Galerie Photon

L’air de rien

Selon le rapport annuel du CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental) publié en octobre 2023, 8 français sur 10 se déclarent inquiets face au changement climatique, révélant l’émergence d’un nouveau trouble : l’écoanxiété.
Cette inquiétude, pourtant grandissante, est souvent minimisée, voire méprisée, par les médias traditionnels.

« En tant que jeune, je suis très inquiète pour l’avenir de notre planète — une inquiétude que j’ai cherché à retranscrire dans mes images. 

L’écoanxiété est un trouble qui touche fortement la jeunesse de ma génération. J’ai donc voulu la mettre en scène, en déformant les codes du réel pour mieux exprimer cet état latent et invisible, en m’appuyant sur des situations caractéristiques de la crise environnementale et de la surconsommation. 

J’ai choisi d’utiliser la couleur pour souligner l’ironie d’une situation pourtant morbide : entre la peur de l’effondrement, l’inaction qui persiste, mais aussi la nécessité de continuer à vivre au sein d’une société toujours en marche. Ma démarche photographique autour de ce sujet a beaucoup évolué au cours de l’année. 

Commencé initialement en studio, le projet s’est déplacé vers l’extérieur, tout en conservant l’usage du flash, afin d’ancrer mes scènes dans des décors réalistes, face à des personnages parfois monstrueux.«

Du théâtre miniature à la critique sociale

Au cœur de sa pratique, la mise en scène tient lieu de signature : Agathe construit ses images comme de véritables miniatures de théâtre visuel. Elle élabore en amont des palettes chromatiques maîtrisées, choisit chaque accessoire et chaque éclairage, afin de donner vie à des univers aussi oniriques qu’ironiques. 

Sa démarche consiste à traiter de thèmes tels que les normes sociales, les comportements intériorisés ou les enjeux sociétaux, en jouant sur le contraste entre la gravité du propos et une apparente légèreté visuelle.

À travers ses séries  Les amants du Déclin  et Not all men but society , exposées respectivement au Synest Festival de septembre 2024 et à la Médiathèque de Calvisson en février 2025, elle invite le spectateur à une prise de conscience avec inventivité. Agathe interroge ainsi notre regard et nos habitudes tout en offrant au spectateur un plaisir esthétique teinté d’humour décalé.

Agathe Baur

Agathe Baur, lauréate du Grand Prix ETPA 2025, s’intéresse particulièrement à la manière dont les normes sociales, souvent intériorisées, façonnent nos comportements et influencent nos gestes du quotidien.

Après un baccalauréat axé sur les sciences sociales et une année en licence d’Histoire Politique accompagnée d’un prépa en Sciences Politiques, elle décide de se consacrer pleinement à la photographie.

Son approche visuelle, reconnaissable par ses compositions colorées et une pointe d’humour décalé, traduit une volonté d’aborder des sujets profonds avec légèreté et inventivité. Agathe conçoit ses photographies comme des miniatures de théâtre visuel ; elle imagine des scènes entièrement fabriquées, où chaque détail compte.