Esthétique du Quotidien – Vendémiaires 2025
Du 27 septembre au 4 octobre 2025 – Vernissage samedi 27 septembre à 18h
Et si le banal avait quelque chose à nous dire ?
Pour la 39ème édition, l’exposition « Esthétique du Quotidien », organisée par l’Association Les Vendémiaires, réunit quatre artistes plasticiens qui explorent le pouvoir évocateur de l’ordinaire.
À travers des pratiques singulières — sculpture de rebuts urbains, dépigmentation photographique, peinture de l’intime ou archéologie du fragment — Océane Haye, Aline Isoard, Camille Mélis et Bastien Vittori composent un regard renouvelé sur ce qui nous entoure chaque jour.
Dans la lignée des Nouveaux Réalistes que Pierre Restany décrivait comme des observateurs critiques du réel, ces artistes nous invitent à regarder autrement les matières, les gestes et les images qui peuplent notre quotidien : non plus comme de simples décors, mais comme des révélateurs de notre rapport au monde.
Une exposition sensible et engagée, qui interroge notre manière d’habiter l’espace, de percevoir nos trajets, nos objets, nos souvenirs. Car derrière l’ordinaire se cache toujours une part de poésie, de fiction ou de résistance.
Océane HAYE
Artiste plasticienne, Vit et travaille à Paris
Océane est une artiste plasticienne engagée. Son travail questionne des enjeux majeurs tels que la fast fashion, la pollution plastique, ou encore l’impact du secteur du bâtiment.
Dans sa pratique, elle s’intéresse aux espaces urbains mais plus particulièrement à ceux que l’on traverse sans y prêter attention : les chantiers, les supermarchés, la rue. Ces espaces sont pour elle à la fois une source d’inspiration essentielle et le terrain où elle puise ses matières premières, récoltées au fil des rebuts urbains.
Son travail consiste à exploiter le potentiel plastique et poétique de ce qui est rejeté et insignifiant, les matières délaissées. Elle y prélève la matière du quotidien tel que les matériaux de chantier, papiers froissés, plastiques jetés. Elle ne cherche pas à les sublimer, mais à les révéler. Elle explore la matière telle qu’elle existe déjà dans le monde urbain : brute, naturelle, non transformée.
Par des techniques d’assemblages, de compressions, d’emprisonnements ou d’enchevêtrements de rebuts, elle les métamorphose en sculptures poétiques. Sa pratique s’ancre dans ce parti pris radical, par des interventions minimes sur la matière afin ne pas la dénaturer. Ce qu’elle souhaite proposer pour cette exposition n’est pas une tentative d’embellir le quotidien mais de le révéler. Révéler ce qui est là, sous nos yeux, tous les jours. En montrant des éléments si proches de nous, Océane nous mène à une forme d’introspection collective : qu’est-ce que nos espaces disent de nous ? De notre rapport au monde ?
– Œuvre présentée en pièce jointe :
« Super Jackpot » (2025) – Tissage de jeux de grattages sur toile – 61,5 x 50 cm
Aline ISOARD
Artiste plasticienne, Vit et travaille en Bourgogne
Parmi les photographies que je prends depuis la place du passager en voiture, j’ai sélectionné des images qui suggèrent un trajet du silence de la campagne aux bruits en ville. Au-delà des vitres et du pare-brise, les paysages nous accueillent, les ponts cadrent, les reflets et les miroirs des rétroviseurs introduisent le hors-champ, et les parties de corps laissent apercevoir l’identité des autres utilisateurs de la route. Bien que familiers et ordinaires, ces instants photographiques s’ouvrent à l’imaginaire de chacun et jouent à cache-cache avec les émotions.
Nous sommes des consommateurs d’images sur route, nombreux à ne pas pouvoir se passer de voitures. Dans mon enfance et mon adolescence, j’ai vécu dans un village isolé des Alpes de Haute Provence. Au fil des ans, tous les déplacements journaliers ont formé ma façon de voir.
Je reste fascinée par la multitude d’images que nous croisons sans regarder, dans la routine même du trajet quotidien. J’aime troubler, faire douter, jouer avec les espaces, montrer du figuratif pour atteindre l’abstrait. Mon travail de plasticienne se décline sans ajout, sans collage, sans trucage. Sur l’épreuve numérique imprimée,
je retire lentement à la main l’encre pigmentaire. Avec mes outils, je retrouve le blanc du papier d’origine, et le pigment me laisse inventer des illusions. Par ce processus que je nomme dépigmentation photographique, s’équilibrent l’image de base et l’image restituée, et dévoile une nouvelle image unique.
– Œuvre présentée en pièce jointe :
« Habitants sur route 2 » (2019) – Photographie et dépigmentation par grattage – 90 x 90 cm
Camille MÉLIS
Artiste plasticienne, Vit et travaille entre Paris et Béziers
Mon travail s’ancre dans une exploration du quotidien, de l’intime et de l’ordinaire, à travers une approche figurative. La maison, symbole du refuge, du familier et du modeste, y occupe une place centrale dans mon univers plastique.
Je puise mes images dans la culture visuelle contemporaine – art, médias, souvenirs personnels – pour les réinterpréter et questionner la manière dont nous regardons les images. Dans un monde saturé de représentations, je considère chaque image rencontrée comme une matière première à transformer.
Ma pratique artistique mêle peinture, dessin et installation avec un intérêt particulier pour les sujets anodins, longtemps jugés indignes d’être représentés.
Ce choix permet une réflexion sur la hiérarchie des genres. Je m’intéresse à la manière dont le quotidien peut devenir matière à fiction, et comment les images issues de notre environnement – qu’elles soient personnelles, populaires ou issues de l’histoire de l’art – peuvent faire émerger de nouveaux récits. Je joue des écarts entre l’image source et sa réinterprétation ouvrant un espace narratif où se mêlent fictions, souvenirs et nouvelles réalités.
– Œuvre présentée en pièce jointe :
« Carnaval avec Batman » (2023) – Huile sur toile – 100 x 65 cm
Bastien VITTORI
Artiste plasticien, Vit et travaille à Paris
L’écrin s’affaisse, sous son propre poids
Notre mémoire sédimentée resurgit parfois, morcelée, digérée
Entre mes mains, mes gestes, mes peurs
La vie n’apparaît qu’à l’instant de son effritement.
Dans les anfractuosités de la craie rompue
Dans les pliures d’un mouchoir sale
Dans les reflets de poubelles et leur érotisme
Dans la chair de cristal de celle qui disparaît
Dans les débris érodés et couverts de crasse
Dans les images oubliées
Elle ne disparaît pas, elle s’altère. Autre pour elle-même, je l’accueille dans un regard de stupéfaction. Nos vies se délitent, notre toucher est poussière.
Une esthétique du quotidien, une attention au détail, une emprise délicate sur ce qui nous entoure. Peut-on saisir le monde sans le tuer ?
Ma pratique artistique repose sur cette interrogation, sur des liens à tisser entre les micro-fluctuations d’un souffle qui affleure chaque jour. Des images surviennent et il faut alors les dessiner, les raconter à soi-même d’abord, puis aux autres.
L’expérience du vivant se partage, se reçoit, se transmet.
– Œuvre présentée en pièce jointe :
Série « Creuser » (2024) – Fusain sur papier – 150 x 100 cm
Salle Jan Bonal : 60 Montée de Pourols 34270 Saint-Mathieu-de-Tréviers
Du lundi au dimanche 9h-12h et 14h-18h
- Arts Plastiques
- - Publié le