’études scientifiques s’attardent en revanche sur son Chemin de Croix. On peut le comprendre, puisque Matisse a conçu sa chapelle comme une œuvre d’art totale, comme un ensemble dont rien ne peut être appréhendé séparément. Cependant, il est étonnant que de nombreuses pages aient été consacrées aux vitraux, et très peu à cet imposant panneau de céramique.

Trois ensembles de dessins constituent le noyau de cette exposition – ceux du Musée Matisse Nice, ceux de la collection de la chapelle du Rosaire et ceux de collections particulières –, auxquels s’ajouteront de nombreux éléments d’archive documentant l’évolution du projet depuis les premières ébauches jusqu’à sa réalisation finale.

Sous la direction d’Aymeric Jeudy, directeur du Musée Matisse Nice, et d’Asma Naeem, directrice Dorothy Wagner Wallis du Baltimore Museum of Art

Commissariat : Yve-Alain Bois, professeur émérite, Institute for Advanced Study, Princeton, États-Unis ; assisté par Alix Agret, historienne de l’art et chercheuse

Conférence d’YVE-ALAIN BOIS

Jeudi 2 octobre 2025 à 18:00 – Auditorium du musée Matisse

Conférence animée par le commissaire de l’exposition « Henri Matisse. Chemin de Croix – Dessiner la Passion », Yve-Alain Bois

Matisse a conçu la Chapelle du Rosaire comme une « œuvre d’art totale », pensée dans ses moindres détails – jusqu’à la pierre choisie pour l’autel (parce qu’elle ressemblait à du pain), ou aux chasubles colorées des prêtres contrastant avec le costume noir et blanc des sœurs dominicaines, ou encore au motif géométrique que dessinent les tuiles émaillées bleues et blanches sur le toit. Et c’est d’ailleurs ainsi, en tant qu’ensemble indissociable, qu’elle a été perçue depuis toujours par ses admirateurs, et ce, avec raison.

Pourquoi donc ne vouloir se concentrer que sur un seul de ses éléments, le Chemin de croix, à savoir l’un des trois panneaux en céramique qui ornent ses murs et sur lesquels se reflètent les couleurs chatoyantes de ses vitraux ? Parce qu’il est très mal connu, et ce précisément à cause de la beauté même de la chapelle, qui l’éclipse. Parce qu’il tranche non seulement avec le reste de la chapelle mais aussi avec tout l’œuvre de Matisse. 

Parce qu’il a donné beaucoup de mal au peintre, qui a fait pour lui plus de croquis et études préparatoires que pour toute autre composition. Non seulement certains de ces dessins comptent parmi les chefs-d’œuvre graphiques de Matisse, mais leur abondance nous permet de suivre pas à pas la genèse et l’évolution de ce projet mural si étonnant, dont le peintre lui-même pensait que son style « graffiti », comme il disait, allait dérouter ceux qui le verraient.