La peinture d’Anne-Marie Sanchez est vivante, physique;elle a de la matière.

La vie se trouve dans ses toiles, avec son obscur et sa lumière,

ses souffles, ses pulsations, ses heurts.

Elle s’y étale dans ses errances douces, incertaines,dans son énigme indicible.

L’ignorance aussi y a sa place, tranquille, maladroite et naïve.

Une peinture vivante, car elle met en évidence l’aléatoire,l’improbable, mais aussi l’accumulation de traces,le côté obstiné et besogneux de la vie.

C’est une peinture au travail, qui cherche et fouille dans la glaise.

Sur la toile, nous voyons les traces du chantier,travail de site archéologique.

Nous non plus, nous ne saisissons pas grand-chose, mais qu’importe.

Ces fragments, ces traces laissées dans le temps palimpseste ne montrent ni ne cachent;elles indiquent.

Patrick Chamoiseau a su les désigner ainsi :

La matière de l’absence.

De même, de ces toiles diverses, émerge une cohérence picturale, une écriture singulière qui s’impose et nous arrête.