Cet ailleurs roussillonnais, c’est un peu de l’histoire de Denis Ribas qui a quitté sa terre catalane pour découvrir le monde avec, comme madeleine de Proust, un bout de Roussillon.

Sa fascination pour la nouveauté, son esprit aventureux l’ont amené à poser son chevalet dans bien des paysages. Car Denis Ribas est avant tout un artiste qui travaille en extérieur et en pleine nature. Il a besoin de sentir le vent s’engouffrer par les narines et lui emplir les poumons.

Que tombe la pluie dans un vacarme assourdissant et ruisselle le long des troncs d’arbres massifs pour finir en un scintillement ondulant sur l’herbe grasse. Et ce soleil qui pète la rétine dans une explosion de couleurs protéiformes ! Les deux pieds dans la terre, il est plus vivant que jamais, empli des choses qui l’entourent, et cette furieuse envie de nous les faire partager.

Denis Ribas est un fauve, la couleur, son royaume. Chez lui, la nature se plie aux exigences de l’impression du moment. Les paysages sculptés à grands coups de brosses s’animent par touches épaisses, vibrantes et colorées pour donner du corps à la composition. 

Couleurs, matières, effets de contrastes, tout y est excessif, à l’image de cet artiste volubile et passionné qui cherche avant tout à susciter l’émotion. Pas de message ampoulé, pas de concept abstrait tiré par les cheveux, mais juste l’envie de célébrer son appétit de vivre, transcrire sur une toile la joie d’être là, de sentir, de voir, de toucher du doigt ce qui est important. 

Une façon animale d’appréhender le monde pour se débarrasser du vernis civilisé et n’être plus qu’un homme face aux éléments. La nature comme un refuge, la couleur comme une arme contre la morosité, la peinture comme un don de soi.

Cet artiste-là n’est pas un nostalgique mais il garde en lui la mémoire des choses qui l’ont marqué. Une odeur, un ressenti, une image, toutes ses sensations qui façonnent un être se retrouvent sur la toile. 

Cet ailleurs roussillonnais nous parle de cela, d’une jeunesse à arpenter les sentiers catalans, à humer l’air empli des senteurs de la garrigue, ébloui de soleil et de ciel azur, de cette lumière particulière à la transparence cristalline façonnée par la tramontane, rafale après rafale.

Et le Canigou, bleu au matin, rose au soir, continue et continuera à nourrir l’imaginaire de tout un peuple. Malgré le temps qui a passé, malgré la distance et les voyages, Denis Ribas n’échappe pas à tout cela. Quel que soit le pays, quelque soit le paysage, il y retrouve une part de Roussillon.