Babou – Qui est le poème
Du 5 octobre 2025 au 1er février 2026 – Vernissage mercredi 5 novembre à partir de 17h30
L’exposition Qui est le poème présente une sélection d’œuvres picturales de l’artiste Babou. Né à Villeneuve-sur-Lot, Christian Baboulène, dit Babou, est un des peintres français ayant participé au mouvement de la figuration narrative, dont il se démarquera progressivement.
Très prolifique, il réalisa au cours de sa vie plus de 1700 toiles et dessins. Fils et petit-fils de charpentiers-couvreurs, il exploita abondamment les motifs architecturaux, les éléments de construction, supports d’un travail pictural centré sur l’exploration du jeu chromatique comme source d’interrogation de la peinture même.
L’ambition de ce projet est de confronter la peinture de Babou à l’architecture et la décoration de la chapelle des Carmélites à Toulouse. Le dialogue entre les œuvres accueillies et l’espace d’accueil se tisse autour des motifs de l’ornementation baroque et empreinte à la poésie tout autant qu’à la psychanalyse, si ce ne sont pas deux fois la même chose. Ainsi n’est proposé au visiteur qu’un rapport de suggestion.
Un dispositif lumineux lui permet tout de même d’assister lors de la tombée du jour à un événement plus directement performatif. Les toiles présentées sont issues de la série Dômes, qui occupa Christian Baboulène de 1976 à 1980.
Peindre l’architecture
Des couleurs directes et des lignes pures caractérisent tout particulièrement la peinture de Babou, quel qu’en soit le thème, la série ou l’époque. Pour chaque toile, l’artiste sélectionne une palette de couleurs toujours limitée et donc sobre, utilisée en aplats, en couches épaisses et précises et à partir de laquelle émerge la forme. Ce sont ainsi les couleurs qui dessinent les lignes et marquent rigoureusement les formes.
Si Babou s’est intéressé à plusieurs sujets tout au long de sa carrière artistique, c’est sans aucun doute l’architecture qui prédomine et revient constamment. Accompagnant son père artisan-couvreur sur les toits des maisons en chantier quand il était enfant, il garde tout au long de sa vie une fascination pour les formes architecturales, dont son travail pictural se fait l’analyse des styles et des détails.
De ces expériences pendant l’enfance, il conserve aussi une certaine forme de proximité avec le bâtiment, un point de vue d’égal à égal : c’est depuis l’architecture, qu’il peint l’architecture. Il en extrait la silhouette, s’applique à déceler les lignes les plus discrètes et les formes les plus pures, gommant le contexte alentour. L’architecture se fait monde à part.
Avec ses sujets précis, ses représentations directes et sans artifice, la peinture de Babou s’affilie au médium photographique. L’image apparaît dans une lumière surexposée, directe, sans ombre aucune, provenant non pas de l’extérieur et du soleil, mais du sujet même. Des zooms précisent le cadre et effacent les alentours, l’inessentiel. L’essence et ce qu’il reste, ce sont les formes qui se révèlent par la vibration chromatique de la toile… qui prennent presque le dessus sur le sujet, ce dernier s’effaçant au profit de la rêverie, plus ou moins abstraite.
Les Dômes…
Le peintre reste en effet attaché à son sujet, duquel il saisit les formes, en analyse les contours et en tente des analyses, qui se déclinent en séries, comme autant d’inventaires. Dômes, qui rassemble des peintures réalisées entre 1976 et 1980, est l’une d’entre elles.
Babou s’intéresse ici à ce symbole architectural, sommet urbain et point de repère dans le panorama d’une ville, qu’on voit généralement sans ne plus vraiment regarder. Les œuvres proposent des points de vue inédits, s’attardent sur des détails, pour mettre en évidence l’architecture et faire du regardeur un observateur minutieux.
Si la géométrie de la peinture renvoie aux plans d’architecture, d’autres éléments tels que la sobriété formelle des œuvres, la lumières des teintes, la discrétion des sujets globaux et le rapport inédit à l’espace, créent une bascule du réel vers l’imaginaire ou l’onirique, vers des représentations mentales.
… à la chapelle des Carmélites
Ce sont justement d’autres représentations mentales que figurent les peintures de la chapelle des Carmélites et notamment ses plafonds inspirés de la chapelle Sixtine.
Les Dômes contemporains de Babou s’invitent au cœur de l’ornementation baroque et empreinte à la poésie tout autant qu’à la psychanalyse, si ce ne sont pas deux fois la même chose. De nouveaux dialogues sont instaurés, tels des prémices de conservation que les publics peuvent rejoindre et poursuivre, ou non. L’architecture accueille l’architecture.
Pour faire la proposition de cette mise en relation, les toiles de Babou profitent simplement des caractéristiques spatiales de la chapelle pour s’insérer sans perturber, presque sans obligation. L’accrochage est linéaire et propose le recul nécessaire à l’appréciation des œuvres en situation muséale.
C’est toute l’ambition de cette exposition que de faire cohabiter dans l’espace de la chapelle, riche de ses peintures, de son mobilier et de son atmosphère toute particulière, des œuvres anciennes et in situ, avec des peintures contemporaines, qui proposent une approche tout autre de la figuration et de la narration.
Cette promiscuité inédite est performée par un dispositif lumineux, qui permet, selon la lumière du jour où la tombée de la nuit, de voir les œuvres tandis que les autres disparaissent, et vice-versa.
Biographie de Babou, peintre
Christian Baboulène, dit Babou (1946-2005)
Christian Baboulène est né à Villeneuve-sur-Lot, en Lot-et-Garonne, région Nouvelle-Aquitaine. Il s’installe à Paris en 1971 après des études à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, pour exercer la peinture, et ce de manière particulièrement prolifique puisqu’au cours de sa vie, il réalise plus de 1700 toiles et dessins.
Fils et petit-fils de charpentiers couvreurs, il exploita abondamment les motifs architecturaux, les éléments de construction, supports d’un travail pictural centré sur l’exploration du jeu chromatique comme source d’interrogation de la peinture même. À partir de 1979, il rejoint l’école des Beaux-Arts de Bourges où il enseigne la peinture jusqu’à la fin de sa vie.
Il est d’abord représenté par la Galerie Krief-Raymond pendant vingt ans puis par la Galerie Semiose à Paris. Son travail a été présenté en France et l’international, dans de nombreuses expositions collectives et personnelles, par exemple au Centre Georges Pompidou à Paris (1984), au Centre d’Art Villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer (2004),
de manière rétrospective au musée de Gajac à Villeneuve-sur-Lot (2006), au musée des Beaux-Arts du Mans (2008), au FRAC Méca à Bordeaux (2013). Ses œuvres sont présentes dans des collections privées et publiques, FNAC (Fonds National d’Art Contemporain), FRAC Méca, FMAC de la Ville de Paris, musées de Céret, de Gajac et de Toulon, etc.
Mouvement artistique de la figuration narrative
Les œuvres de Christian Baboulène se rattachent à la figuration narrative, mouvement né dans les années 1960 en opposition à l’Abstraction et au Nouveau réalisme. Pour des peintres comme Babou mais aussi Jacques Monory, Bernard Rancillac, Valerio Adami, Hervé Télémaque… la forme est aussi importante que le sens.
La peinture se veut alors proche du monde, de la société, qu’elle inclut dans ses représentations, s’inspirant aussi bien d’images du quotidien que d’autres formes d’art et de culture tels que la BD, le cinéma, la photographie, la publicité et la presse.
Les œuvres d’art issues de la figuration narrative font donc partie de la société, en sont des outils, souvent critiques ; elles n’existent pas seulement pour et par elles-mêmes. Elles assument en leur sein des images issues de la culture populaire ainsi que des revendications politiques et, ce faisant, transmettent des thématiques autour desquelles elles construisent des récits.
Si Christian Baboulène rencontre de nombreux peintres à son arrivée à Paris dans les années 1970, c’est de manière indépendante et solitaire qu’il travaille, déployant au fil du temps une œuvre picturale et plusieurs séries comme autant de déclinaisons autour des lignes et de l’architecture.
Chapelle des Carmélites, 1 rue de Périgord, 31000 Toulouse
Entrée libre et gratuite de 10h à 19h
- Arts Plastiques
- - Publié le


