Précédé d’un dialogue entre Farhad Ostovani,  Jeanne Dorn et Jérôme Thelot

Tout comme la peinture et l’écriture, la miniature et le livre enluminé ont doté la Perse des plus grands raffinements de l’art. Cette croisée de chemins est peut-être l’origine des modes d’expression de Farhad Ostovani, artiste iranien qui, depuis près de cinquante ans, aura emmené avec lui en Occident un rapport différent des éléments de la nature (arbres, fruits, paysages) avec les matériaux des couleurs de la peinture (crayon, pastels, gouaches, huiles) et de leurs supports (papiers, bois, toile).

L’Italie, sa peinture, ses jardins, ses sculptures, ses poètes, auront su conquérir dans le coeur et dans les yeux de cet artiste une place plus grande encore. Nous la trouverons dans le choix de deux séries présentées dans l’exposition : Bacco di Nervi et Primavera.

Le rapport de Farhad Ostovani au livre et à l’édition nous a conduit à l’inviter à Ombres blanches à montrer ses travaux, sans doute pour la première fois, à Toulouse. L’artiste a partagé avec des poètes ses univers dans de nombreux livres, aux tirages souvent modestes, chez des éditeurs engagés tels que William Blake & Cie à Bordeaux, Trames à Rodez, Unes à Nice, et plus encore à L’Atelier contemporain à Strasbourg.

Il faudra venir découvrir ces livres, ses nombreux travaux en compagnie d’Yves Bonnefoy, et bien entendu ce que Farhad a choisi dans son atelier pour que sa peinture éclaire nos journées d’automne.

On gagnera à pénétrer dans les voies diverses et les multiples réalisations de son oeuvre avec pour clef ce nom de « palimpseste » par lequel il détermine une image accomplie, conquise par le travail et sa maturation, et stabilisée dans le sentiment de satisfaction qu’elle donne à son auteur. 

Car cet examen de soi nous apprend une chose tout à fait fondamentale : l’oeuvre qui se fait, qui va selon ses rythmes, qui se diversifie par de multiples motifs peints ou dessinés, et par des techniques et des formats non moins divers, est coextensive à la temporalité de l’existence comme telle, qui n’est pas moins variée ni moins différenciée. 

De telle sorte que l’activité créatrice et l’existence personnelle de cet artiste ne sont en rien distinguables, en rien hétérogènes l’une à l’autre. De Farhad Ostovani la vie et l’oeuvre sont, foncièrement, le même : une oeuvre-vie. Jérôme Thélot pour le livre Palimpseste, (Atelier contemporain)

Jérôme Thélot, ancien élève d’Yves Bonnefoy au Collège de France, disciple aussi de René Girard et de Michel Henry, est essayiste et traducteur, et professeur de littérature française à l’Université de Lyon. Ses écrits portent sur la poésie romantique et moderne, sur la philosophie de l’affectivité, et sur les conditions de l’image. 

Il est l’auteur de nombreux essais sur la peinture et sur la photographie et sur leurs liens avec la littérature, essais publiés par les PUF, par l’Atelier contemporain, Manucius, etc. Il est aussi éditeur des œuvres de Bonnefoy dans La Pleiade. 

Il accompagne le travail de Farhad Ostovani depuis longtemps par des livres et des catalogues d’exposition.

Farhad Ostovani est né dans le nord de l’Iran, à Lahijan, en 1950. Il entre en 1970 aux Beaux-Arts de Téhéran avant d’intégrer l’École des Beaux-Arts de Paris cinq ans plus tard, après sa première exposition en 1973 à l’Institut Français de Téhéran. En 1994, il se lie d’amitié avec Yves Bonnefoy et Bernard Blatter et s’intéresse aux éditions.

L’amitié partagée avec Bonnefo y ouvre à de nombreuses réalisations pour l’édition. Farhad Ostovani voyage, expose, dans le monde entier. La liste des lieux qui ont accueilli sa peinture est aussi impressionnante que celle de ses publications, ou celle des livres qui lui sont consacrés. 

La librairie Ombres blanches est heureuse d’associer son nom à cette liste. Un livret accompagnant l’exposition, textes, documents, reproductions, sera disponible à partir du 25 octobre.