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Daniel Firman – Le Juste Au Corps

Du 29 mars au 23 juin 2024 – Vernissage vendredi 29 mars à partir de 18h30

Daniel Firman n’aime rien tant que dérouter, subvertir, interroger et surprendre pour provoquer un trouble, même éphémère. Avec l’exposition Le Juste Au Corps, sorte de rétrospective, Daniel Firman confirme son impact dans le monde contemporain et sa place d’artiste reconnu sur la scène internationale.

À travers le titre de l’exposition, l’artiste réaffirme avec un brin d’humour les liens étroits que ses sculptures ont avec la danse (et plus largement avec le corps en mouvement), et combien cette dernière marque durablement, par des influences choisies, sa démarche artistique et ses concepts majeurs que l’on peut retrouver dans les séries Attitude, Gestes dansés (Duo), ou encore Saisir l’impossible. 

Dans ces sculptures qui captent le mouvement, on peut voir l’héritage et l’influence de grands noms de la danse du début du XXe siècle comme Martha Graham, Isadora Duncan, ou encore des citations plus marquées envers le travail de Rudolf Laban ou Steve Paxton à qui il emprunte des concepts et principes fondamentaux comme la kinésphère ou le contact improvisation.

L’objet occupe également une place prédominante dans l’art de Daniel Firman. Souvent récupéré, il fonctionne selon un esprit d’accumulation et d’agglomération (série Gathering). Ce sont des chaises, des bidons en plastique, des balais ou encore des pneus qui proposent de revisiter l’histoire moderne de la sculpture d’assemblage. Là, couleurs, matériaux et formes s’articulent entre eux pour évoquer l’image d’une société contemporaine désespérément consumériste. 

D’autres fois, l’objet est détourné dans la démarche désormais devenue classique du ready-made duchampien mais en y ajoutant toutefois une empreinte humaine, dans la rencontre avec les matériaux, qui déforme, écrase, modifie comme on peut le constater dans les oeuvres Up / Down et Dry / Wash.

Ainsi, en basculant la sculpture de son piédestal, Daniel Firman bouscule les règles établies et nos a priori en la matière, pour proposer sa vision de l’Art. Entre prouesse technique, poésie spatiale et interpellation écologique, voilà autant de clés de compréhension d’une oeuvre inclassable et protéiforme qui déjoue les lois de la gravité, s’apparente parfois à l’imitation et au trompe-l’oeil, et s’appréhende dans une démarche cinétique, où le mouvement, dans et autour de l’objet, reste toujours au coeur de la démarche artistique.

Sébastien Gonzalez, Curateur de l’exposition

Directeur des Affaires Culturelles et du Patrimoine de la Ville de Pamiers

La toute première sculpture de Daniel Firman, réalisée à partir du moulage de son propre corps, était à l’origine une performance où l’artiste accumulait et supportait un grand nombre d’objets agglomérés en tas sur lui. Puis cette performance a été prolongée par une série de sculptures qui en gardent aujourd’hui le souvenir. Il est en effet récurrent que les sculptures de Daniel Firman surviennent à la suite d’un geste, d’un processus ou d’une performance.

La série Gathering prend également origine dans un texte de Rudolf Laban, danseur hongrois du début du XXe siècle, qui a notamment théorisé un système d’écriture pour le mouvement dont deux principes archaïques : le “scattering” (l’éparpillement) et le “gathering” (le rassemblement). 

Deux principes gestuels que nous accomplissons depuis la nuit des temps ; les deux gestes étant connectés à la respiration, à la danse et à la relation que le corps entretient avec son environnement immédiat. À travers les sculptures de la série des Mini Gathering, Daniel Firman manipule les objets et les combine afin de les agencer les uns avec les autres. Le corps agit alors comme un magnet en attirant les objets à lui, ces derniers devenant alors de nouveaux membres, comme des excroissances incongrues et étranges.

L’accumulation des différents artefacts présents dans l’oeuvre véhicule une dimension de désordre, voire de chaos, même si, paradoxalement, un certain ordre reste suggéré par la figure “porteuse” qui tente de supporter et contenir les objets. On peut d’ailleurs voir dans ces sculptures une réflexion sur la société de consommation et ses dérives actuelles.

La série Attitude prend son inspiration dans le milieu de la danse et dans ce que les danseurs appellent le “contact improvisation”, danse théorisée par le chorégraphe américain Steve Paxton, dans les années 70. Le but pour le danseur est de définir un contact avec un plan architectural ou avec un vêtement. 

Les sculptures présentent un corps figé dans une pose ordinaire, un mouvement capté en un instant, comme dans un arrêt sur image. L’idée d’habiller ensuite les moulages des corps participe à créer une image en rupture avec les portraits en pieds “classiques” pour en reverser les codes : absence de visage, utilisation de véritables vêtements et accessoires. 

On peut voir dans ces personnages une filiation avec la sculpture hyperréaliste américaine de la fin des années 60 qui cherchait déjà à créer un trouble entre le vivant et l’inanimé.

L’oeuvre Duo (qui appartient à la série Gestes dansés) met en scène plusieurs corps figés dans leur mouvement, parfois en contact les uns avec les autres.

En y regardant de plus près, il y a en fait six duos qui ont été créés les uns après les autres, puis, à la manière d’un cadavre exquis, présentés simultanément à la vue. Pour ce projet, Daniel Firman a demandé à sept différents danseurs de réaliser six duos successifs. Le premier danseur entre en piste, prend une pose. Son corps est moulé sous la forme d’une sculpture pour que le deuxième danseur réalise un nouveau mouvement dans la continuité du premier. 

Et ainsi de suite jusqu’au septième danseur. Le résultat final propose donc une création formellement chaotique par les liens consécutifs qui relient les corps entre eux. Pour autant, cet enchaînement incohérent rejette toute idée d’un quelconque progrès. 

C’est d’ailleurs pour cela que tous les danseurs sont traités au même niveau : habillés uniquement d’un bonnet de bain et de sous-vêtements identiques et réalisés dans la même matière en silicone gris. L’unité d’ensemble de la composition étant soulignée par le monochromatisme des sculptures. Une oeuvre singulière donc, qui nous invite à questionner la place de l’individu dans le collectif, les liens qui le relie à ce dernier, mais aussi sa recherche d’émancipation individuelle.

Le Carmel de Pamiers, 5 Place du Mercadal, 09100 Pamiers

Du mardi au vendredi de 14h à 19h. Le samedi : 10h – 12h et 14h – 19h30

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