Centre d'arts Lormont

L’exposition de Muriel Rodolosse « Par les yeux de la louve » est construite autour d’un grand tableau linéaire de 17m de long qui rend compte de différentes conceptions que l’humain porte sur l’idée de nature. Cette exposition est voulue comme une aventure, une promenade dans une autre perception du vivant, une vision transformée ici par les yeux de la louve, personnage central de l’œuvre.

C’est à travers son regard que Muriel Rodolosse nous incite à partir d’une plantation artificielle pour nous nous enfoncer peu à peu dans un paysage de forêts et de sous-bois à la frontière du visible vers l’invisible, pour expérimenter la traversée de la grotte et se propulser vers la constellation Lupus. Une aventure où s’expriment dans un même élan la puissance de vie et de mort. Sa peinture est réalisée sous verre acrylique, manière habituelle pour la peintre et qui ne permet aucun repentir.

Après une coupe rase, la plantation est artificielle, le sous-bois labouré est inerte. Dans sa grande peinture Par les yeux de la louve, La traversée de la grotte, Muriel Rodolosse part de ce constat pour peu à peu nous conduire dans la forêt sauvage puis primaire où a été assassinée la louve. En chemin on rencontre la femme louve. 

Elle porte un masque de loup constitué d’un tronc pour la gueule et de deux départs de branche pour les oreilles et d’une robe sur laquelle sont figurées des champignons, des fleurs et des détails sexuels. Sa main gauche exprime la posture archaïque de la souffrance, en référence aux vierges du moyen-âge qui se tenaient la tête penchée car la figuration des pleurs était taboue. 

Alors que sa main droite est connectée avec le cosmos et guide le spectateur dans l’avancée de son expérience sensible. La nature révèle son empathie avec la louve. Le vivant visible et invisible se penche sur elle pour l’accompagner dans son dernier souffle.» La peinture inversée Sur une toile ou un autre support, le.la peintre construit, superpose, refait les formes, le fond pour finir par les détails. 

Avec la technique du fixé sous verre employée par Muriel Rodolosse tout est inversé. Peignant de l’autre côté du support transparent, elle commence par les détails puis les formes pour finir par le fond sans jamais ne pouvoir rectifier son ouvrage. Découverte au Moyen-Orient durant l’Antiquité et en particulier en Iran, cette technique ne s’est jamais développée en Occident. On la retrouve actuellement dans les arts populaires en Afrique ou dans certains arts décoratifs.

Muriel Rodolosse Vit et travaille à Bordeaux et à Paris, elle est représentée par la galerie Gowen à Genève (CH). Elle est vice-présidente du centre d’art contemporain Maison des Arts Georges et Claude Pompidou de Cajarc. 

Après des études à l’Ecole supérieure des beaux-arts et à l’Université Bordeaux Montaigne, elle poursuit ses études à Chicago où elle est accueillie par la Fondation John David Mooney qui lui organise sa première exposition aux Etats-Unis en 1996. Dès lors elle adopte un support emblématique de sa pratique picturale : le verre acrylique et découvre la technique du fixé sous verre qu’elle portera jusqu’à un format monumental. Elle investit par la suite des espaces extérieurs et produit des commandes publiques.

Dans le parc à 20 m de l’exposition, vous pouvez découvrir la commande publique que Muriel Rodolosse a réalisé pour le Château du Bois Fleuri. Inaugurée en 2020, ces 63 peintures pérennes accompagnent la ruine dans son réensauvagement.