Artel Galerie

L’anniversaire des 100 ans du 1er Manifeste du Surréalisme a été l’occasion de célébrer l’un des mouvements artistiques le plus important dans l’art moderne et contemporain.

L’exposition « Le Surréalisme d’abord et toujours » que le Centre Pompidou a conçue comme un labyrinthe, a donné à expérimenter la densité d’une cartographie qui loin d’être une expérience visuelle ordinaire, explore les différents chapitres d’un imaginaire où nous nous retrouvons depuis la nuit des temps. En effet, entre chimères et forêts, monstres politiques, Larmes de l’Éros ou Hymnes à la nuit, quel artiste n’est pas une Alice ou un médium aux rêveries délirantes ?

« Célébration Surréaliste », exposition montpelliéraine qui ouvre ses portes le 3 avril à la Galerie Artel au 16 rue Albert Leenhardt, veut à la fois être un hommage et montrer la capacité manifeste de six artistes à entrer en relation avec les principes d’une esthétique transgressive.

Les œuvres de Gil Angelo Gazzoli intègrent l’esthétique surréaliste par le biais   d’éléments inattendus dont les liens des uns avec les autres ouvrent sur un univers apparenté à celui de Hans Bellmer.

Arthur Yang détourne Goya dont le merveilleux et l’inconscient n’ont pas eu besoin de la psychanalyse et des théories freudiennes. A.Yang écrit à son sujet : « Il y a des artistes qui embellissent notre existence. D’autres, en revanche, engendrent une réalité parallèle, parfois tangentielle à notre quotidien, parfois en complète apesanteur (…). Les uns décorent nos existences ; les autres font avancer l’histoire de la culture humaine. Je ne me range pas parmi les décorateurs… »

Le hasard cher aux surréalistes devient pour Christiane Ladoux un allié inconditionnel. Ses trouvailles insolites sont la preuve d’un regard dépourvu de logiciels autres que nos propres capacités à nous surprendre. Avec Christiane, la photographie devient « surréaliste » et résistante à l’industrialisation des images. Sa « consommation » implique la prise en compte de phénomènes extraordinaires, à la portée de l’œil d’une Alice aux Pays des Merveilles.

Personnage prisé des Surréalistes, Alice hante l’œuvre d’Aude Jonquères d’Oriola, intéressée par le rêve éveillé et son automatisme lors de sa propre pratique artistique. Ces mêmes automatismes semblent guider les collages de Micha Cathala, où réalité et fantasmes mêlent humour et dérision tout en s’appuyant sur une iconographie traditionnelle. Micha répond par ses œuvres à la volonté transgressive des Surréalistes. Ici, l’impureté des codes crédite une autre poésie.

L’évasion au-delà de la réalité dans le programme surréaliste prend avec Luis70, le chemin des forêts et du Marronnage :  fuir l’âme du propriétaire qui rend esclave et célébrer au travers de l’œuvre de Wifredo Lam, le potentiel d’une révolution conduite par la désappropriation et la réappropriation des styles.

Avec ce rappel au Surréalisme, propre à toute création artistique, nous l’aurons compris, il s’agit de la revendication permanente de nos droits fondamentaux et de la défense de nos libertés toujours en péril.     

Luis Pannier